Éléments de Science du HadithC'est le mot (le groupe de mots) dont le sens ne souffre aucune équivoque (étant donné qu’il n'admet la possibilité d'aucun deuxième sens), soit parce que le système et les lois linguistiques ne laissent pas de doute sur sa signification, soit parce qu'il y a des indices qui en déterminent la signification avec une clarté totale. L'exemple en est, la parole suivante du Saint Prophète: «Un Musulman est le frère d'un autre Musulman: il n'est pas injuste envers lui, il ne l'abandonne pas, il ne médit pas de lui, il ne le trahit pas, il ne le trompe pas et il ne le prive pas». b- Le polysémique (mojmal) C'est le mot qui peut désigner légalement plus d'un sens, selon le système et les lois linguistiques. En effet, il y a dans la Sunnah des paroles et des mots du Saint Prophète qui comportent plus d'un sens et qui peuvent désigner aussi bien un sens qu'un autre. Et étant donné que nous croyons préalablement que l'un des sens de ce mot ou de cette expression polysémique est visé dans ce contexte, mais sans pouvoir le déterminer, nous sommes obligés de recourir à des indices supplémentaires, extérieurs au signifiant (le mot lui-même) pour parvenir au sens légal voulu. c- Le sens bovi (apparent) Le mot ou le groupe de mots prononcé par le Saint prophète peut avoir parfois un double sens, mais dont l'un à l'exclusion de l'autre vient tout de suite à l'esprit lorsqu'on l'entend ou qu’on le lit, selon le contexte linguistique dans lequel il apparaît. Donc dans de tels cas, la norme de la loi islamique veut que l'on retienne ce sens qui saute à l'esprit, comme étant le sens légal. La raison en est que le Saint Prophète parlait aux gens dans le langage courante, et que le Noble Coran dit: «Nous n'avons pas envoyé un Prophète sans qu'il s'exprimât dans la langue de son peuple pour l'éclairer». (Sourate Ibrâhîm, 14 : 4) En se fondant sur ces données, les jurisconsultes ont mis en au point une méthode scientifique - pour comprendre les paroles du Prophète - qu'ils ont appelée "hujjiyat al-dhohûr" (l'"argumentalité" ou la valeur d'argument du sens apparent) qui signifie: ce qu'on comprend de l'apparence du vocabulaire du Prophète, selon les règles de la compréhension de l'arabe, est un argument qui acquitte la conscience. Car c'est cette compréhension de l'arabe qui nous conduit à la compréhension des jugements (statuts) légaux et les concepts islamiques qui sont apparus sous une forme multiple dans les mots. Mais, vu notre éloignement de l'époque du Prophète et la comlexité de la grammaire et de la syntaxe de la langue, la compréhension de ces jugements légaux et concepts islamiques et leur déduction à partir du vocabulaire du législateur nécessitent une étude et une analyse linguistiques approfondies. La Sunnah: Une Source de la Pensée et de la Législation La législation islamique consiste en l'ensemble des lois et des statuts promulgués par Allah en vue de régir ou d'organiser toutes les relations de l'humanité, à savoir les relations de l'homme avec Allah, avec lui-même ou avec les autres. La pensée islamique est l'ensemble des connaissances et des sciences tirées du Message, telles que la pensée économique et politique, la philosophie, les Fondements de la Jurisprudence (Uçûl al-Fiqh), l'Éthique, l'exégèse etc. Le Saint Coran et la Sunnah du Prophète sont la source de la pensée, de la connaissance et de la législation islamique, comme l'affirme clairement le Livre d'Allah en différents endroits: - «Il (le Prophète) ne parle pas sous l'empire de la passion. C'est seulement une Révélation qui lui a été faite.» (Sourate al-Najm, 53 : 3 - 4) - «Prenez ce que le Prophète vous donne, et abstenez-vous de ce qu'il vous interdit...» (Sourate al-Hachr, 59 : 7) - «(le Prophète dit): Il ne m'appartient pas de le (le Coran) changer de mon propre chef: Je ne fais que me conformer à ce