l'islam



cette brillante civilisation a souvent été désignée comme l’âge d’or de l’islam.

les arabes sont célèbres dans le monde entier pour leur habileté de commerçants et le raffinement de leurs moeurs. des marchands vont même jusqu’en chine. la médecine déjà commence à se développer, ainsi que l’astronomie et la physique. c’est à bagdad que l’astronome al-khwarizmi invente l’algèbre. les relations internationales des souverains abbassides les mettent en correspondance avec charlemagne. dans le monde entier, on admire la civilisation musulmane : les européens ont, eux aussi, l’exemple du calife de cordoue (ce descendant de la branche omayyade, rescapé de la tuerie et réfugié en andalousie), qui règne sur tout le sud de l’espagne et sur une partie de l’afrique du nord, protecteur des arts et des lettres.

cependant, la période abbasside marque aussi le début des grandes scissions dans le monde musulman ainsi que les origines de la décadence qui va bientôt affecter les souverains et leur entourage. l’islam se trouve coupé en deux par l’existence de deux pôles d’attraction dont l’influence est presque égale, le califat de bagdad et celui de cordoue. deux mondes s’affrontent : l’orient et l’occident.

et ce n’est que le début des partages : dans chaque pays, les principautés veulent leur indépendance; les sultans sont de plus en plus autonomes : un autre califat s’installe au caire avec un souverain chiite, les guerres entre émirats et sultanats ne sont pas rares, les soulèvements dans les campagnes sont constants, les sectes et déviations religieuses se font jour un peu partout.

de 750 à 991, vingt-cinq califes abbassides se succéderont à bagdad. mais ils gouvernent de moins en moins, soit parce qu’ils sont trop jeunes, soit parce qu’ils sont trop occupés par leurs fêtes, leurs femmes et leur or. c’est donc le grand vizir (souvent ... d’origine iranienne) qui administre le pays à la place du calife, secondé par le responsable de l’armée et le collecteur d’impôt, figure bien impopulaire.

car ne n’est pas seulement l’âge d’or que celui de harûn al-ra-chid, par exemple, promu calife à vingt-trois ans et resté célèbre grâce aux contes des mille et une nuits: c’est aussi celui de la décadence. et c’est sans doute de cette époque que nous vient toute l’imagerie fantaisiste des plaisirs de l’arabie : femmes de harems, toutes plus belles les unes que les autres, gardées par des eunuques; danseuses lascives et charmeurs de serpents, amusant en permanence le calife et sa cour, environnés de parfums subtils; vaisselles en or, bijoux précieux, étoffes soyeuses, dolce vita avant la lettre pour les riches et les puissants! les moeurs persanes ont supplanté celles des arabes. cette vie de luxe, en contradiction avec la loi coranique et terriblement provocatrice pour le peuple asservi et pressuré, ne peut que mener les souverains abbassides à la catastrophe. comment peuvent-ils donner un exemple aussi déplorable, eux qui sont, selon la tradition, les successeurs du prophète? les chiites et les kharidjites ont beau jeu de se soulever. les pauvres et les opprimés trouvent facilement les leaders pour orchestrer leurs révoltes, toujours réprimées dans le sang grâce à l’armée de mercenaires que les califes ont levée pour protéger leur pouvoir.

cette décadence et ce déséquilibre social vont provoquer de nouvelles scissions dans le monde musulman: une révolution réussie rend autonome le bahrein; des royaumes indépendants s’installent en égypte et en syrie avec la dynastie toulounide, puis avec la dynastie bouyde qui «prend» bagdad en 945. d’origine iranienne, les bouyides seront les premiers à adopter pour les souverains le titre de «châhinchâh»; des bandes révolutionnaires harcèlent les califes en place : les karmates, par exemple, auront beaucoup de succès avant d’être finalement vaincus. les coups d’état chiites succèdent aux répressions sunnites, et les victoires aux défaites. la belle organisation unitaire voulue par les premiers califes pour remplacer les tribus et les clans est mise en échec.

la terre islamique est bien difficile à unifier, chaque ethnie, chaque royaume se réclamant d’un particularisme souvent légitime, religieux ou culturel: à la fin du xe siècle, le calife de bagdad est obligé de partager sa souveraineté avec les califes fatimides (branche chiite ismaélienne) installés en égypte et dans toute l’afrique du nord, les califes omayyades de cordoue, les émirs bouyides qui règnent sur l’iran et l’irak,les émirs hamdamides et samanides qui, dès 875, dominent la transoxiane et le khurasan, les zaydites qui gouvernent au yémen et, bientôt, les turcs saljoukides qui, au siècle suivant, étendront leur influence jusqu’à la mecque - cette dynastie saljoukide qui régnera en iran et au proche-orient jusqu’au début du xie siècle. (malfray, pp.52-54)

6 la fin de l’empire islamique

 



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