Pphilosophie de l’Islam (Livre 2) 2Ceux qui soutiennent que c'est la société qui est importante, maintiennent qu'un individu est comme une cellule dans un corps vivant. Une cellule ne peut être indépendante de l'ensemble du corps et de son système complexe, ni ne peut se développer pleinement, et cela indépendamment du fait que le corps soit sain ou non. De la même façon, un individu ne peut être indépendant du système social dans lequel il vit. Il devra suivre la voie vers laquelle le poussent les puissantes forces sociales et économiques dominant la société. Certaines écoles sociales contemporaines ont poussé si loin leur confiance dans l'importance de la société, telle qu'elle est décrite ci-dessus, qu'elles font apparaître l'homme comme un être totalement dépendant de la société et de sa classe, comme s'il devait suivre forcément la voie que lui montre l'environnement social et de classe, et comme s'il n'avait pas la moindre possibilité d'exercer sa propre volonté ni son propre choix. Il résulte de cette opinion que le principe, selon lequel chacun doit se réformer soi-même afin que toute la société soit réformée, cède la place à un autre principe, selon lequel c'est le système social qui doit être changé et réformé, afin que les individus soient automatiquement réformés. C'est la combinaison de l'individu et de la société qui est importante Selon cette opinion c'est la combinaison de l'individu et de la société qui est importante. L'individu est un être qui n'est ni totalement indépendant, ni totalement dépendant de la société. Il a une position intermédiaire. Il ne fait pas de doute que l'ensemble du système éducatif, économique et politique de la société laisse ses effets sur l'individu, ses idées et sa personnalité. Il suscite certains désirs en lui, et en supprime certains autres. Il façonne sa vie, et guide sa volonté. Toutefois son impact n'est pas assez fort pour rendre l'individu totalement subordonné à son environnement social. Il est similaire à l'impact de l'environnement naturel sur lui. A la différence des autres choses existantes, l'homme n'est pas totalement dépendant de son environnement nature. Dans beaucoup de cas, il règne sur la nature, et usant de sa conscience et exploitant ses forces latentes internes, il s'efforce de changer son environnement naturel ou de le mettre sous son contrôle. Il a le même genre de rapports avec son environnement social et de classe également. Il ne s'y soumet pas totalement. Il essaie de comprendre les lois sociologiques et, en se servant de ses connaissances et de ses forces latentes, il s'efforce de contrôler et de changer son environnement social à son propre avantage. Il n'est pas toujours en accord avec le système social existant. C'est pourquoi, bien que les changements aient leurs propres lois et tendances, et que la plupart d'entre eux soient dus à des facteurs agissant à l'intérieur de la société en tant qu'un ensemble, un bon nombre d'entre eux ont lieu à la suite des efforts incessants d'individus consciencieux et enthousiastes. Ainsi, ni l'individu, ni la société ou le système social, n'ont l'exclusivité de l'importance. Ce qui est important, c'est la combinaison des deux. Une étude globale des enseignements islamiques montrerait qu'ils sont fondés sur cette troisième opinion, celle qui donne la réelle importance à un mélange de l'individu et de la société. Nous observons que les enseignements islamiques insistent d'une part sur la responsabilité de l'individu dans son auto-formation et la formation de l'environnement, et d'autre part sur l'inévitable influence de l'atmosphère sociale sur la formation des idées, des intentions et des actions morales de l'homme, ce qui laisse à penser que tous les hommes sont largement interdépendants dans la formation de leur destin.
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