LES SIGNES DANS LES CIEUX ET SUR TERRE



Néanmoins, même les sons les plus subtils sont perçus dans le cerveau, à tel point que l'oreille d'une personne en bonne santé peut entendre tous les sons, sans bruit atmosphérique ni interférence. Dans notre cerveau, qui est isolé phoniquement, nous écoutons aussi bien un orchestre, les bruits d'une foule ou le vrombissement d'un réacteur d'avion qu'un bruissement de feuille, ce qui représente une large bande passante sonore. Pourtant, si le niveau sonore pouvait être mesuré par un capteur sensible dans le cerveau, il apparaîtrait qu'un silence complet y règne.

Notre perception des odeurs est identique. Les molécules volatiles émises par des corps odorants, tels que la vanille ou la rose, atteignent les récepteurs situés dans les poils sensibles des muqueuses nasales, et il se produit une interaction. Cette interaction est transmise au cerveau sous forme de signaux électriques et est perçue comme une odeur. Toute odeur que nous percevons, agréable ou non, n'est rien d'autre que la perception par le cerveau des interactions de molécules volatiles après qu'elles ont été transformées en signaux électriques. Les molécules elles-mêmes n'atteignent jamais le cerveau. Tout comme pour la vision et l'odorat, ce sont seulement des signaux électriques qui atteignent votre cerveau. En d'autres termes les odeurs, dont vous avez toujours pensé qu'elles appartenaient aux objets extérieurs, correspondent juste à des impulsions électriques que vous ressentez au travers de vos organes sensoriels.

De façon analogue, il existe quatre types différents de récepteurs chimiques dans la partie avant de la langue humaine. Ils sont en relation avec les quatre sortes de goûts: salé, sucré, aigre et amer. Nos récepteurs gustatifs transforment ces perceptions en signaux électriques à travers une chaîne de processus chimiques, et les transmettent au cerveau. Ces signaux sont perçus comme étant le goût par le cerveau, qu'il s'agisse par exemple de l'impression que vous procure une barre de chocolat ou bien un fruit. Vous ne pouvez jamais atteindre l'objet dans le monde extérieur; ainsi, vous ne pouvez jamais sentir, voir ni même goûter le chocolat lui-même. Car si les nerfs du goût, qui acheminent les impressions au cerveau, sont coupés, le goût des aliments que vous consommerez n'atteindra pas votre cerveau; vous aurez alors complètement perdu votre sens du goût.

A ce point de l'exposé, nous rencontrons un autre fait: nous ne pouvons jamais être sûrs que les impressions que nous procurent nos organes sensoriels sont identiques à celles procurées à une autre personne par ses propres organes des sens, qu'il s'agisse de la perception d'une voix ou bien du goût d'une nourriture ou d'autres choses encore. Lincoln Barnett a dit que nul ne peut prétendre qu'autrui perçoit la couleur rouge comme lui-même ou entend le son C de la manière dont lui-même l'entend.4

Notre sens du toucher ne diffère pas des autres sens. Lorsque nous touchons un objet, toutes les informations qui nous aideront à reconnaître le monde extérieur et les objets sont transmises au cerveau par les nerfs sensibles de la peau. La sensation du toucher se forme dans notre cerveau. Et contrairement à la croyance largement répandue, les endroits où nous percevons le sens du toucher ne se trouvent pas à l'extrémité de nos doigts ni même sur notre peau, mais au niveau du centre du toucher, dans notre cerveau. Selon l'interprétation par le cerveau des stimuli électriques lui parvenant des objets, nous définissons ceux-ci comme étant durs ou tendres, chauds ou froids. Tous les attributs par lesquels nous reconnaissons un objet proviennent de ces stimuli. Concernant ceci, la pensée de deux célèbres philosophes, B. Russell et L. Wittgenstein, s'exprime en ces termes:

"Par exemple, la question de savoir si un citron existe vraiment ou non, et comment il est venu à l'existence, ne peut pas être posée et faire l'objet de recherches. Un citron consiste seulement en un goût perçu par la langue, une odeur sentie par le nez, une couleur et une forme ressenties par l'œil; et seules ces caractéristiques peuvent être sujettes au questionnement et à l'évaluation. La science ne peut jamais connaître le monde physique." 5

Il nous est impossible d'atteindre le monde physique. Tous les objets environnants ne constituent qu'un amas de perceptions telles que la vue, l'ouie et le toucher. En traitant les données dans les centres sensoriels notre cerveau, à travers toute notre existence, ne voit pas la "réalité originale" de la matière qui existe en dehors de nous, mais bien plutôt la copie qui en est formée à l'intérieur de notre cerveau. C'est là que nous nous égarons, si nous considérons ces copies comme des manifestations de la matière extérieure véritable.

 

La représentation du "monde extérieur" à l'intérieur de notre cerveau

A partir des réalités physiques décrites jusqu'à maintenant, nous pouvons tirer la conclusion suivante: tout ce que nous voyons, touchons, entendons et percevons comme étant de la "matière" ou encore "le monde" ou bien "l'Univers", n'est en fait qu'un ensemble de signaux électriques produits dans notre cerveau.



back 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 next