Essayons de nous comprendre (un dialogue Shia-Sunnite)



KHUMS


Sulaiman: Et c'est quoi le Khums? Parce qu'il est bénéfique pour eux, vos savants l'ont décrété wajib, n'est-ce pas?

Ja'far: Dire une chose pareille est naturellement contre la raison. Vous devriez connaître que Khums est un devoir religieux comme l'a prescrit Allah dans le saint Coran:

"Et sachez que dant tout ce que vous gagnez, le cinquième reviendra à Allah et au Messager, et aux parents, et aux orphelins, et aux nécessiteux et aux voyageurs, si vous croyez en Allah et à ce que Nous avons fait descendre sur Notre serviteur …"

(Surah Anfal 8:41)

Le verset ci-dessus fut révélé à une occasion particulière. Cependant, il s'étend pour tous les temps et il indique que tous les Musulmans doivent payer 1/5 de leurs profits (Ghaneemah) et de tout ce qu'ils gagnent sans efforts comme les butins de guerre. Les profits qu'on obtient dans les affaires sont connus comme Ghaneema des affaires, etc. En partant de ce raisonnement, comment peut-on alors dire que le Khums s'applique seulement pour les butins de guerre?

Il est mentionné dans les traditions du saint Prophète (s.a.w.s) et de ses Ahle Bayt (a.s) qu'une personne demanda au Messager d'Allah (s.a.w.s) de lui éclaircir les articles composant la foi et le Prophète (s.a.w.s) lui répondit:

" Témoigner qu'il n'y a de Dieu à part Allah et que Muhammad est le Messager d'Allah. Accomplir la prière (salaat), payer Zakat, jeûner le mois de Ramadan et payer 1/5 de profits (bénéfices -Khums)."

(Sahih Bukhari chapitre sur le Khums)

La même chose est mentionnée dans les lettres que le saint Prophète (s.a.w.s) envoya aux chefs des tribus pour les inviter à embrasser l'Islam. On rapporte plus précisément que la lettre envoyée au Yémen contenait ceci:

"Le Gouverneur devrait prendre le Khums d'Allah sur les butins. Il devrait aussi prendre le Sadaqat qui est wajib pour les croyants."

Sulaiman: Si le paiement de Khums est clairement prescrit, pourquoi les savants Sunnites décrètent-ils obligatoire le Khums que sur les butins de guerre?

Ja'far: Certains frères savants d'Ahle Sunna prescrivent bien sur le Khums sur la richesse minière, l'or et l'argent. Il est possible que ces gens se basent des traditions qui rapportent ce fait. Et les Shiitesdécrètent le Khums sur l'excès des profits wajib chaque année. D'après eux, c'est en rapport avec les traditions authentiques et l'interprétation des versets Coraniques que le Khums est wajib.

Sulaiman: Je voudrais connaître beaucoup plus sur les détails de Khums.

Ja'far: Khums signifie 20% des taxes religieux qu'un Musulman paye sur les profits, comme il est mentionné dans la Charias Islamique ou sur la richesse des mines et tout ce qui est en matière première et aussi sur la richesse maritime comme les perles et le corail. Le Terrain d'un Musulman vendu à un Kafir Zimmi et la propriété gagnée par Haraam mais non évidente ainsi que ces métaux. Sur toutes ces choses, après que les dépenses sont déduites, Khums doit être payé sur la balance totale des profits de l'année moins les dépenses annuelles.

Sulaiman: Ce que vous venez d'expliquer est selon les règles prescrites sur le Khums. Pouvez-vous nous dire comment vous calculez le Khums que vous payez?

Ja'far: Je dirais en bref qu'à la fin de chaque année, je calcule mes comptes pour voir combien j'ai gagné comme profit. Et de cette somme, je déduis 20% et le donne en tant que Khums.

Sulaiman: Donnez-vous Khums chaque année?

Ja'far: Ce n'est pas nécessaire. Si, je n'obtiens aucune bénéfice sur une année particulière, je n'ai pas à payer de Khums.

Sulaiman: Bien! Dites-moi maintenant à qui, faut-il donner le Khums?

Ja'far: Khums est distribué selon la méthode prescrite par le verset de Khums.

