ABU ZHAR AL GHIFARIla réponse à une telle interrogation mérite qu'on prête une attention particulière à cette question. en général, abstinence et piété signifient que l'on quitte la ville pour se réfugier sur une montagne et à l'intérieur d'une forêt en vue d'adorer allah dans l'isolement et la solitude. mais le récit suivant rapporté par abû zar nous permet de rectifier cette conception de l'ascétisme. «le saint prophète, raconte abû zar, m'a dit que ramasser une pierre dans une rue passante est aussi une bonne action, aider une personne faible est aussi un acte de charité, et même l'acte sexuel dans le cadre du mariage est un acte de bienfaisance (musnad ahmad ibn hanbal). »j'ai demandé alors au saint prophète avec étonnement: "comment! cohabiter avec son épouse, constitue un acte de charité, même si l'homme, ce faisant, satisfait, en réalité, son besoin sexuel?! si un homme satisfait son besoin, aura-il en plus une récompense spirituelle pour cette satisfaction personnelle?!". le prophète m'a répondu: "bon! dis-moi. ne commettrais-tu pas un péché, si tu avais satisfait ce besoin d'une façon illégale et par des moyens interdits?" "certainement", ai-je répondu. le prophète dit: "les gens pensent au péché et non au bien. habituellement, ceux qui mènent une vie d'ascétisme renoncent au travail et à la profession, et lorsque, plus tard, les nécessités de la vie se feront durement sentir, ils seront conduits à mendier volontiers"». abû zar relate un autre récit: «un jour le saint prophète m'a appelé et m'a dit: "voudrais-tu bien prêter un serment d'allégeance pour une conduite qui ne te réservera que le paradis?". "ah, oui"ai-je répondu. puis, j'ai tendu ma main (en guise de prestation de serment), et le saint prophète de dire: "je voudrais que tu me donnes ta parole que tu ne mendieras jamais rien de personne". "d'accord" dis-je. le saint prophète précisa: "même pas le fouet qui tombe de ton cheval. tu dois, plutôt que de demander à quelqu'un de le ramasser pour toi, descendre de ton cheval et le ramasser toi-même"». toujours selon abû zar, le prophète lui dit: "ne sois pas indifférent aux autres. si tu n'as rien à donner à un frère musulman, tu devrais au moins le recevoir avec un sourire". il dit encore: «mon bien-aimé (le prophète) m'a commandé de me montrer bon envers mes proches, même s'il m'était difficile de le faire» (musnad ahmad ibn hanbal). les enseignements du saint prophète ne tarderont pas à forger le caractère et la personnalité d'abû zar et à se refléter à travers sa conduite. en effet, on le voyait de plus en plus en compagnie des indigents et des nécessiteux. il était très sensible à tout détail que le prophète lui avait envoyé, et se détachait de beaucoup d'autres compagnons qui n'étaient pas mus par les moeurs du messager d'allah. etant resté aux côtés de l'imam ali après la disparition du saint prophète, il put conserver et consolider le caractère doux et les bonnes habitudes qu'il avait acquis du messager d'allah. le saint prophète avait ordonné: «donnez à vos serviteurs et à vos subordonnés ce que vous mangez et ce que vous portez vous-mêmes» (musnad ahmad ibn hanbal). or, on trouve l'incarnation de ce commandement dans la conduite d'abû zar. conformément aux traditions du saint prophète, abû zar considérait le mariage comme quelque chose d'essentiel. il s'était marié, mais le mariage ne signifiait jamais pour lui jouissance et joie. c'était seulement respecter une recommandation. on dit que son épouse l'accompagnait partout où il se rendait. etant donné que sa femme était africaine, les gens lui disaient parfois: «ah! tu as une femme noire!». et il répondait: «il vaut mieux avoir une femme noire et laide qu'une belle femme et pour la beauté de laquelle seulement mon nom serait évoqué». abû zar avait beaucoup d'estime pour son épouse.
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