LA METHODE D'ACTION POLITIQUE DES AHL-UL-BAYT



Abû-l-'Abbâs al-Saffâh connaissait le rôle de Dirigeant que jouait l'Imam dans l'opposition, et il éprouvait beaucoup de crainte de sa personne. Aussi tenta-t-il de s'en débarrasser une fois pour toutes en l'assassinant, mais son projet infâme ne réussit pas, grâce à la Protection d'Allah. C'était dans ce dessein qu'il l'avait fait venir de Médine à Hirah (en Iraq).

Lorsque Abû Ja'far al-Mançûr tint la barre du pouvoir, il craignit, comme son prédécesseur, la position de Dirigeant de l'opposition qu'occupait le Saint Imam. Ce qui traduit sa crainte, c'est le fait de l'avoir convoqué et fait venir en Iraq plusieurs fois. Et s'il n'a pas essayé de le faire assassiner, c'est parce qu'il savait que le Saint Imam avait une personnalité si prestigieuse et jouissait d'une popularité si profonde que toute atteinte grave à sa personne pouvait avoir des conséquences catastrophiques pour le pouvoir.

En témoignent les propos suivants qu'il a tenus à l'égard de l'Imam : «Ce souci obstruant la bouche des califes [cet opposant, gênant, aux califes], qu'on n'a le droit ni de proscrire, ni d'assassiner ! Mais si je n'avais pas avec lui en commun un arbre dont la graine est bonne, la branche haute, les fruits doux, la descendance bénie, sanctifié dans "al-Zobûr" [les Ecritures], il aurait risqué beaucoup, car il nous fait beaucoup de reproches et dit beaucoup de mal de nous.»

L'Imam Musa ibn Ja'far al-Kâdhim a succédé à son père comme Imam des Musulmans, et aussi comme Chef de l'opposition. Il a tenu tête aux gouvernants abbassides, connus pour leur déviation de l'Islam, leur mépris pour la Ummah et leur avidité pour le pouvoir et les biens des Musulmans.

Sous le règne d'Abî Ja'far al-Mançûr, qui a poussé très loin sa répression contre les 'Alawites, en les torturant, en les emprisonnant, en confisquant leurs biens, et même en les enterrant vivants sous les arcades de châteaux et de ponts.

Sous le califat de l'abbasside Muhammad al Mahdî; celui-ci, craignant de plus en plus l'influence grandissante de l'Imam al-Kâdhim, ordonna qu'on l'amène de Médine à Bagdad pour l'interroger et le juger. Une fois à Bagdad, le Saint Imam fut jeté en prison. Il y resta jusqu'au jour où le calife, effrayé par un rêve qu'il avait fait -et dans lequel il avait entendu l'Imam 'Ali ibn Abî Tâlib réciter à son adresse ce Verset coranique très significatif : «Seriez-vous capables, si vous tourniez le dos, de semer la corruption sur la terre et de rompre vos liens de parenté», l'en fit sortir.

Sous le califat d'un autre abbasside, al-Hâdî, l'étau de la répression se resserra autour de l'Imam al-Kâdhim et de l'ensemble des descendants de l'Imam 'Ali, notamment à la suite du soulèvement d'al-Fakhkh. Le calife avait même juré de tuer le Saint Imam : «Qu'Allah me fasse tuer, si je pardonne à Musa ibn Ja'far !» Selon les historiens, le calife était sur le point de mettre à exécution son serment d'assassiner l'Imam, et l'exécution de celui-ci ne fut suspendue qu'in extremis, sur l'intervention d'al-Qâdhî Abû Yûsof, un ami de l'imam Abû Hanîfah.

Mais les épreuves de l'Imam n'étaient pas terminées pour autant, car le calife décida de l'emprisonner pour l'empêcher de poursuivre le rôle éducatif et de Direction qu'il assumait au sein de la Ummah.

Le Saint Imam ne put respirer un peu de paix qu'après la mort de ce calife.

Toutefois, cette paix ne dura pas longtemps. Lorsque Hârûn al-Rachîd accéda au califat, il convoqua à son tour l'Imam Mûsâ ibn Ja'far al-Kâdhim, et le fit venir à Bagdad. Là, il s'ingénia à lui faire souffrir le martyre. Il l'emprisonna, le tortura, l'enchaîna, on le traîna d'une prison à une autre des années durant, après quoi, le calife donna l'ordre à al-Sindî ibn Châhik, le chef de la police, de l'empoisonner, ce qui fut fait le 25 Rajab de l'an 183 de l'hégire.



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