(Surah Anfal 8:41)

Sur cette base, Khums doit être divisé en deux parties:

Une première partie dite Sahme Sadaat, elle doit être donnée à un Sayyid qui est pauvre, orphelin ou démuni d'argent pendant un voyage.

La deuxième partie est dite Sahme Imam (a.s) et de nos jours, elle doit être donnée à un Mujtahid (juriste) qui répond à toutes les conditions ou elle peut être dépensée pour des objectifs autorisés par le Mujtahid. Et pour une précaution obligatoire, ce Mujtahid doit être Aalam (le plus instruit) et le plus préoccupé des affaires publiques.

Sahme Imam est généralement utilisée pour les activités religieuses comme la propagation et la construction des Mosquées.

Sulaiman: Une dernière question à propos de Khums. Il est dit que le Khums est utilisé pour financer les actes terroristes?

Ja'far: Le Terrorisme est employé par les agences d'intelligence qui ne font rien de bien pour l'Islam et les Musulmans. Il est connu que ces agences travaillent pour créer les disputes, la discorde entre les nations et déstabiliser les Royaumes et tuer des gens innocents. Or, tout cela est haraam. De tels gens ne sont justes et ceci est une condition indispensable pour être Marja-e-Deen. Sur ce, une telle personne n'est plus un Marja et ne peut donc pas recevoir de Khums.


MUJTAHID (JURISTE)


Sulaiman: Vous ne cessez de répéter les mots Mujtahid et Marja-e-Deen surtout quand vous parlez des lois de la Charia. Qui sont ces Mujtahid et Marja-e-Deen?

Ja'far: Mujtahid vient de Ijetehad qui signifie la science qui sort les règles de la Charias. Un expert en Ijetehad est connu comme un Mujtahid. Et l'Ijetehad est une méthode acceptée par toutes les écoles de la pensée Islamique.

Et celui qui est incapable de faire lui-même l'Ijetehad, a l'obligation de suivre un Mujtahid particulier. Ce fait est connu comme Taqleed. Parmi les Ahle Sunna, il y'avait quatre grands juristes viz, Ahmed Ibn Hanbal, Malik bine Anas, Abu Hanifa An-Noa'man et Idris Shafei. Mais, après la mort de ces quatre juristes, les portes d'Ijetehad furent fermées par les Sunnites et tous les Sunnites doivent choisir un de ces quatre pour le suivre en tant que Mujtahid.

Il y'a une petite différence en ce qui concerne les Shi-ites, le Prophète (s.a.w.s) était pendant son temps l'autorité suprême de la loi Islamique. Après lui, la place était transférée à Amirul Mo'mineen Ali (a.s) et ensuite, les Imams lui succédèrent jusqu'à la grande occultation d'Imam Mahdi (a.s). Jusqu'à ce temps, quand un Shi-ite avait un problème, il contactait l'Imam de son temps pour trouver la solution. Mais comme la grande occultation venait arrêter les contactes entre l'Imam et ses adeptes, le douzième Imam (a.s) leur dit:

"Et pour les problèmes à venir, référez-vous aux narrateurs de nos traditions car ils sont ma preuve pour vous et je suis la preuve d'Allah."

C'est à partir donc de cet ordre d'Imam Mahdi (a.s) que la fondation d'Ijetehad et Taqleed a vu le jour chez les Shi-ites.

Les Mujtahids en exercice ont la responsabilité de la garde de la religion et le bien-être des Musulmans depuis ce temps jusqu'à nos jours.

Pour être qualifié en tant que Marja, il faut avoir les qualités suivantes:

La Justice, la Maturité, Etre de sexe Masculin et Etre Sain. Il faut atteindre la position du savoir la plus élevée de l'Ijetehad. Etre de naissance légitime et vivant. Mais, on peut suivre un Marja décédé avec une seule condition qui est de trouver la permission du Mujtahid vivant et d'avoir été sous son Taqleed quand il était en vie. Les détails figurent dans les livres concernés.


AYATULLAH, HUJJATULLA.


Sulaiman: Vous donnez de différents titres honorifiques à vos érudits et Mujtahids, pouvez-vous expliquer cela?

