La philosophie de l’Imâmat chez Mollâ Sadrâ



1. En tant qu’un homme parfait, l’Imâm est investi de la fonction de représentant de Dieu sur terre, il est aussi l’épiphanie du Nom total Allah, qui rassemble tous les noms et qualités de beauté et de majesté de Dieu. Les hadiths et autres traditions évoquent cette réalité en disant que les Imâms ont le plus grand bénéfice du « Nom Suprême Â» (Ism a‘zam), ou que les Imâms portent les insignes et les armes des prophètes, symboles de la puissance et de la science divine.

2. La manifestation des divers miracles et charismes de la part de l’Imâm est parfaitement compatible et conforme à la raison et à la logique. Ainsi, sur ordre du septième Imâm, Mûsâ ibn Ja'far (as) un arbre s’est mis en mouvement. Une canne dans la main de l’Imâm Muhammad Taqî (as) a prononcé des paroles. De même, on a rapporté que l’Imâm Rezâ (as) avait accompli des miracles, comme celui de la main blanche (miracle de Moïse), la guérison de malades, ainsi que l’exercice de pouvoirs surnaturels sur la matière, des réponses à des questions réputées insolubles ou la révélation d’informations concernant l’invisible.

A ce propos et pour compléter les informations du lecteur, nous allons évoquer trois points en relation avec le sujet :

Premier point : le lien reliant la science à la puissance

Comme cela a été expliqué dans l’analyse philosophique des qualités des Imâms, la science et la puissance extraordinaires procèdent toutes les deux d’une seule source qui est justement la supériorité du degré de l’étant.

Mais ce qui est remarquable et ce sur quoi ont insisté les hadiths et les traditions, c’est le fait que la science possède une antériorité ontologique sur la puissance. Ce qui signifie que la science et la conscience sont la base de la puissance et de la capacité. Le Coran dit que « Dieu embrasse toute chose de par Sa science » (76) . La science passe ainsi avant toute autre qualité excepté la bonté divine (Rahma) qui est aussi décrite comme embrassant (77) toute chose sans exception. Dans le Coran, il est ordonné au Prophète (s) de prier ainsi : « Ã” mon Seigneur, accrois mes connaissances ! » (78) . Il ne demande pas un surcroît de puissance ou de richesse, mais de science, parce que la science est en réalité ce qui rapproche de l’être, selon le principe que l’on devient ce que l’on connaît. Dans les traditions de l’Imâm Mûsa ibn Ja'far (as), il est fait cas de ce que le Prophète de l’islam (s) était plus savant que les prophètes antérieurs à lui et que les Imâms étaient les héritiers de sciences qui leur ont conféré un pouvoir d’accomplir des actes dont les prophètes antérieurs ne disposaient pas. Il a ajouté : « Nous avons hérité d’un livre qui contient l’énoncé et l’explication claire de toute chose, et qui nous donne puissance sur toute chose, comme en fait allusion aussi le Coran Glorieux Â». En effet, il est fait mention dans le Livre Saint, de « quelqu'un qui avait une connaissance du Livre » et qui par ce moyen a accompli le prodige de transférer en moins d’un clin d’œil le trône de la Reine de Saba, de son palais à celui de Salomon. (79)

A notre point de vue, et en s’appuyant sur les principes de la philosophie islamique, ce point subtil peut être analysé et expliqué de la sorte : comme cela a été établi dans la discussion au sujet des qualités de Dieu, exalté soit-Il, la science divine est une science active et non réactive, dans ce sens qu’au contraire de notre science qui se fonde sur l’observation des choses du monde, la science divine n’est pas un reflet ou une représentation des choses du monde. Sa science est le principe et l’origine des phénomènes du monde. La science divine possède une antériorité logique et ontologique sur le monde. C’est par rapport à la science divine que le monde se configure : ce n’est pas le monde qui est à l’origine de la science divine. Il serait d’ailleurs absurde de poser l’inverse : cela impliquerait que la connaissance de Dieu s’accroîtrait à chaque information fournie par un nouvel évènement dans le monde. Et cela serait contraire à la perfection divine qui nécessite la connaissance avant la chose, durant la chose et après la chose. Dieu n’a rien à apprendre : Il connaît tout.

Le monde reflète la science divine. Sa transformation continue reflète la science infinie de Dieu. Dieu agit par bonté. (80)

Par conséquent, compte tenu du degré d’être, l’Imâm est dans sa vie terrestre, l’être le plus proche de Dieu, comparé aux autres êtres qui lui sont contemporains. C’est pourquoi son existence et ses effets sont dotés d’une dimension divine, et c'est pourquoi aussi sa science « ressemble Â» à la science divine, c'est-à-dire qu’elle est active.

Cela en vertu d’une tradition divine selon laquelle : « Allah, a dit: « Celui qui montre de l'hostilité à l'un de Mes bien-aimés, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne se rapproche pas de Moi par une chose que J'aime, comme Il le fait avec ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur se rapprochera de Moi par les actes surérogatoires, jusqu’à ce que Je l'aime ; et, lorsque Je l'aimerai, Je serais son ouïe avec laquelle il entendra, sa vue avec laquelle il verra, sa main avec laquelle il saisira et son pied avec lequel il marchera. Â» (81)



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