LES PROBLEMES MORAUXIl ne serait pas exagéré de dire que la justice est le premier fondement de la vie collective. Avec elle, l’homme ouvre un nouveau chapitre dans sa vie, et par elle la société prend une allure nouvelle et s’épanouit. Une société pratiquant la justice, se consolide par elle, et parvient à surmonter tous les obstacles.
Le rôle désastreux de l’oppression dans le déclin et la ru ine des peuples, en particulier dans la faillite morale, et l’avènement de l'insècurité au sein de la société, est évident et hors de doute. Même les personnes n’adhérant à aucune foi sont bien obligées de le reconnaître. Quand l’injustice règne sans partage, le réseau des liaisons se désintègre, amenant l’effritement de tout l’ordre social. Quand les gouvernements les plus puissants se laissent séduire par les forces maléfiques du despotisme, ils finissent rapidement par en devenir les instruments, et assistent impuissants, à l’évanescence de leur gloire et de leur grandeur. Un bref regard sur l’histoire des oppresseurs qui ont dû payer de leurs personnes les conséquences de leurs actes dégagerait bon nombre de lecons. Nous nous bornerons ici à en citer un exemple. Mohammad ibn Abdelmalek était un ministre des Abbassides(119) et jouissait d’un rang particulier. Ce ministre cruel et impitoyable avait fait construire un four dont les parois internes étaient garnies de clous, aux fins d’y faire incarcérer les opposants et leur infliger les tortures les plus odieuses, avant de les tuer en allumant un feu immense dont la chaleur infernale étouffait les malheureux. Quand Moutawakil monta sur le trône califal, il le limogea de son poste de Vizir, et le fit enfermer dans la même prison. Quand il fut sur le point de rendre l’âme, il demanda du papier et une plume et écrivit à Moutawakil deux vers en langue arabe disant:
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