Le Masnavi et le CoranLe véritable lion est celui qui se vainc lui-même." [9] Le dernier vers est une allusion à un hadith, selon lequel le prophète Mohammad passait un jour à côté d’un groupe de jeunes en train de faire un concours de lancer de pierres pour savoir qui était le plus fort. Mohammad leur proposa d’être leur arbitre, et dit : "Voulez-vous que je vous dise qui est le plus fort ? Le plus fort d’entre vous est celui qui à l’occasion de commettre un péché et qui, en luttant contre ses penchants, réussit à ne pas le commettre." Ce hadith est une illustration d’une autre parole du Prophète, selon laquelle la guerre défensive contre l’ennemi est qualifiée de "petit jihâd", tandis que la lutte contre ses passions est le grand jihâd, l’effort continuel sur soi visant à dominer ses passions, et auquel doit s’atteler l’ensemble des croyants. La vision de l’homme
La vision de l’homme selon le Masnavi reprend celle du Coran, selon lequel ce dernier a été créé "dans la forme la plus parfaite." (95.4), pour être ensuite "ramené au niveau le plus bas" (95:5). Rassemblant en lui à la fois une nature divine et une dimension animale, l’homme a été créé libre de forger son destin. Il peut donc devenir un être plus bas que les animaux : "Ils ont des cœurs, mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n’entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore." (7:179), ou au contraire un être devant lequel les anges se prosternent : "Nous vous avons créés, puis Nous vous avons donné une forme, ensuite Nous avons dit aux Anges : “Prosternez-vous devant Adam.†Ils se prosternèrent." (7:11). Mowlavi reprend la même idée en évoquant les possibilités infinies d’élévation spirituelle de l’homme : "Au début, l’homme est esclave du sommeil et de la nourriture ; Finalement, il est plus élevé que les anges." [10] Mi-ange, mi-animal, l’homme possède deux aspects ; le premier devant dominer et mettre à son service le second : "Une moitié est angélique, et l’autre moitié est pareille à l’âne. La moitié âne, en vérité, tend vers ce qui est bas ; l’autre moitié penche vers ce qui est rationnel." [11] Le haut statut de l’homme vient de son esprit, réalité insufflée en lui par Dieu qui fait sa véritable valeur et lui permet de s’élever vers son Créateur : "Le blanc de ton œil pèse deux dirhams ; la lumière de son esprit
|