Eléments de Science du HadithDe même les Compagnons accomplissaient des actes cultuels, politiques ou fiscaux etc. et on appelait ces actes propres au Compagnon, “la Sunnah du Compagnonâ€. Plus tard les Musulmans divergèrent sur la valeur légale de la sunnah du Compagnon: peut-on la considérer comme une preuve législative ou non? Les fondements de cette divergence se résument comme suit: a- La définition du Compagnon (qui peut être considéré comme Compagnon?) b- Dans quelle mesure peut-on considérer la sunnah du Compagnon comme un argument légal et comme une source de la Loi? c- Et étant donné que la validité de la Sunnah du Compagnon, en tant que source de la Loi, dépend du savoir et de l’intégrité de ce dernier, une polémique véhémente éclate propos de ces deux axes. Cette polémique et le débat sur cette question législative conduisirent à l'apparition de deux écoles principales. L'une considérait la Sunnah du Compagnon comme une source valable de la Loi, l'autre affirmait que l'acte du Compagnon ne saurait constituer une source législative, tout en pouvant être un indice de la Sunnah du Prophète, étant donné que cet acte est le fait d'un Compagnon qui est censé agir selon la Loi islamique. Si l'on se réfère à la définition linguistique du mot compagnon "çâhib", on constate que le Compagnon est celui qui était fréquemment en compagnie du Prophète. Cette définition a été adoptée par l'École d'Ahl-ul-Bayt, alors que Ibn Hajar al-`Asqalânî al-Châfi`î a défini le Compagnon comme étant: «Celui qui a rencontré le Prophète en croyant en sa mission prophétique et qui est mort musulman. L'expression “celui qui a rencontré le Prophète†comprend aussi bien quelqu’un qui avait fréquenté le Prophète pendant longtemps, que celui qui ne l’avait rencontré qu'un court instant, aussi bien celui qui a rapporté des faits et dires de lui que celui qui n’en a rien rapporté, aussi bien celui qui avait participé à ses batailles que celui qui y était absent, aussi bien celui qui l'avait simplement vu sans s'asseoir avec lui que celui qui n'avait pas pu le voir à cause d'une cécité, par exemple». Toutefois, Ibn Hajar a cité une définition d'al-Mazarî, qui diffère de la sienne: "Lorsque nous disons que tous les Compagnons sont justes nous ne désignons pas par cet énoncé toute personne ayant vu le Prophète un jour, ou lui ayant rendu visite occasionnellement, ou s'étant réuni avec lui ponctuellement pour une affaire sans que cette réunion ait une suite. Nous visons par notre énoncé: ceux qui l’ont fréquenté, ceux qui l'ont soutenu, ceux qui l’ont secouru et ceux qui ont suivi la lumière descendue avec lui: voilà ceux qui ont été heureux." Cette définition du Compagnon proposée par al-Mazarî s'accorde avec celle de l'École d'Ahl-ul-Bayt en ceci que l’une et l’autre n'attribuent pas le titre de Compagnon à quiconque ayant tout simplement aperçu le Saint Prophète, lui ayant rendu visite dans une séance ou l'ayant à peine rencontré. Elles en réservent l’honneur (de ce titre) à quelqu’un qui a accompagné fréquemment le Saint Prophète, qui l'a soutenu et qui est resté avec lui pendant si longtemps que l'on peut dire selon la norme qu'il était de sa compagnie. En un mot, le Compagnon est celui qui a pu, grâce à sa longue présence aux côtés du Saint Prophète, assimiler sa tradition, participer à son cheminement et suivre son exemple.
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