HISTOIRE DE L’ISLAMSelon une autre tradition, le Prophète (ç) avait ordonné à 'Abdullâh Ibn Zam'ah de demander aux membres de la congrégation de lire eux-mêmes les récitations des prières: Alors que 'Abdullâh se dirigeait vers le Masjid, 'Omar fut le premier à le rencontrer. Aussi lui demanda-t-il de diriger les prières. 'Omar se mit alors debout et de sa voix puissante il commença à réciter la formule préparatoire à la prière, "Allâhu Akbar". Le Prophète (ç) entendant la voix de 'Omar depuis son appartement s'écria: «Non! Non! Ne laissez personne d'autre qu'Abû Bakr diriger les prières». 'Omar se retira et désapprouva la conduite de Zam'ah. Celui-ci reconnut alors que le Prophète (ç) ne lui avait nommé aucune personne en particulier pour conduire les prières. Une troisième tradition affirme: Lorsque l'heure de la prière en assemblée fut arrivée, le Prophète (ç) demanda de l'eau pour faire ses ablutions. Mais essayant de se lever, ses forces le trahirent au point qu'il commanda qu'Abû Bakr récite les prières dans la congrégation. Et ayant donné cet ordre, il s'évanouit. Dès qu'il reprit connaissance, il demanda si Abû Bakr avait bien reçu son ordre. 'آyechah répondit qu'Abû Bakr avait le cur tendre, qu'il pleurerait et que les gens entendraient difficilement sa voix; bref, que 'Omar conviendrait mieux, s'il recevait l'ordre de diriger les prières. Mais le Prophète (ç) réitéra l'ordre qu'Abû Bakr récite les prières à la congrégation. 'آyechah recommanda encore 'Omar pour cette tâche, mais le Prophète (ç) voulait que personne d'autre qu'Abû Bakr ne fasse les récitations. Ensuite, sur l'insistance de 'آyechah, on exhorta le Prophète (ç) à autoriser 'Omar à présider à la congrégation. Contrarié et irrité, le Prophète (ç) s'exclama: «Vraiment vous êtes pareils aux femmes stupides de l'histoire de Joseph! Faites exécuter tout de suite l'ordre que j'ai donné». L'ordre fut donné et Abû Bakr se mit à réciter le Takbîr. Dans l'intervalle, le Prophète (ç) ayant récupéré ses forces, était venu au Masjid, soutenu par Ali (as) et 'Abbâs. Lorsqu'Abû Bakr entendit le bruissement des vêtements du Prophète (ç), il s'apprêta à revenir en arrière pour se ranger parmi la congrégation, mais le Prophète (ç) lui ordonna de rester à sa place et il s'assit à côté de lui. Ainsi, dans la prière, Abû Bakr fut dirigé par le Prophète (ç) et la congrégation par Abû Bakr. Selon une tradition, Hafçah avait donné l'ordre à Bilâl de faire en sorte que son père ('Omar) dirigeât les prières publiques. A la suite de quoi, Mohammad la réprimanda et dit: «Elle est comme les femmes de l'histoire de Joseph». Et d'ajouter: «Dis à Abû Bakr de diriger les prières, car vraiment, si je n'en fais pas mon député, les gens ne lui obéiront pas». (K. Wâqidî, p. 145, cité par W. Muir, op. cit.,vol. IV, p. 266). «On dit qu'Abû Bakr dirigea les prières pendant trois jours avant le décès du Prophète (ç). Selon une autre tradition, il dirigea les prières à dix-sept occasions, ce qui équivaudrait à trois jours et une partie du quatrième». (K. Wâqidî, p. 145, cité par W. Muir, vol. IV, p. 264). Il ressort des différentes traditions précitées que le Prophète (ç) sortit jusqu'au dernier jour de sa vie au Masjid et dirigea lui-même les prières. Il est raisonnable aussi de penser, que le Prophète (ç) ayant déjà donné l'ordre à Abû Bakr de partir avec l'armée de Osâmah et invoqué la malédiction contre qui conque négligerait d'exécuter l'ordre de rejoindre l'armée n'eût pas pu en même temps lui donner l'ordre de présider aux Prières Publiques à Médine - ce qui aurait supposé qu'Abû Bakr se fût trouvé à Médine, contrairement à son ordre précédent qu'il ne retira pas jusqu'à sa mort. On dit que le droit de présider à une prière publique était toujours reconnu comme le signe manifeste du chef du pouvoir séculier. Si Abû Bakr avait été vraiment désigné pour présider aux Prières Publiques, les Ançâr qu'on prétend s'être rassemblés à Saqîfah pour choisir un Calife alors que le corps du Prophète (ç) n'avait encore été ni lavé ni enseveli, n'auraient pas osé entreprendre si hâtivement cette initiative en infraction avec un si récent ordre du Prophète (ç), négligeant à ce point le fait que la prétendue désignation d'Abû Bakr pour diriger les prières aurait signifié qu'il avait été investi de l'Autorité Suprême. Une grande partie des Musulmans infèrent donc d'une manière probante que l'imamat d'Abû Bakr fut imaginé après coup afin de justifier son accession au Pouvoir Suprême après la mort du Prophète (ç). Un autre jour, le Prophète (ç) s'adressa au peuple, après les prières, dans les termes suivants: «Frères! Si j'ai causé injustement à quiconque d'entre vous un mal, je soumets mes épaules d sa vengeance. Si j'ai calomnié la réputation de quiconque d'entre vous, qu'il vienne relever mes fautes devant l'assemblée. Si je dois quoi que ce soit à quiconque, qu'il s'avance pour me réclamer son dû, le peu que je possède servira d m'acquitter. Je préfère subir un affront dans ce monde plutôt que dans l'autre». Et le Prophète (ç) d'ajouter: «Je n'ai rendu légal que ce que Dieu avait rendu légal, et je n'ai interdit que ce que Dieu avait prohibé». Un homme sortit des rangs de l'assistance et réclama trois dirhams qui lui furent payés tout de suite. Après quoi, le Prophète (ç) rentra à la maison.
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