La rencontre de Mûsâ (as) et de Khidhr (as) selon le Coran et les hadiths



Selon le compte de l’ouvrage Al-Mu‛jam al-Mufihris, le mot « Mûsâ Â» apparaît 136 fois dans le Coran et dans tous ces cas, il désigne bien le Mûsâ ibn ‘Imrân (as) que l’on connaît. Il est donc naturel que dans l’épisode qui nous occupe, ce soit également le cas. Car s’il s’agissait de quelqu’un d’autre, cela nécessiterait absolument un indice pour en attester. Par conséquent, il n’y a pas de doute que nous avons bien affaire dans ces versets, au célèbre Mûsâ ibn ‘Imrân (as), le prophète ûlû al-‘azm, bien que certains exégètes émettent la possibilité qu’il puisse s’agir d’un autre Mûsâ. Cette possibilité provient d’ailleurs davantage du fait qu’ils ne parviennent pas à élucider une partie des difficultés présentes dans ce récit, et qu’ils se trouvent en conséquence dans l’obligation d’imaginer un autre Mûsâ, alors même qu’à chaque fois que le Coran parle de Mûsâ, il s’agit bien de Mûsâ ibn ‘Imrân (as). L’exégèse qui s’attache à l’identité d’un autre Mûsâ fait mention de Mûsâ ibn Hishâm ibn Yûsuf, l’un des prophètes des Banî Isrâ’îl (5) (as), mais si l’on considère le prérequis mentionné, cette thèse est donc incorrecte. ‘Allâmeh Tabâtabâ’î écrit : « Le Mûsâ dont le nom est cité dans ce récit est bien Mûsâ ibn ‘Imrân (as), l’illustre Envoyé de Dieu le Très-Haut, qui selon les hadiths, tant issus des chaînes de transmission shiites que sunnites, est l’un des prophètes ûlû al-‘azm, et disposant d’une loi. Â» Certains prétendent également que : « Ce Mûsâ n’est pas Mûsâ ibn ‘Imrân (as), mais l’un des petits-fils de Yûsuf ibn Ya‛qûb (as), son nom est Mûsâ ibn Mîshâ ibn Yûsuf. Il compte parmi les prophètes des Banî Isrâ’îl (as). Â» Cependant, cette éventualité est invalidée par un point important : le noble Coran cite le nom « Mûsâ Â» plus de cent trente fois, et dans la totalité des cas il s’agit de Mûsâ ibn ‘Imrân ; or, si dans ce cas précis il ne s’agissait pas de Mûsâ ibn ‘Imrân, il est évident que le Livre aurait fourni un indice pour éviter que le lecteur soit induit en erreur.

Le jeune homme qui accompagne Mûsâ

L’objet du mot fatâh / فتاه, selon les dires de la plupart des exégètes, comme selon la majorité des hadiths, est Yûsha‛ ibn Nûn (as), un homme de la tribu des Banî Isrâ’îl, doué de vaillance et de foi. Le fait qu’il soit appelé fatî / فتي (jeune) est probablement dû à ces qualités éminentes, et/ou en raison du fait qu’il soit au service de Mûsâ (as) et qu’il l’accompagne. ‘Allâmeh Tabâtabâ’î nous informe : « Au sujet de ce jeune qui se trouve avec Mûsâ (as), certains ont dit qu’il s’agit de son wasî (6) , Yûsha‛ ibn Nûn (as), ce qui est confirmé par les hadiths. Â» Certains ont également dit : « Pour cette raison, il a été nommé fatî / فتي (jeune) parce qu’il l’accompagne en voyage comme à la maison, et/ou pour le motif qu’il se trouve continuellement à son service. Â»

L’objet du « confluent des deux mers Â» 

Le « confluent des deux mers Â» nous indique un lieu où deux mers se rejoignent. Les exégètes cherchent à savoir de quelles mers il s’agit, et il existe trois hypothèses à ce sujet :

1- Il s’agit du lieu où se rejoignent le golfe de ‘Aqaba et le golfe de Suez (nous savons que la mer Rouge se divise au nord par deux bras de mer, l’un allant vers le nord-est et l’autre vers le nord-ouest. Le premier bras forme le golfe de ‘Aqaba et le second le golfe de Suez. Ces deux golfes se rejoignent au sud et s’unissent à la mer Rouge (7) . Le fait qu’il s’agisse de la plus courte distance pour rejoindre la patrie de Mûsâ (as) (il n’y a pas beaucoup de chemin entre la Syrie et le golfe de ‘Aqaba) en fait l’exégèse la plus probable, car on peut déduire des versets ci-dessus que Mûsâ (as) n’a pas parcouru une très grande distance, même s’il était prêt à parcourir le monde entier pour se rendre à cet endroit. Dans certains hadiths, il est également question de cette éventualité. Si l’on considère que Mûsâ (as) est établi en Syrie (8) et la petite provision qu’il emporte avec lui (un poisson cuit, ou salé), ainsi que le fait qu’après avoir parcouru une certaine distance, il souhaite déjeuner (manger le poisson), il est donc possible de supposer que le lieu où se rencontrent les deux mers est bien celui-ci.

2 – Le confluent désigne le lieu où se rejoignent l’océan Indien et la mer Rouge, ce qui se produit au niveau du détroit dit « Bâb al-Mandib Â» (9) . Bien que cette hypothèse suppose une distance plus courte, il s’agit tout de même d’une distance non négligeable, car pour se rendre de Syrie au sud du Yémen, un chemin relativement long doit être parcouru.

3- Il s’agit du lieu où se rejoignent la mer Méditerranée (que l’on nomme au Moyen-Orient la mer des Romains ou la mer Blanche) et l’océan Atlantique (10) , soit ce détroit appelé Jabal al-Târiq (11) , situé non loin de Tanger. Cette hypothèse semble particulièrement improbable car la distance entre le lieu de résidence de Mûsâ (as) et le détroit de Jabal al-Târiq est si grande qu’en utilisant la voie habituelle empruntée à cette époque, cela aurait peut-être pris plusieurs mois à Mûsâ (as) pour s’y rendre. (12)

4- Pour la quatrième hypothèse, il s’agit de l’espace situé entre les extrémités de deux mers : l’extrémité occidentale du golfe Persique et l’extrémité orientale de la Méditerranée. Selon ‘Allâmeh Tabâtabâ’î, « s’agissant de savoir où se trouve le confluent des deux mers, certains ont avancé cette hypothèse : il s’agirait de l’extrémité orientale de la Méditerranée et de l’extrémité occidentale du golfe Persique. Ainsi, l’expression ‘confluent des deux mers’ désignerait la terre comprise entre ces deux extrémités. D’une certaine manière, nous pouvons avancer que ce lieu est celui où se rejoignent ces deux mers. Cependant, ce point de vue ne correspond pas aux cartes actuelles sur lesquelles sont reportées les terres et les mers, car à l’extrémité du golfe Persique se trouve la mer d’Oman, qui rejoint la mer Rouge, prend fin à Suez et est séparée de la mer Méditerranée par une bande de terre, bien que récemment un canal ait été foré pour leur permettre de communiquer. Dans ce cas, comment peut-on dire qu’il s’agit du lieu où se termine le golfe Persique et où commence la Méditerranée ? Â»

Objet de la phrase: « Aw amziya huqubân / أَوْ أَمْضِيَ حُقُبًا (Devrais-je marcher durant de longues années ) Â» (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 60).



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