La philosophie de l’Imâmat chez Mollâ Sadrâ



-8. Obéir et suivre l’Imâm dans les actes et les pensées, dans les affaires concernant le monde aussi bien que celles concernant l’Au-delà, auront pour effet l'obtention du salut et du bonheur, alors que la désobéissance et l’opposition à l’Imâm sont des facteurs de malheur et de perdition.

Bases philosophiques des qualités des Imâms (as)

Dans cette section, notre propos est d’exposer les bases de la réalité et de l’identité de ces qualités ainsi que d’examiner pourquoi ces qualités se rattachent les unes aux autres, dans l’existence de l’Imâm.

Le sujet de l’Imâmat et des Imâms a évidemment fait l’objet de discussions dans les ouvrages de théologie musulmane (kalâm), et les qualités nécessaires des Imâms ont aussi été démontrées sur la base de l’argumentation théologique. A titre d’exemple : s’appuyer sur la règle de la Grâce divine (lotf) pour établir la démonstration de l’existence de l’Imâm, s’appuyer sur la tradition prophétique pour établir les qualités des Imâms, ou encore tirer profit des principes théologiques, comme celui de considérer comme « malséant d’accorder la préséance au préférable sur l’éminent Â», et la démonstration de l’impeccabilité (‘esmat) sur la base de ces mêmes principes.

Mais notre intention dans cet article est d’analyser et d’expliciter les qualités des Imâms et les relations existant entre ces qualités, particulièrement sur la base des principes de la sagesse transcendante de Mollâ Sadrâ.

Pour aborder ce sujet, il est nécessaire de préciser quelques points fondamentaux de cette philosophie.

  • Les degrés sous lesquels se présente le monde :

L’univers de l’être possède des degrés et un ordre de procession de ces degrés. Ces degrés ou cet ordre s’envisagent selon deux directions : l’une est l’arc de la descente et l’autre, l’axe de la remontée.

L’axe de la descente commence après la phase originelle, avec le monde des intelligences pures et des entités immatérielles, puis par le monde imaginal, suivi du monde sensible ou matériel. L’axe de la descente est le concomitant du système de causalité dans le monde de l’être, dans ce sens qu’en raison de la « faiblesse Â» de chaque effet par rapport à sa cause, tout ce qui se trouve plus loin de l’Origine sera dans un rang plus faible d’intensité de l’être (12) .

Le principe de l’axe de la remontée est un mouvement structurel et substantiel du monde de la matière dont Mollâ Sadrâ a établi la démonstration. Selon le mouvement intra-substantiel (13) , le monde sensible est en train de sortir en bloc de la potentialité à l’acte. Et il va de soi que l’actualité pleine ne s’obtient que par le degré de la dé-matérialité totale. Ainsi, le mouvement du monde matériel entraîne par lui-même un devenir immatériel du monde matériel (14) .

  • L’existence humaine est totalisante (jâmi‘)

Le sujet du passage ou de la transmutation d’un être matériel en un être dépouillé, immatériel, serait inadmissible sans un autre axiome essentiel. Cet axiome est celui de la nature rassemblante, totalisante dans l’unité, de l’existence humaine. C’est l’idée du macrocosme et du microcosme: l’homme est un résumé de l’univers et l’univers est un déploiement de l’homme - principe qui se fonde sur l’idée que le monde a été créé pour l’homme. Un tel principe a pour conséquence que ce dernier porte en lui nécessairement toutes les clefs pour pouvoir le dominer en acte. L’homme est un microcosme, littéralement un petit univers. Et l’univers est un grand homme.



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