LES PROBLEMES MORAUXOui le sort final d’une civilisation qui ne mettrait pas les valeurs morales au premier rang, et en combattrait même les principes, ne saurait être que l’anéantissement et la perdition, du fait même de la loi de l’équilibre. La persistance de la misère et de l’imperfection que l’on observe dans les société contemporaines constitue un des aspects de la nécessité impérieuse des règles morales pour les hommes. Si les conditions étaient réunies, ces règles insuffleraient de nouveau la vie au corps agonisant de la civilisation et lui redonneraient des forces. Les méfaits du mensonge: Autant la sincérité exerce des effets positifs, autant le mensonge cause d’effets répugnants. La sincérité est une des qualités les plus remarquables, et le mensonge le pire des défauts; les deux sont diamétralement opposés. La parole est l’interprète du tréfonds de l’homme. Quand il résulte de l’envie et de l’animosité, le mensonge est l’une des formes les plus pernicieuses de la force de la colère. Quand il nait de la convoitise ou de l’habitude, il révèle l’activité des forces funestes du plaisir bouillonnant en l’homme. Quand la langue est envenimée par le mensonge, et en porte les flétrissures, elle détruit l’honneur de l’homme, comme les vents d’automme dépouillent les arbres de leurs feuilles. Le mensonge fait croître la forfaiture, éteint la flamme de la conscience et sape les liens de l’unité et de l’entente entre les hommes. La plupart des déviations résultent de la vanité et des paroles vides de sens des envieux et des frustrés, qui, pour satisfaire leur égoisme camouflent la vérité derrière un voile de flatteries, et par leurs suggestions venimeuses, arrivent à se soumettre beaucoup de crédules. Le menteur ne se donne pas l’occasion de méditer et de réfléchir un tant soit peu; il ne pense pas aux conséquences ultimes de son acte, croyant garder à jamais son secret alors qu’il est pris la main dans le sac finalement trahi par ses propres erreurs et contradictions. Il devra faire face au scandale, à l’échec et à la honte. Le proverbe iranien a bien raison de dire que: «Le menteur a la mémoire courte»! Parmi les facteurs ayant contribué à répandre ce défaut blâmable, nocif à la société, figure l’abus du recours au «mensonge réconciliateur». Le célèbre poète iranien Saadi conseillait: «Un mensonge réconciliateur vaut mieux qu’une vérité qui divise.» Beaucoup de gens, ne saisissant pas la portée véritable de cette sage parole, en profitent pour justifier leur mensonge. Alors que ni la religion et ni la raison n’excusent qu’on cache la vérité, que dans des conditions très restreintes, comme lorsqu’il s’agit de sauver son honneur, sa vie ou son bien exposés à un grave péril. Dans ces derniers cas, on peut en effet user de toutes les armes pour se défendre, mais seulement en cas de force majeure, et l’on sait que la nécessité abolit l’interdit. Mais si nous érigeons notre intérêt personnel en critère de l’utilité publique, et que nous en faisons la règle à chaque fois que nous éprouvons un désir quelconque, tous les mensonges seront «utiles». Comme l’a écrit un grand écrivain:
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