LES PROBLEMES MORAUX



L’envieux nourrit toujours le projet illusoire de faire disparaître les faveurs auxquelles il n’accéde pas lui-même, et use pour cela de tout prétexte et stratagème. Dans ses actes, il obéit aveuglèment et sans retenue à ses plus vils penchants.

Sa laideur se révèle au grand jour quand il se met à calomnier ouvertement les personnes qu’il envie. Et quand sa passion n’est pas calmée et qu’il constate que son voeu est contrarié, il n’est pas exclu qu’il puisse attenter même à la liberté de ces personnes, voire à leur vie qu’il detruirait pour satisfaire sa passion déchainée.

Oui, tel est son penchant. Mais s’agit-il là d’un instinct rèellement humain? Est-il compatible avec l’objectif authentique de l’homme?

L’envieux ne se situe pas seulement hors du cadre de l’humanité; il tombe même en-deça de l’animalité. Car celui qui ne partage pas les douleurs des autres manque à un critère de l’humanité. Que dire alors de celui qui se réjouit du spectacle de la misère des autres.

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L’envieux brûle du feu de la frustration et de l’échec.

Parmi les plus importants facteurs contribuant au progrès et au succès, figure l’art de se faire aimer. Qiconque peut régner sur les coeurs par sa bienveillance et ses qualités élevées pourra jouir de leur aide et gardera en main les atouts nécessaires pour une réussite permanente.

Les gens de bien sont comme une lumière pour la société. Ils en sont les pionniers, et leur noble nature influe profondément sur sa formation morale.

Quant à l’envie elle est par sa face hideuse aux antipodes des belles qualités et des grandes vertus qu’elle voue à l’anéantissement; et elle fait écran entre les individus. Elle ne permet à personne de se faire une place respectable dans le coeur des gens et empêche l’astre de l’amitié de briller. Par conséquent, l’envie sape le sentiment de solidarité et de l’entraide.

En manifestant son vil caractère par la parole ou par l’acte, l’envieux se trahit et s’attire la réprobation et la haine de tous. L’angoisse lisible sur son visage et la tristesse profonde qui couve dans son coeur, exercent une contrainte sur son âme brûlant sans répit. Il est évident que le jaloux en proie aux tourments, n’aura jamais un instant de repos, car contrairement à son désir, les faveurs celestes s’avèrent illimitées, et de ce fait son coeur est rongé par le ressentiment. La jalousie est comme une tempête déchaînée qui déracine l’arbre de la vertu, et balaie tout scrupule retenant l’accomplissement d’un crime.

Quand Cain vit que le sacrifice d’Abel était accepté tandis qu’on avait refusé le sien, il fut pris d’une telle jalousie qu’il décida de tuer son frère. Il l’assassina donc traitreusement. L’envie avait enserré son coeur, et tué en lui le sentiment de la fraternité et de l’humanité.

Cain assèna un coup de pierre sur la tête d’Abel et fnt couler son sang sacré, pour la seule raison qu’il fut pur. Le monde jusque là calme, fut témoin de la première victime de l’envie dans le premier homicide causé par un fils d’Adam.



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