LE RECIT DU MARTYRE DE L'IMAM HOUSSEIN (AS)



L'Imam Houssein lança son cheval contre ceux qui se préparaient à l'attaquer. Son épée fauchait tous ceux qui étaient à sa portée. Comme une flèche, il traversa l'aile gauche de l'armée omayyade, décrivit un cercle pour aller mettre l'aile droite en déroute, revint semer la confusion en plein cœur de la horde épouvantée. Tous ces lâches ne pensaient qu'à sauver leur vie méprisable pour jouir des récompenses que Yazid leur avait promises en contrepartie de la tête de l'Imam Houssein. Ceux qui voyaient le petit-fils du Prophète fondre sur eux suppliaient à genoux qu'il leur laisse la vie sauve. Les autres fuyaient dans toutes les directions.

Le champ de bataille avait été nettoyé de tous ces couards. Le soleil venait de se coucher. L'Imam Houssein pensa ,qu'il avait le temps d'accomplir la Prière du Maghreb. Il remit son arme au fourreau, descendit de monture. Omar qui l'observait de loin pensa que c'était le moment de l'attaquer. Mais personne ne voulant se risquer à approcher le Saint Imam, Omar ordonna de l'ensevelir sous une pluie de flèche, de pierres, de morceaux de bitume enflammé. L'Imam Houssein, qui était déjà couvert de blessures de la tête aux pieds, reçut ainsi plusieurs coups mortels, l'un après l'autre. Il perdait son sang en abondance. Il décida de prier immédiatement. Ne pouvant aller jusqu'au fleuve pour faire ses ablutions, il se servit du sable brûlant, et entra en Prière.

Omar fils de Saad appela ses soldats pour aller trancher la tête de l'Imam Houssein pendant qu'il était en train de prier. Mais personne n'osait approcher le héros moribond.

Des promesses mirobolantes décidèrent finalement Chamir le Maudit, accompagné par Omar en personne, à sauter sur le dos de l'Imam Houssein alors que celui-ci achevait de prier. Chamir leva son sabre, évaluant son coup.

L'Imam Houssein était trop faible maintenant pour relever seulement la tête. Il la tourna un peu sur le côté. Il aperçut Chamir. D'une voix faible, presque inaudible, il demanda:

-Chamir, j'ai soif ! Avant d'accomplir ce que tu veux faire, donne-moi un peu à boire!

Pour toute réponse, Chamir frappa, de toutes ses forces.

Zaynab, qui s'était enveloppée de la tête aux pieds dans un rand voile, était montée sur une coltine, tout près du campement. Elle avait assisté, soulevée d'enthousiasme, aux exploits de son frère, à la débandade de toute une armée causée par un seul homme. L'Imam Houssein, son frère, était bien le digne fils de l'Imam Ali. Mais le vent s'était levé, soulevant une fine poussière de sable rouge. Maintenant Zaynab ne distinguait plus très bien ce qui se passait. Elle écarquillait les yeux, essayant d'apercevoir quelque chose. Dans l'embrasement du ciel d'où le soleil venait de se retirer, elle vit soudain se découper, comme en ombre chinoise, la tête de l'Imam Houssein, que Chamir portait comme un trophée au bout d'une pique.

Les tambours de guerre retentirent dans la plaine de Karbala. L'armée omayyade annonçait sa victoire...

La clarté de la lune ne parvenait guère à traverser l'épais manteau de poussière qui avait envahi le ciel. La nuit était sombre sur la plaine de Karbala, où les tentes du campement de l'Imam Houssein achevaient de brûler.



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