LE CHIISME



«par dieu, j'interdis qu'un homme pose des questions sur ce qui n'existe pas, car le prophète a expliqué ce qui existe».(37) et «il n'est pas permis que l'on pose des questions sur ce qui n'est pas (arrivé). dieu a pris sa décision sur ce qui est (existe effectivement)».

ibn omar a répondu à un homme venu lui poser une question sur un problème donné: «ne pose pas de question sur ce qui n'est pas arrivé, car jai entendu omar ibn al-khattâb maudire celui qui pose des questions sur ce qui ne s'est pas encore produit».(38)

de même lorsque quelqu'un interrogea abî bin ka'b sur une affaire, celui-ci lui dit:

- le problème sur lequel tu me poses la question s'est-il produit ?

- non, dit l'interlocuteur.

- attends donc jusqua ce qu il se produise.(39)

un jour, alors que omar lisait le coran, il s'est arrêté sur ce verset: «... nous en avons fait sortir des céréales, des vignes et des légumes, des olives et des palmiers, des jardins touffus, des fruits et des pâturages...», en se demandant: « bon, tout cela nous lavons compris, mais que veut dire "pâturages"?», avant de trancher lui-même: «c'est, par dieu, une peine inutile. si vous ne savez pas ce que veut dire "pâturages", cela n'est pas grave. cherchez ce que dieu vous a expliqué dans le livre et suivez-le. quant à ce qui ne vous est pas connu, confiez-le à dieu».

tous ces exemples montrent donc qu'il y avait chez les compagnons une tendance à ne poser des questions que dans la limite des problèmes précis et posés effectivement. et c'est cette tendance qui était la cause du nombre limité de hadith qu'ils ont rapportés du prophète, concernant la législation, et la raison pour laquelle les musulmans ont eu recours à des sources de législation autres que le coran et la sunnah, telles que l' «istihsan» (jugement prudentiel)(40), le «qiyâs» (analogie)(41) et bien dautres types d'ijtihâd (jugement personnel), dans lesquels l'élément personnel du mujtahid (docteur de la loi) joue un rôle; ce qui a conduit à l'infiltration de la personnalité de l'homme, de ses goûts et conceptions particulières, dans la législation (divine).

cette tendance est le contraire d'une préparation missionnaire spéciale nécessitant une large action de formation culturelle et une prise de conscience des problèmes qui ne tarderaient pas à se poser à la direction et auxquels celle-ci devrait trouver des solutions conformes à la loi islamique.

de même que les compagnons ont évité d'interroger le prophète de leur propre chef, de même ils ont omis d'enregistrer ses paroles et sa sunnah, bien que celle-ci constitue la seconde source de la législation islamique et que l'enregistrement soit le seul moyen susceptible de la conserver et de la prémunir contre les risques de perte et de déviation.



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