APPEL A L’UNION ISLAMIQUEComme nous l'avons souligné dès le début, la création de l'Union islamique profitera aux musulmans et aux non-musulmans tout autant, et devra être une structure juste, démocratique et progressiste. Après sa formation, les autres civilisations, notamment l'occident, pourront traiter avec une entité stable et fiable avec laquelle ils auront des relations cordiales et pacifiques. Comme l'Union islamique aura pour tâche de prévenir et traiter l'émergence d'éléments radicaux se réclamant de l'Islam, l'occident sera débarrassé de ses craintes à ce sujet. L'un des signes qui permettent de prédire son avènement est que la nécessité de la créer est reconnue par l'occident lui-même. On a constaté l'absence d'un pouvoir central sur l'ancien territoire Ottoman et l'idée d'établir un système similaire pour résoudre le problème fait son chemin. Comme le montre l'histoire, l'Empire Ottoman a apporté paix et stabilité à cette région. En se fondant sur ce succès, le fait d'appliquer le modèle Ottoman à cette région agitée permettra de remédier à ces maux actuels et de calmer les turbulences. Par exemple, dans son article intitulé "Un monde toujours hanté par le fantôme Ottoman", (A World Still Haunted by Ottoman Ghosts) paru dans The New York Times (9 mars 2003), David Fromkin commence par dire qu' "un fantôme hante les Etats-Unis. C'est le spectre de l'Empire Ottoman". Il poursuit en disant : Aujourd'hui, les esprits les plus ambitieux de l'administration Bush proposent non seulement d'envahir l'Iraq, mais d'en faire un tremplin pour transformer le Moyen-Orient arabe. Ce n'est pas une idée nouvelle car il y a quelques décennies, des pays européens, la Grande-Bretagne et la France, ont eux aussi envisagé le même projet. Sortis victorieux de la première guerre mondiale, ils ont redessiné la carte du et l'Iraq est l'un des Etats artificiels nés de cette réorganisation. Après la première guerre mondiale, la Grande-Bretagne et la France, vainqueurs de l'Empire Ottoman, étendirent en effet leur contrôle sur les pays arabes, avec en prime une perspective séduisante, celle d'y trouver d'importants gisements de pétrole. Les Européens et leurs partenaires économiques américains espéraient établir des régimes stables et amis. Après avoir redessiné les frontières au début des années 1920, la Grande-Bretagne et la France ont introduit un système étatique et cherché à leur fournir une orientation politique. Mais ce système ne perdura pas, au contraire la région devint de plus en plus agitée et turbulente. Quand on regarde les choses avec un peu de recul, il est clair que bien des caractéristiques du Moyen-Orient, dont certaines que le Président Bush voudrait bien changer, ont été façonnées par les cinq siècles qu'a duré la domination Ottomane.56 Le journaliste anglais Timothy Garton Ash a exprimé un point de vue similaire dans un article publié dans The Guardian. Ash, à propos des problèmes des Albanais au Kosovo et des Kurdes au nord de l'Iraq, dit: "dans les deux cas, nous sommes toujours aux prises, presque un siècle plus tard, avec l'héritage de l'Empire Ottoman." et il conclut: Regardons les choses en face : quand cette guerre sanglante s'achèvera, nous serons comme en 1918, confrontés à un certain nombre de ces mêmes questions auxquelles nos aïeux ont dû se confronter, aux mêmes endroits, des Balkans au Moyen-Orient. Et nous n'avons toujours pas trouvé les réponses. Parfois, je me dis qu'il faudrait réinventer l'Empire Ottoman.57 Il est évident qu'à une époque où même l'occident se demande comment créer un nouvel Empire Ottoman, les musulmans doivent se pencher avec attention sur ce projet. L'évolution constatée depuis le début du 15ème siècle de l'hégire montre que les musulmans sont à un tournant de leur histoire et nous devons tous faire en sorte d'être à la hauteur de cette responsabilité.
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