Ja'far: Psychologiquement, nous nous trouvons reconnaissants à ceux qui nous ont offerts des faveurs. Nous respectons de telles personnalités et leur adressons des mots de respect. Mais, un tel phénomène est surtout commun dans le domaine de la politique, où on voit les gens adresser des titres tellement exagérés aux Rois et Dirigeants. Quelquefois, ils dépassent même les limites de la décence. Les traditions disent que Des anges propagent leurs ailes sous les pieds des érudits, et Allah fait entrer au Paradis ceux qui conduisent la voie du savoir. Le saint Coran évoque à cet égard:

"Seuls ceux de Ses serviteurs qui possèdent de la connaissance craignent Allah."

(Surah Fatir 35:28)

Le titre d'Ayatullah (signe d'Allah) est attribué aux savants de la religion qui ont atteint le statut de Mujtahid. Le Saint Coran a employé le terme Ayattullah même à des animaux et choses non vivants:

"… une preuve évidente vous est venue de votre Seigneur; cette chamelle d'Allah est pour vous un Signe…"

(Surah Araaf 7:73)

"Et parmi Ses Signes sont la nuit et le jour et le soleil et la lune…"

(Surah Ha Mim 41:37)

"Puis Nous avons fait descendre sur eux la tempête et les sauterelles, et les poux, et les grenouilles, et le sang- Signes manifestes."

(Surah Araaf 7:133)

Et maintenant, qu'est-ce que vous pensez de ceux qui ont fourni de grands efforts pour établir les règles de la Chariat qui est la lumière et le guide pour le monde? Ayatullah est le signe de ces efforts louables.

Quand à Hujjatullah, le mot signifie la preuve d'Allah. Il est la preuve et l'argument. Et ceux qui sont pieux, qui possèdent les connaissances de la religion et qui servent l'Islam et les Musulmans méritent vraiment qu'on leur attribue le titre de Hujjatullah.

 

LE MARIAGE TEMPORAIRE ( MUTA' )


Sulaiman: Maintenant, je désire aborder un sujet délicat même au sein des Shiiteseux-mêmes: le Muta'. Comment défendez-vous un tel cas en un moment où il n'y a aucune différence entre le Muta' et l'Adultère?

Ja'far: Je cherche refuge auprès d'Allah! Comment pouvez-vous égaler les deux?

Sulaiman: Dès qu'on vous évoque les traditions allant à l'encontre de Muta', vous ne trouvez plus d'arguments et vous mettez fin à la discussion.

Ja'far: Ce n'est pas vrai et il n'y a même pas de telles traditions. Et il est très regrettable que vous égaliez le Muta' à l'Adultère, par cette manière, vous êtes entrain de rendre un acte halaal à un acte haraam.

Il y'a, dans beaucoup de cas, tout juste une petite différence de halaal et haraam. Par exemple, il y'a une différence entre un Mariage temporaire et une liaison après que le divorce est prononcé sauf s'il y'a eu une récitation d'un Seegha. Et pour ce cas, la présence d'un témoin est considérée obligatoire par quelques sectes. Cependant, on nous accuse de permettre l'adultère parce qu'on considère halaal le Mariage Muta'.

Sulaiman: Pardonnez ce malentendu, et veuillez me décrire les détails du Mariage Muta'.

Ja'far: Muta' est un mariage où la durée du terme est fixée. La différence entre Muta' et Nikah (le mariage permanent) est qu'il n'y a pas de limite de temps pour le Nikah. Toutefois, le Nikah peut aussi se terminer par un divorce. Muta' est la même chose que le Nikah à la seule différence que dès le début, la durée du mariage est déterminée et l'union prend fin immédiatement après l'écoulement de la durée. Le Maher (la dot) et la limite du temps doivent être décidés avant la célébration. Un seegha (formule) est récité par la mariée et doit-être accepté par le marié tout comme dans un Nikah.

Muta' peut aussi se terminer avant la limite du temps en offrant la balance du temps à la mariée.

Et après le Muta', la femme doit observer une période de temps avant de pouvoir se remarier (iddah).

Sulaiman: Et qu'en est-il des enfants issus d'une telle union?

