JAMAIS SANS L'ISLAMla nouvelle vie des enfants avec ses horizons, ses lumières, la présence du soleil, la netteté des saisons et la diversité des activités donna à mes petits une nouvelle vigueur dans les muscles, un nouveau teint sur les joues qui devinrent dodues et roses, une vivacité dans les yeux et une promptitude dans la prononciation des consonnes arabes sans équivalent dans la langue française. il faut aussi les voir dans leur jeu créatif, à table ou en pique-nique, en route vers l'école, en veillées près de la piscine et des figuiers adjacents et en prière dans leur petite mosquée, pour voir comment naissent de nouvelles fleurs dans le grand paradis de l'islam et comprendre pourquoi un père musulman veille à ce que ses enfants héritent de sa foi et de son patrimoine dont l'axe est cette soumission librement consentie au créateur de l'univers et génératrice des libertés fondamentales de l'homme et des bienfaits de sa vie. nul doute que les jardins de jeu, les terrains aménagés, les stades, les clubs et les moyens ludiques disponibles sont plus nombreux, plus importants et plus sophistiqués en pays développés que dans les pays du tiers-monde dont le maroc. il est clair aussi que le jeu des enfants en le revers de la médaille est que le développement de cette industrie et l'intervention généralisée dans les jeux des enfants imposent, en raison des limites inhérentes à l'espace et aux techniques, des espèces de jeu bien déterminées, obstruant ainsi la route de l'imagination créatrice des enfants. des produis clefs en main, des jouets conçus et fabriqués par des adultes, des jeux saisonniers prévus d'avance ou préparés à la demande des clients, voilà qui oriente les tendances ludiques de l'enfant, les dirige d'un coup de maître, les rassasies, les blase ou les condamne carrément à l'ennui, cette maladie de l'âme qui incite souvent à enfoncer des portes interdites à la désinvolture et à la violence. le dirigisme et l'artificiel tuent la joie de trouver et d'entreprendre ou débouchent, en amont ou en aval de l'opération ludique, sur la fabrication de nouveaux jouets sophistiqués inspirés des folies guerrières de l'homme moderne et inspirant à l'enfant amour de la force victorieuse et de la violence écrasante. le penchant pour les moyens coercitifs dans les communications humaines et l'utilisation en dehors du jeu des carabines et des revolvers qu'on ne manque pas de trouver sur le marché ou à la maison de ses parents sont désormais choses courantes dans nos capitales modernes(1) plus dangereuse encore est cette ruée vers l'électronisation des jeux qui permet aux enfants de nos grandes villes contemporaines de participer à des batailles meurtrières qu'ils déclenchent aujourd'hui fictivement sur un écran on attendant d'avoir demain, à leur tour, la capacité d'appuyer sur le bouton de l'hécatombe. tous les enfants en seulement, en dehors de chez eux, ou bien ils sont tentés par la fréquentation des clubs douteux, des gangs délinquants ou par des jeux innocents mais sauvages qui perturbent la vie de leur quartier et les exposent à des dangers réels. en effet, il n'est pas rare de lire ou d'entendre qu'un vieillard agacé par le bruit interminable que produisent les gosses sous son balcon ou à côté de son garage, prend sa carabine et tire sur eux pour arrêter le vacarme qui l'affole. par contre, dans cette grande maison de zawiya, les enfants n'ont pas de voisins immédiats que les arbres dont les branches penchent par les fenêtres pour les saluer, les brebis et les chèvres qui rentrent 1-1 soir dans leur étable contiguë, les oies et les canards qui se baignent parfois avec eux dans les eaux limpides de leur piscine privée et les autres volailles qu'ils observent dans la basse-cour ou à travers les arbres du verger.
(1)les enfants apprirent avec moi qu'un enfant américain et un autre anglais avaient tué leurs camarades d'école avec des armes à feu qu'ils trouvèrent chez eux et qu'ils savaient bien manier. quant à mustapha, mohamed, nouzha, lamya, fatiha et souad, enfants de voisins ou de proches parents, ils viennent sur invitation de mahdi, de soumaya ou de sajida. quand ils finissent de manger à la maison, ils vont s'installer à leur place préférée sous l'ombrage des figuiers ou sous l'immense roche du village qui, près de chez eux, leur sert de toit ou de balcon naturel pour regarder vers les quatre points de touffahat, notamment vers leur école près de laquelle passe l'unique piste d'automobile pouvant relier le village à la ville et à tazouta, chef lieu de la région. il faut voir sajida dans sa belle robe rouge, courir derrière son bel agneau tout blanc, pour voir un spectacle rare dans ce monde artificiel et étourdi. quand son père l'aide à l'attraper, elle ouvre ses jolis bras pour l'entourer tels les pétales d'une rose rouge recevant un beau papillon blanc qui, après avoir tant voltigé, se repose sur la corolle de la fleur désirée.
|