qui m'a été révélé.» (Sourate Yûnis, 10 : 15) - «O vous qui croyez! Obéissez à Allah! Obéissez au Prophète et à ceux d'entre vous qui détiennent l'autorité. Portez vos différends devant Allah et devant le Prophète; si vous croyez en Allah et au Jour du Jugement, c'est mieux ainsi; et c'est le meilleur arrangement.» (Sourate al-Nisâ', 4 : 59) - «Vous avez, dans le Prophète d'Allah, un bel exemple...» (Sourate al-Ahzâb, 33 : 21) - «Dis: "Obéissez à Allah! Obéissez au Prophète!". S'ils se détournent, le Prophète n'est alors responsable que de ce dont il est chargé et vous n'êtes responsables que de ce dont vous êtes chargés. Si vous lui obéissez, vous serez bien dirigés, il incombe seulement au Prophète de transmettre en toute clarté ses messages.» (Sourate al-Nour, 24 : 54) - «Chaque Prophète envoyé par Nous ne s'exprimait, pour l'éclairer, que dans la langue du peuple...» (Sourate Ibrâhîm, 14 : 4) Ainsi, le Coran définit la Sunnah du Prophète et toutes ses paroles comme étant une partie intégrante du Message divin éternel. En se fondant sur ces données coraniques les sommités de la science et du savoir ont considéré la Sunnah comme la seconde source de la législation, de la pensée et de la culture islamiques. L'Imam al-Çâdiq, un descendant du Saint Prophète expliquant la place de la Sunnah dans la législation dit: «Il n'y a pas une chose dans laquelle il n'y a pas (des traces) du Livre ou de la Sunnah» De même, on attribue à l'Imam al-Çâdiq les propos suivants: «Toute chose doit être référée au Livre et à la Sunnah, et tout Hadith qui ne s'accorde pas avec le Livre d'Allah est un faux ornement». Quant à l'Imam Mûsâ al-Kâdhim, fils de l'Imam al-Çâdiq, il donne encore plus de précision sur la limitation des sources de la Charî`ah, au Coran et à la Sunnah. En effet lorsque Somâ`ah, l'un de ses Compagnons lui demanda: «Est-ce que tout est dans le Livre d'Allah et dans la Sunnah? ou bien vous avez votre propre opinion sur certaines choses?». L'Imam al-Kâdhim répondit: «Tout est dans le Livre d'Allah et dans la Sunnah de Son Prophète». Et selon l'Imam Mohammad al-Bâqer, le père de l'Imam al-Çâdiq: «Quiconque dépasse la Sunnah, doit être ramené à l’intérieur du cadre de celle-ci». Lorsque nous étudions la Jurisprudence musulmane et les statuts détaillés tirés de la Loi islamique, nous remarquons que la Sunnah en est la source détaillée, étant donné que le Coran ne traite des détails des statuts cultuels et sociaux que d'une façon limitée, laissant au Messager d'Allah le soin de les expliquer et de les développer, ce qui était tout à fait de sa compétence, vu sa parfaite connaissance du contenu du Coran, et la science divine qu'Allah lui a infusée. Par exemple, le Coran avait décrété la Zakât en tant que système fiscal dans les termes suivants: «Prélève une aumône sur leurs biens pour les purifier et les rendre sans taches». (Sourate al-Tawbah, 9 : 103) Le Saint Prophète a appliqué ce fondement constitutionnel et en a détaillé les lois en précisant quels sont les biens imposables de la Zakât, quelle est le montant de la Zakât à y prélever, quelle est l'échéance du paiement de cette Zakât, et dans quelle condition le prélèvement de la Zakât est obligatoire etc. Allah a ordonné aux gens d'accomplir le pèlerinage de la Mecque, alors que le Prophète s'est chargé de leur expliquer quel est le mode de son accomplissement, en leur énonçant: «Apprenez de moi les cérémonies (du pèlerinage) que vous avez à accomplir». De la même façon, le Saint Prophète a expliqué les statuts de la Prière, du commerce, du mariage, de la filiation, de l'allaitement, des pactes politiques, de la guerre, de la terre, de l'association, du louage, de la dette, de la justice etc. Et quiconque étudie la relation entre le Livre d'Allah et la Sunnah, constate qu'elle est similaire Ã
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