ABU ZHAR AL GHIFARI»`ali se rendit, comme promis, chez `othmân et lui dit: «o `othmân! tu te montres trop hâtif dans certaines affaires et tu ignores les suggestions des amis et des conseillers. tout d'abord tu as expulsé abû zar de médine. c'était un musulman vertueux, un compagnon notable du saint prophète et le meilleur des immigrants. tu l'as déporté à rabdhah où le pauvre est mort dans la solitude. ce faisant tu as attiré encore plus l'hostilité des musulmans envers toi. maintenant, j'apprends que tu as décidé de bannir `ammâr aussi, de médine. ce n'est pas bien. crains allah et renonce à la décision de son bannissement. pour l'amour d'allah! abstiens-toi de chercher des ennuis aux compagnons du prophète et laisse-les vivre en paix». `othmân se fâcha en entendant `ali parler ainsi et lui dit avec colère: «tu devrais être le premier à être banni de médine, car c'est toi qui causes la ruine d'abû zar et d'autres». »réagissant à ces propos indécents, `ali répondit: «o `othmân! comment oses-tu avoir de telles idées sur moi? tu ne seras pas capable de mettre à exécution ta menace, même si tu le désires sérieusement, et si tu ne me crois pas, essaie, tu verras ce qui se passera et tu sauras à qui tu as à faire. et puis tu dis que c'est moi la cause de la ruine de `ammâr et d'autres! par allah! tous ces désordres sont de ton fait. je ne les vois commettre aucune faute. tu fais des choses qui sont contraires à la religion et à la décence. les gens ne peuvent plus les tolérer et ils sont en train de se mettre contre toi. tu ne dois plus accepter ces choses-là . tu te sens offensé par tout le monde et tu réagis en conséquence, créant des ennuis à tout le monde. cette attitude est très éloignée de celle de tes prédécesseurs». puis `ali se releva et partit. »lorsque les bani makhzûm revinrent voir `ali pour savoir ce que le calife avait dit à propos de leur affaire, il leur conseilla: «dites à `ammâr de rester enfermé chez lui et de ne pas sortir. allah le sauvera des mauvaises intentions». `othmân fut informé du conseil de `ali aux banî makhzûm et il renonça à bannir `ammâr. zayd ibn thâbit dit à `othmân: «si le calife le désire, nous pouvons aller voir `ali pour un échange de vues afin de dissiper le malentendu entre vous et rétablir les relations normales». le calife répondit: «vous avez la liberté de le faire». »zayd ibn thâbit se rendit chez `ali avec al-mughîrah ibn ahnas al-thaqafî. les deux hommes prirent place, après avoir salué `ali. zayd ibn thâbit engagea la conversation en commençant par lui adresser des compliments: «personne dans le monde n'occupe, auprès du prophète, la même position que toi que ce soit par le degré de parenté et de proximité ou par le statut et l'honneur dont tu jouis. personne ne peut non plus t'égaler dans ton soutien à l'islam ni dans ton ancienneté au sein de cette religion. tu es la fontaine de la vertu et la source de la générosité». »après cette introduction élogieuse, zayd ibn thâbit parla de la véritable raison de sa venue: "o `ali ibn abî tâlib! nous étions chez le calife `othmân et il s'est plaint de toi et dit que parfois tu objectes à ses décisions et interfères dans des affaires qui relèvent de sa seule compétence. c'est pourquoi nous avons estimé qu'il serait sage de t'expliquer les choses afin d'effacer les contrariétés et les déplaisirs mutuels entre vous, ce qui satisfera tous les musulmans". »`ali dit: "par allah! tant que cela a été possible je n'ai objecté à rien ni ne me suis mêlé de rien. mais maintenant, la situation a pris une telle tournure qu'il n'est plus possible de fermer les yeux ni de garder le silence. j'ai dit la vérité à `othmân à propos de `ammâr, et c'est dans son intérêt, pour sa tranquillité et son bien-être. c'était de mon devoir de le faire, et je l'ai fait. c'est à lui de faire maintenant ce qu'il veut". »al-mughîrah ibn ahnas prit alors la parole: "o `ali! tu dois accepter ce que le calife dit ou fait, peu importe que tu sois d'accord ou non dans ton for intérieur. tu dois considérer l'obéissance à ses ordres comme une nécessité impérieuse, car lui, il a le contrôle sur toi, et toi, tu n'as pas de pouvoir sur lui. il nous a envoyés uniquement pour être témoins de ce que tu dis afin que ce qu'il dise à propos de toi soit désormais justifié". »en entendant ces menaces à peine voilées, de mughîrah `ali se mit en colère et dit: "par allah, celui que vous soutenez ne sera jamais honoré et celui que vous mettez en marche ne connaîtra pas le repos. allez-vous-en". »al-mughîrah fut sidéré par ce que `ali venait de leur dire et il ne put prononcer un seul mot. mais zayd ibn thâbit intervint pour réparer la gaffe de son compagnon: "o `ali! al-mughîrah dit des bêtises. ce qu'il a dit, il l'a sorti de lui-même. par allah nous ne sommes pas venus ici pour porter témoignage, et il n'est nullement dans notre intention de te critiquer ni d'objecter à ce que tu dis. nous voulions seulement ouvrir la voie à une bonne volonté mutuelle et à la réconciliation. tel était le seul but de notre venue ici. nous te prions d'y penser". `ali exprima sa satisfaction et zayd ibn thâbit repartit.»
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