ABU ZHAR AL GHIFARI



abû zar fut donc contraint de quitter sa terre et sa maison et de partir avec sa famille pour la syrie. cet exil confirma en fait la prédiction que le saint prophète lui avait faite lors de l'une de leurs innombrables conversations. d'autre part en lui faisant cette prédication le saint prophète l'avait exhorté d'accepter avec patience et résignation son exil. c'est ce qu'il fit ("al-ghadîr" d'al-`allâmah al-amînî, vol. 8, p. 302).

abû zar qui avait déjà été dégoûté des écarts de `othmân des principes du gouvernement islamique, fut abasourdi lorsqu'il vit la conduite de mu`âwiyeh qui ruinait carrément les commandements de l'islam. il ne pouvait pas imaginer que tout l'appareil administratif était hors- la-loi. il finit par penser qu'à cause du style de vie de mu`âwiyeh, l'islam tel qu'il avait été présenté par le saint prophète, non seulement était dévié, mais sur le point d'être éteint. À la vue de tous ces dangers qui menaçaient l'intégrité de l'islam, abû zar fut profondément choqué, et sentit la colère et la révolte l'appeler à réagir. sa sincérité et sa franchise le conduisirent à pousser le cri de la vérité, comme il l'avait fait le jour de sa conversion à l'islam, dans le fief des polythéistes, sans se soucier de tous les dangers qu'il courait, et en risquant sa vie. de nature très courageuse, il n'hésita pas un instant à dire la vérité à haute voix. ainsi, tout en sachant que mu`âwiyeh gouvernait la syrie comme un monarque, il s'appliqua à s'acquitter de son devoir islamique de commander le bien et d'interdire le mal en prévenant mu`âwiyeh de ses actes contraires à l'islam, et en lui faisant remarquer franchement que sa façon de vivre et de gouverner était aussi contraire à l'islam que celle de `othmân ibn `affân.

selon al-`allâmah al-subaytî, le bannissement d'abû zar en syrie est la preuve que `othmân voulait détourner l'attitude critique de son détracteur à son égard, vers mu`âwiyeh.

selon l'histoiren al-balâtharî, al-`allâmah al-subaytî, al-`allâmah al-majlicî, al-`allâmah al-amînî, lorsqu'abû zar arriva en syrie, mu`âwiyeh était en train de finir la construction de son palace "al-khidhrah". des milliers d'ouvriers travaillaient d'arrache-pied pour édifier ce palace. un jour, alors que mu`âwiyeh admirait avec fierté son édifice luxueux, abû zar s'approcha de lui et lui dit: «o mu`âwiyeh! si ce palace est construit avec l'argent du trésor public, c'est un abus de confiance, et s'il est édifié avec ton propre argent, c'est une prodigalité».

mu`âwiyeh ne répondit pas à abû zar, se contentant de lui tourner le dos. abû zar s'en alla et se dirigea vers le masjid. une fois arrivé à destination, il s'assit, des gens vinrent le voir et se plaignirent de n'avoir reçu aucune allocation de mu`âwiyeh depuis un an. abû zar se leva et fit ce discours: «par allah! il y a ces jours-ci des innovations qui n'ont aucun fondement ni dans le coran ni dans le hadith. par allah, je vois que la vérité est détournée et le faux se renforce. les gens véridiques sont dépréciés et les pécheurs préférés aux hommes vertueux.

«o aristocrates! o mu`âwiyeh et ses gouverneurs! soyez bons envers les pauvres. que ceux qui amassent l'or et l'argent sans les dépenser dans le chemin d'allah sachent que leurs fonds, leurs côtés et leurs dos seront stigmatisés par le feu.

»o détenteurs de la richesse! ne savez-vous pas que lorsqu'un homme meurt, il n'apportera rien avec lui. seules trois choses lui seront utiles: la charité, la connaissance utile et un fils vertueux qui priera pour lui».

les gens écoutèrent attentivement son discours. les pauvres et les opprimés se rassemblèrent autour de lui et les gens riches commencèrent à avoir peur de lui. lorsque habîb ibn muslimah al-fahrî vit la foule entourant abû zar, il dit: «c'est une grande nuisance». aussi accourut-il chez mu`âwiyeh et lui dit: «o mu`âwiyeh! abû zar ne tardera pas à ruiner totalement l'administration syrienne. si tu as besoin des syriens, tu dois étouffer cette nuisance dans l'oeuf».

mu`âwiyeh se mit à penser en lui-même: «dois-je le traiter avec sévérité ou avec indulgence? le feu sera attisé encore plus. si j'emploie la sévérité! ne devrais-je pas, plutôt, me plaindre de lui auprès de `othmân? mais `othmân va dire peut-être que je ne suis même pas capable de corriger un seul de mes sujets. donc, la seule chose qui reste à faire, c'est de l'éloigner de la syrie».

abû zar avait l'habitude de réciter sur un ton d'exhortation le verset coranique: «annonce un châtiment douloureux à ceux qui thésaurisent l'or et l'argent sans rien dépenser dans le chemin d'allah»(44), devenu son slogan favori depuis que la thésaurisation et l'accumulation de la richesse entre les mains des proches de `othmân prirent la forme d'un trait marquant du gouvernement de ce dernier. il récitait ce verset qui visait mu`âwiyeh en personne dans les rues et les routes de la syrie. lorsqu'il le récitait, les pauvres et les nécessiteux se rassemblaient autour de lui, et se mettaient souvent à se plaindre de l'hédonisme des riches gouvernants, qui contrastait avec leur misère et leur pauvreté. mu`âwiyeh s'informait régulièrement sur les discours d'abû zar et leur teneur. excédé par la persistance de son détracteur à dénoncer publiquement ses pratiques, il finit par lui imposer des restrictions sévères, le persécuter et lui rendre la vie difficile. ces mesures oppressives n'ayant pas découragé abû zar, mu`âwiyeh le menaça de mort.



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