Pphilosophie de l’Islam (Livre 1)En raison de sa connaissance des secrets de la nature et de ses merveilleuses découvertes concernant le contrôle et l'exploitation des forces naturelles, l'homme de notre époque est parvenu au zénith du bien-être matériel et il a transformé toute la terre, à son profit, en un lieu magnifique et bien fourni, lui permettant de mener la vie heureuse et tranquille dont il a toujours rêvé. Des animaux goulus
C'était là une face de la médaille, mais celle-ci en a une autre. La civilisation matérielle d'aujourd'hui a résolu beaucoup de problèmes de la vie, et a doté l'homme d'une force éblouissante en vue de contrôler la nature. Mais, en même temps, elle a tellement fait l'éloge et vanté le mérite de l'idée d'acquérir toujours plus, qu'elle a rendu l'homme contemporain comme un animal avide, préoccupé jour et nuit de l'augmentation de la production et de la consommation, et ne pensant à rien d'autre. Le matérialisme, et l'intérêt excessif pour les affaires économiques, ont transformé l'homme en machine. Il est toujours occupé à gagner sa vie ou à trouver le moyen de mener une vie plus luxueuse. Cet état d'esprit est tellement répandu que la vie de la plupart des hommes de notre époque est presque dépouillée de tout autre contenu valable. Il y eut une époque où l'homme attachait plus d'importance à sa liberté, et sacrifiait même sa vie pour elle. Maintenant, il est devenu l'esclave de la production et de la consommation, et il a sacrifié l'amour de la liberté sur l'autel de cette divinité matérielle. Avec le progrès de la civilisation matérielle, les besoins de consommation de l'homme, et les moyens de les satisfaire, sont devenus tellement complexes que beaucoup de gens sacrifient leur bien-être physique et moral pour atteindre ce but. Dans la société matérielle d'aujourd'hui toutes les hautes valeurs humaines ont été laissées de côté, et on peut dire que même les valeurs morales sont regardées sous un angle matériel. Dans la majeure partie du monde, la vraie infrastructure de l'éducation et de la formation est orientée vers le gain matériel et économique. Le véritable but de l'élaboration d'un programme d'éducation et de formation est souvent de préparer des hommes capables de réaliser le meilleur revenu économique pour les autres, et parfois pour eux-mêmes. La devise de tout un chacun, de l'homme de la rue à l'élite, est devenue : "Réalisez un gain économique et tirez les plaisirs matériels qui s'ensuivent". Les spécialistes des domaines élevés, intellectuels et techniques, les politiciens, les écrivains et les artistes, ne font pas exception à cette règle. Même, beaucoup de ceux qui sont dévoués à des causes hautement spirituelles ont été affectés par des attractions matérielles et économiques. Le travail missionnaire est le plus souvent accompli contre une rémunération financière et matérielle. Cette situation est le résultat naturel et inévitable de la profession de diverges philosophies qui prévalent à notre époque. Jour et nuit, on répète inlassablement à l'homme qu'il n'est rien qu'un animal économique, et que la fortune et la prospérité économique constituent le seul critère d'une bonne richesse, et le seul signe de progrès d'une nation, d'une classe ou d'un groupe. On essaie constamment de faire croire aux gens que l'argent a un pouvoir miraculeux et qu'il peut résoudre tous les problèmes. On parle souvent de grosses sommes d'argent qu'on aurait obtenues par hasard, ou volées directement ou indirectement à ses semblables, et qu'on a dépensées pour assouvir les instincts les plus bestiaux. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les hommes, ou plutôt les demi-hommes de notre époque, se soient transformés en animaux goulus, disposés à acquérir l'argent de n'importe quelle source s'offrant à eux, et à le dépenser pour obtenir le plus grand plaisir possible. Ils sont devenus les esclaves de la production et de la consommation. Leur vie est totalement dépouillée de hautes valeurs dignes de la vie d'un être humain, et tend à la vulgarité et à la dégradation. En quête d'une philosophie de la vie et de ses buts
Il est satisfaisant de constater que de nouvelles voix d'indignation se sont élevées ça et là , dans ce monde épris de production et de consommation. Elles permettent d'espérer que peut-être le temps est venu pour délivrer l'homme de notre époque des chaînes de ce moyen économique. Heureusement que ces voix appartiennent à la jeunesse plutôt qu'aux gens d'âge moyen ou plus âgés. En effet, depuis quelque temps, la jeunesse a montré une réaction pratique, et a dit à haute voix qu'elle trouve sa vie insensée et vulgaire dans le magnifique palais qu'on lui a fourni. Ils veulent savoir :
Si les gens sont en général heureux dans ce palais ? Si le bateau de leur vie, rempli de toutes sortes d'éléments de confort et d'équipements de voyage les conduit vers un rivage de paix et de félicité ?
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