l'islamà médine, muhammad pourra continuer à recevoir ses révélations qui s’étendront encore sur à peu près dix ans, mais il pourra surtout prêcher à des gens ouverts à ce qu’il dit. muhammad aura en outre l’occasion à médine de devenir ce qu’il n’avait pas encore pu être à la mecque, un leader politique respecté. à médine, aussi, il pourra refaire sa vie sentimentale. il prendra alors au moins neuf femmes et trois ou quatre concubines. à médine, donc, beaucoup ne tardent pas à se convertir et la deuxième phase de la naissance de l’islam est enclenchée. haï par beaucoup dont les qoraïchites de la mecque, suscitant la méfiance des juifs, muhammad n’a pas réglé le problème de la mecque en déménageant à yathrib. il s’est seulement installé dans une ville plus accueillante. il fait de nombreux disciples mais rien n’arrange sa situation auprès de ceux qui ne l’aiment pas. en 624, muhammad décide que le temps de la jihâd ou guerre sainte est venu. il lève une armée et, plutôt d’attendre que les ennemis prennent l’initiative ou que dieu les détruisent parce qu’ils sont infidèles, muhammad devance tout le monde et à la tête d’une armée composée de presque tous les hommes de médine, commence à multiplier les batailles. une de ces batailles est restée célèbre. malfray la raconte ainsi: un jour, désireux sans doute d’en finir, les qoraïchites réunissent tous les hommes de la cité, engagent des mercenaires de tout bord et partent pour médine: ils sont quelque dix mille, et tous bien armés. mahomet a eu vent de l’opération et sur le conseil, dit-on, d’un émigré perse, salmân pak, a fait creuser tout autour de l’oasis un large fossé qui empêche quiconque d’entrer dans l’enceinte de celle-ci... déconcertés, les qoraïchites, sous le commandement de abou sofyân, entament le siège de médine, résistant mal aux tirs de harcèlement des musulmans. le résultat ne tarde pas à consacrer totalement la victoire du prophète, car le siège traîne en longueur et les qoraïchites sont bien obligés de se rendre à l’évidence: on ne peut "prendre" médine, comme ils l’avaient imaginé. si tel est le cas, la preuve est faite: ce mahomet doit bien être un "envoyé de dieu". aussi les mecquois s’en furent-ils comme ils étaient venus, mais profondément ébranlés. (malfray, p.38) cette bataille, connue sous le nom de "bataille du fossé" aura de grandes conséquences sur l’expansion de l’islam. beaucoup d’indécis se rallieront à la cause de muhammad et les conversions se multiplieront. médine deviendra une ville très importante et enrichie par les prises de guerre. muhammad y régnera en chef spirituel et politique. autour de 628, muhammad marche sur la mecque et, plutôt que d’envahir la ville, se met à négocier avec les dirigeants. il en arrive à une entente de trêve comprenant entre autres le droit de venir en pèlerinage annuel à la mecque. c’est précisément cette entente qui lui permettra, au moment d’un pèlerinage suivant, d’entrer à la mecque à la tête de dix mille hommes sans qu’aucune résistance ne lui soit opposée. nous sommes en 630. faut-il penser que la révélation qu’apporte muhammad a soudain illuminé tout le monde? malfray voit dans cette attitude plus qu’une ferveur religieuse: les arabes sont-ils mûrs, cette fois, pour l’islam? sont-ils lassés de cette guerre fratricide? ont-ils compris le message d’allah? ou bien la conjoncture idéologique est-elle plus favorable? il est en effet probable que beaucoup ont saisi, au long de ces années, que mahomet apporte aux arabes une solution aux luttes d’influence des chrétiens et des juifs. il est certain aussi qu’au sein des "grandes puissances" de l’époque, l’arabie du hedjaz ne peut espérer un rôle très important tant que les dissensions internes ne seront pas calmées : mahomet apporte, en quelque sorte, le moyen de donner au peuple arabe une spécificité, à la fois religieuse et philosophique, mais aussi le modèle d’une organisation sociale.(malfray, p.40) quoiqu’il en soit des raisons de la conversion de l’ensemble des mecquois, il n’en demeure pas moins que tout à coup, l’islam se développe à une vitesse accrue. il ne reste plus à muhammad qu’à organiser comme il l’entend ce qu’on pourrait appeler sa nouvelle ville où par ailleurs il ne restera pas longtemps. après médine, la mecque devient donc presque totalement musulmane : même abou sofyân, l’un des chefs qoraïchites les plus hostiles à mahomet, se convertit dans les premiers! oh! il y a bien les quelques bavures inévitables, lors de tout changement de régime : représailles et confiscations de biens, exécutions et exils, mais, dans l’ensemble, l’armée de mahomet et la destruction des idoles d’hier à la kaaba sont accueillies avec soulagement.
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