ABU ZHAR AL GHIFARItelle était la politique de népotisme, de favoritisme et d'extrême largesse du 3e calife envers ses proches et ses sympathisants. evidemment, aucun des adeptes du prophète ne pouvait accepter, sans rechigner, cette façon de distribuer la richesse des musulmans parmi ses propres amis. c'est pour cette raison que les grands compagnons tels que `alî, salmân al-fârecî, abû zar, al-miqdâd et `ammâr ibn yâcer protestèrent vivement contre son attitude qu'ils jugèrent contraire aux traditions et aux enseignements du prophète. peut-être d'aucuns seraient tentés de dire ou de croire, comme le disait le 3e calife lui-même, que tout ce que `othmân avait fait, c'était pour des parents pauvres qui méritaient aide et assistance, et qu'il n'avait rien fait pour son bien-être personnel. mais une telle assertion ne résiste pas à l'examen des histoirens à cet égard. il apparaît clairement d'après l'étude de la biographie du 3e calife qu'il n'avait rien à envier à ceux qu'il avait enrichis démesurément. en effet, `othmân avait une denture en or. il portait un manteau de fourrure soyeuse qui valait cent dinars. le manteau de sa femme, nâ'ilah valait cent dinars aussi(94). il y avait un coffre-fort plein d'or et d'argent à médine. `othmân en fit sortir les ornements pour les réserver à sa famille. cela souleva une levée de bouclier parmi les gens et les protestations fusèrent de toutes parts. `othmân eut même une altercation avec `ali à ce propos, mais il resta de marbre(95). il se fit construire un palace à médine; il fut renforcé par des pierres et une pinacle, et ses portes étaient en teck et platane. il détenait une immense fortune. il possédait de nombreuses sources à médine. les histoirens affirment qu'il laissa derrière lui après son assassinat 300 millions et cinq cent mille (300.500.000) dirhams et cinq million (5.000.000) dinars. parmi tous les biens qu'il laissa, ceux de la vallée de qurâ et de hunayn seulement valaient 100.000 dinars. en outre, il laissa beaucoup de chameaux et de chevaux derrière lui. selon ibn sa`d la valeur de son patrimoine dans la vallée de qurâ et khaybar était de 200.000 dinars(96), et selon jorji zaydân, de 1.000.000 dinars(97). de plus, il laissa mille esclaves(98), ainsi que mille chameaux à rabadhah(99). chapitre 17 les causes profondes de l'amertume d'abû zar il est établi qu'abû zar avait connu le saint prophète et ses ahl-ul-bayt de très près et qu'il était resté intimement lié à eux. il avait pu ainsi voir très clairement chaque aspect de leur vie et apprendre beaucoup de choses à travers cette noble famille dans laquelle était descendue la révélation et dont la conduite et les comportements étaient la traduction exacte et l'incarnation parfaite des préceptes de l'islam. il avait vu de ses propres yeux plus d'une fois le saint prophète rester à la mosquée le ventre creux et ses enfants affamés à la maison (100). abû zar avait vu également l'imam `ali travailler dur pour gagner sa vie, enveloppé de vêtements rudes et grossiers. il l'avait entendu exhorter sa servante africaine, "fidh-dhah": «o fidh-dhah! nous les ahl-ul-bayt, n'avons pas été créés pour le monde de gains matériels, mais pour nous consacrer à l'adoration d'allah et la propagation de son message, l'islam. il est de notre devoir de rehausser la morale de l'homme, d'allumer la lumière de l'unicité d'allah dans les coeurs des gens et de préparer le chemin de leur bien-être». abû zar avait également vu `ali manger du pain d'orge sec, porter les sacs de farine sur son dos aux maisons des pauvres, des veuves, et des orphelins. il l'avait entendu souvent dire: «o monde d'ici-bas! va séduire quelqu'un d'autre que moi. j'ai divorcé avec toi». il avait vu maintes fois les descendants du prophète mohammad (les ahl-ul-bayt) manger et partager leurs repas avec leurs serviteurs autour d'une même nappe. il avait toujours présent à l'esprit l'état d'angoisse dans lequel s'était trouvé un jour le prophète parce qu'il devait garder pendant une nuit quatre dinars du trésor public qu'il n'avait pas pu distribuer à leurs destinataires pendant la journée. les mots suivants que le saint prophète lui avait adressés un jour résonnaient toujours dans ses oreilles et lui semblaient comme un enseignement anachronique par rapport à ce qu'il voyait maintenant sous le califat de `othmân. «o abû tharr! même si je possédais une quantité d'or équivalente au mont d'ohod, je ne voudrais pas en garder un petit morceau sur moi». comment dès lors l'ami fidèle et le confident dévoué du prophète pouvait-il se taire en voyant l'islam se métamorphoser et les enseignements de ses gardiens foulés aux pieds?! dès la disparition du messager d'allah tout ou presque avait changé. l'injustice et la tyrannie allaient rampantes. l'allégeance aux califes s'obtenait de force, la maison des ahl-ul-bayt brûlée et on avait osé même forcer la porte de la maison de sa fille fâtimah al-zahrâ', la maîtresse des femmes du paradis, et la faire tomber sur elle pour tenter d'arracher la prestation du serment d'allégeance à l'imam `ali(101). `ali était emmené, la corde autour du cou pour l'obliger à prêter serment d'allégeance et des grands compagnons avaient été conduits à s'enfermer dans leurs maisons pour ne pas se compromettre devant allah en obéissant à un pouvoir qui ne respecta pas la volonté du messager d'allah. abû zar n'était ni par tempérament ni par formation religieuse quelqu'un qui acceptait l'injustice et le piétinement de la vérité sans réagir.
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