Le Masnavi et le Coran



C’était en réalité Moi-même qui te tirais vers Moi et libérais tes pieds.

Ta crainte et ton amour sont le lacet pour saisir Ma grâce :

En réponse à chacun de tes "Ô Seigneur", il y a maint "Me voici" de Moi." [18]

Ce vers exprime que le fait même de ressentir de la douleur mêlée d’amour et de prier est un signe de la proximité de Dieu, et que le fait même de prier est en soi une réponse. Se trouve ici évoqué un point très profond au sujet de la prière qui ne doit pas seulement être considérée comme un moyen, mais est aussi un but en elle-même. Cette réalité rejoint plusieurs versets du Coran, liant la prière à une attention de Dieu (25:77) ainsi qu’à l’existence d’une proximité intense entre Dieu et l’homme : "Et quand Mes serviteurs t’interrogent sur Moi… alors Je suis tout proche : Je réponds à l’appel de celui qui Me prie quand il Me prie." (2:186).

A l’inverse, ne pas pouvoir se confier à Dieu est assimilé à la pire des pauvretés. Mowlavi veut ici transformer les regards et nous faire comprendre à quel point nos conceptions communes de la pauvreté et de la richesse sont éloignées de leur signification réelle :

"Dieu a donné à Pharaon des centaines de biens et de richesses,

De sorte qu’il prétendait à la puissance et à la majesté.

Durant toute sa vie, cet homme pervers n’éprouva aucune peine

Qui lui eût permis de se lamenter vers Dieu.

Dieu lui octroya l’empire de ce monde, mais Il ne lui donna pas la douleur, la souffrance et le chagrin.



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