Chapitre IV : Des attributs exclusifsChapitre IV
Des attributs exclusifs
Toute la terminologie scientifique et tous les concepts dont nous disposons ne nous permettent pas d'appréhender et de décrire de façon suffisante le Créateur. Autant dire que Dieu est au - dessus de la raison, et qu'Il échappe à nos facultés mentales et intellectuelles limitées. Il est réellement l'Inconnaissable. Quoi de plus naturel en effet puisque l'homme étant lui - même une créature, c'est - à dire un être limité à tout point de vue, ne doit pas s'attendre à appréhender totalement un être immatériel, avec des moyens habituels et des concepts forgés par lui - même et portant toutes ses imperfections. Le débat porte sur une réalité surnaturelle et qui détient le pouvoir absolu et la science illimitée. Comme le Coran le dit dans le verset 11 de la sourate "La Délibération",: il n'est "Rien qui lui soit semblable". Le temps ne Lui tient pas compagnie, et les instruments ne viennent pas à Son aide. Son Etre précède le temps, et Son existence précède le néant. Son éternité précède le commencement. Du fait même qu'Il a créé les sens, on com prend qu'Il n'a pas de sens. Et de l'existence des contraires on déduit qu'Il n'a pas de contraire; et de l'existence de similarité entre les choses, on déduit qu'il n'est rien qui Lui soit semblable, Il a fait de la lumière le contraire de l'obscurité, et du chaud celui du froid. Il suscite l'affection entre les choses rivales, réunit les choses de nature différente, rapproche les choses éloignées, et sépare les choses unies. Il ne connaît pas de limite, et n'est pas quantifiable par les nombres..."36 La différence qui existe entre les attributs de Dieu et ceux de l'homme, et l'impossibilité qu'il y a de les réduire les uns aux autres, résultent de ce que les attributs de Dieu sont à la source de l'existence alors que ceux de l'homme et des autres créatures ne le sont pas. Ou bien encore, quand nous parlons de notre science, nous devons la distinguer de notre personne, parce que dans l'enfance nous n'avions pas cette science. Nous l'avons acquise graduellement par l'étude et l'effort. Par conséquent la science et la capacité constituent deux choses différentes de notre existence. Ces attributs ne font pas partie de notre essence; ils ne sont pas inhérents à notre existence. Il s'agit de qualités accidentelles, tout à fait distinctes. Il n'en est pas de même pour Dieu. Quand nous d isons que Dieu est savant et puissant, cela signifie qu'Il est la source de la science et de la puissance. Ici, l'attribut se confond avec l'essence. Bien qu'ils se présentent apparemment comme deux choses distinctes, l'attribut est en réalité l'essence elle - même, car celle ci n'est pas accidentelle pour posséder des qualités acquises. Dieu est en effet une existence absolue, Il est la science même, la puissance, la permanence, la vie, etc... puisqu'Il ne connaît aucune limite interne ou externe. Comme notre éducation se fait au sein de la nature, et comme celle - ci nous est familière, et aussi puisque tout ce que nous percevons avec nos sens se présente à nous sous forme concrète et tangible, nous avons tendance à nous servir des critères naturels pour mesurer toute chose, et nos notions et images mentales en procèdent. Le Commandeur des Croyants, Ali, exprime de façon éloquente, riche et profonde cette incapacité de l'homme à définir Dieu dans le cadre des attributs. Il dit: L'esprit ne peut pas limiter Dieu à l'attribut. Les représentations mentales ne peuvent pas s'appliquer à Dieu, comme le ferait un signifiant pour le signifié; parce que chaque attribut se distingue des autres attributs. Par exemple, le concept de vie est totalement différent du concept de puissance; ils ne sont pas superposables, bien qu'ils puissent se référer à un même objet. Mais chacun ne peut s'appliquer à cet objet que pour sa signification propre. Quand l'esprit humain veut qualifier une chose, bien que le but consiste à établir une certaine unité entre l'attribut et son objet, il ne peut, bon gré mal gré, s'empêcher d'introduire une scission entre les deux, parce que les deux notions d'attribut et de sujet sont différentes.
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