Ja'far: Les enfants de Muta' ont le même statut et les mêmes droits que ceux d'un mariage permanent. Ils héritent de leurs parents et ont la même position que leurs frères. Toutes les règles de Mahramiyat (formalités religieuses) leurs sont applicables.

Sulaiman: Qu'en est-on du maintien et de l'héritage de la femme?

Ja'far: Pour le Muta', le mari n'est pas obligé de supporter les coûts du maintien de la femme. Et, les époux ne s'héritent pas dans cette forme de mariage.

Sulaiman: De quelle loi, considérez-vous le Muta' halaal?

Ja'far: Tous les Musulmans acceptent que le Muta' était permis par le Saint Prophète de l'Islam (s.a.w.s). Ils se différencient seulement sur le point de savoir si cette permission a été abrogée plus tard ou non. Et les Shiitesbasent leur argument sur le verset suivant:

"Et en retour des avantages provenant d'elles (que vous avez fait Mut'a avec), remettez-leur leurs dots comme convenu…"

(Surah Nisa 4:24)

Si, on étudie les biographies des compagnons du saint Prophète (s.a.w.s), nous trouvons que beaucoup d'entre eux ont eu recours à cette pratique. Il y'a beaucoup de traditions rapportées dans les livres 'Sahih' qui certifient ce fait. Dans Sahih Muslim, Ata rapporte:

"Jabir bine Abdullah Ansari était venu à la Mècque pour accomplir Umra. Nous le rendîmes visite à sa résidence. Et, ceux qui étaient là, le posèrent des questions sur différents sujets. Quand on lui demanda à propos du Muta', il répondit: Oui, nous avons pratiqué Muta' au temps du saint Prophète (s.a.w.s) et on continua à le pratiquer même au temps d'Abu Bakr et Umar."

Jabir rapporte: "Nous pratiquions Muta' avec une simple dot au temps du Prophète (s.a.w.s) et on continua à le faire au temps d'Abu Bakr et jusqu'à ce que Umar l'interdit dans le cas d'Amr bine Harith."

(Sahih Muslim Vol. 2, Page 706-Anglais)

Sulaiman: Est-ce que cela veut dire qu'il y'a une différence d'opinion entre les Musulmans concernant la légalité de Muta'?

Ja'far: Certains Musulmans croient que la permission de Muta' fut abrogée plus tard. Cependant, les Shiitescroient que le Muta' n'a jamais été interdit et que la permission donnée par le Prophète (s.a.w.s) est toujours en application. Les traditions citées ci-dessus prouvent aussi que le Muta' était bien appliqué au temps du saint Prophète (s.a.w.s), au temps d'Abu Bakr et même au début de l'époque d'Umar. Et, c'est Umar qui l'interdit par la suite. Les Shiitesne suivent pas le décret d'Umar car il va à l'encontre de la tradition du saint Prophète (s.a.w.s) qui dit:

"Le Haraam de Muhammad restera Haraam jusqu'au jour de Qiyamat et le Halaal de Muhammad demeurera Halaal jusqu'au jour de Qiyamat."

(Behaarul Anwaar Vol 2 Page 260)

Sulmaiman: J'ai une dernière question sur ce sujet. Permettriez-vous votre fille ou votre sœur de célébrer un mariage Muta'?

Ja'far: Ce n'est pas nécessaire que toute chose halaal soit automatiquement accomplie. Muta' est une permission spéciale accordée par la Chariat. C'est une voie accordée à des circonstances difficiles. Et la permission du Muta' ne motive pas les gens à le remplacer par le mariage permanent, tout comme la permission de talaq qui ne nous oblige pas à donner talaq à nos femmes. Et, c'est un droit pour la femme et son tuteur de vouloir insister sur le mariage permanent et sur d'autres conditions avant d'accepter à célébrer mariage. Et, parallèlement, tous ces critères sont applicables pour le mariage Muta'. Les deux différents mariages peuvent être comparés à des professions différentes. Certains sont docteurs, ingénieurs et d'autres sont balayeurs. Toutes sont des fonctions, mais ont en général un statut différent. Alors, le mariage est aussi pareil, les gens préfèrent le meilleur, mais si on est obligé d'accepter l'alternative la moins élevée, il ne faut pas la considérer comme étant inférieur.


RAPPEL



back 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 next