Pphilosophie de l’Islam (Livre 2) 2Une fois, il désigna du doigt l'Imam Ali (P) et dit : «Par Celui Qui détient ma vie entre Ses Mains! Cet homme et ses Chî'ah seront heureux le Jour de la Résurrection». ("Al-Durr al-Manthûr", d'al-Suyûtî). Dans d'autres occasions aussi il utilisa des expressions similaires. Elles sont mentionnées dans "Al-Çawâ'iq al-Muhriqah" d'Ibn Hajar al-Chafi'i, et dans "Al-Nihâyah", d'Ibn al-Athîr. Donc les Musulmans étaient familiarisés, dès l'époque du Prophète, avec l'idée qu'Ali (P) serait un Imam et qu'il aurait pour partisans ceux qui seraient le modèle des vrais Musulmans. Après le décès du Prophète, et alors que les Hâchimites et quelques autres Compagnons(14) étaient occupés à ses funérailles, un groupe de Muhâjirine et d'Ançâr se sont réunis à al-Saqifah pour décider de la question du Califat. Ce groupe a fini par annoncer que c'était Abou Bakr qui avait été élu dirigeant de la Ummah. Les Hâchimites et quelques autres Compagnons ont refusé de prêter serment d'allégeance, et ont critiqué ouvertement la décision prise en leur absence. Ils ont fait remarquer qu'Ali (P) était supérieur à tous les égards, et que le Saint Prophète avait déjà laissé entendre son Imamat. L'Imam Ali (P) lui-même dit à ce propos : «Par Allah! Nous sommes (les Ahl-ul-Bayt) les plus dignes du Califat, car nous appartenons à la Maison du Prophète. Il y a parmi nous des gens qui comprennent le Coran, qui ont une connaissance suffisante du Coran et de la Sunnah, et qui sont au courant des problèmes de la société. Ils défendent les droits du peuple contre les violations, et distribuent la richesse équitablement. De tels personnes méritent de tenir les rênes du gouvernement ». ("Al-Imâmah Wal Siyâsah", d'Ibn Qutaybah) Quelques autres compagnons du Prophète, tels Salmân al-Fârici et Abu Tharr ont tenu des propos similaires en public et devant le calife lui-même. ("Ibn Abi al-Hadid al-Mo'tazili", vol. II, p. 17, et "Târikh, al-Ya'qûbi", vol. II, p. 148) Mais étant donné que lajeune société islamique était menacée par le danger des ennemis extérieurs etdes hypocrites intérieurs, l'Imam Ali (P) évita d'entreprendre une actioncontre le gouvernement et ne voulut pas perturber l'unité des Musulmans dansces circonstances critiques. Il déclina la proposition d'Abou Sufiyân qui luidemanda de se déclarer calife et de combattre Abou Bakr. Cependant, la question de la légitimité du Califat d'Ali (P) ne put être enterrée. Nombre des Compagnons du Prophète restèrent sur leurs positions. Peu à peu, les partisans, ou les Chî'ah, de l'Imam Ali (P) devinrent un corps distingué. Certains savants musulmans ont rassemblé à partir de diverses sources ("Al-Içâbah", "Uçûl al-Ghâbah", "Al-Istihbâb") les noms de trois cents Compagnons (du Prophète) qui avaient été chiites.(15) Le deuxième calife accéda au pouvoir sur la base de sa nomination par le premier calife, ce qui ne manqua pas d'inquiéter les Hâchimites et les proches partisans de l'Imam Ali (P). Ils craignaient que les futurs califes aussi ne soient, en violation des instructions du Prophète, nommés par leurs prédécesseurs. Le comité de six membres désigné par le deuxième calife, bien que comprenant l'Imam Ali (P), avait été formé de sorte que ce dernier soit exclu de la succession au second calife. Othmân fut ainsi nommé troisième calife.
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