Chapitre II : Qui est digne d'adoration?



Comment peut - on considérer comme incontestable l'aspect spirituel et naturel de l'homme avec ses penchants, tendances et besoins qui naissent de son intérieur et sont causes de l'éclosion des aptitudes, et d'autre part négliger totalement ce qui est conforme avec notre nature (Fitrat), notre tempéramment, et dont les attributs offrent une réponse à tous nos voeux matériels et spirituels, et sont le plus puissant.

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Un examen approfondi nous permet de conclure que les créatures innombrables, l'amour et les autres instincts qui sont ancrés en nous, aboutissent tous à une même et unique source, qui est Dieu et dont la réalité et l'essence conditionnent toutes les réalités et essences de l'univers. L'existence se dirige vers la même source dont elle est issue, qui est seule digne d'amour, et qui capte tous les sentiments et toutes les pensées des hommes auxquels elle se fait connaître.
Nous comprenons alors que tous les phénomènes viennent à l'être à partir du néant, et demeurent pendant toute la durée de leur existence dans le besoin d'un soutien extérieur, et sont revêtus du sceau de la dépendance absolue.

L'être idéal dont nous sommes en quête, et vers lequel nous nous dirigeons, ne peut forcément pas être notre but ultime et notre aspiration totale, s'il ne connaît pas nos douleurs et les réalités du monde, et s'il est incapable de répondre à nos voeux et aspirations, étant comme nous plein d'insuffisances et de faiblesses, et étant doté d'une même essence que la nôtre.
Il ne peut aussi être doté des qualités absolues. Or la prière, si elle vise à la réalisation d'un voeu, ne peut être exaucée que par le Créateur.

"Oui, ceux que vous invoquez au lieu de Dieu sont des Serviteurs (du Seigneur) comme vous..."

Coran, sourate 7, verset 194

Par conséquent, rien ne justifie qu'on puisse s'incliner devant autre que Lui, ou qu'on puisse orienter notre attention vers autre que Lui, puisque tout ce qui est autre que Lui n'a pas le moindre effet sur notre condition et notre destin. Parce que si un dieu mérite qu'on l'adore et qu'on lui voue un amour et qu'on attende de lui qu'il nous élève au sommet du bonheur, il faut qu'il soit forcément exempt de toute insuffisance, et- qu'il rayonne en permanence sur les créatures en leur donnant vie et soutien, et que sa beauté subjugue tout homme capable de la sentir et de la percevoir. Il faut qu'il soit détenteur de la force absolue, qu'il apaise la soif de l'esprit, car se frayer la voie de sa connaissance ne consiste en rien d'autre qu'à arriver à la source authentique de la nature humaine.

Autrement, si l'idôle de notre choix ne présente de supériorité qu'en certains aspects, et qu'elle ne satisfait que certains de nos besoins, elle cesse d'être une idôle dès qu'elle nous fait parvenir à nos buts. Elle cesse d'exercer son attraction, et devient un obstacle à notre progrès.
Non seulement, elle ne calmera pas notre soif instinctive d'adoration, mais elle nous empêchera aussi de concentrer notre reflexion sur toute autre valeur supérieure, nous enserrera dans un cadre étroit, et nous perdrons toute motivation pour avancer vers des degrés supérieurs.

Si aussi, cette idôle est en - dessous de nos aspirations, elle ne sera jamais un facteur de progrès et de réforme. Au contraire, elle nous entraînera vers la décadence et l'avilissement. L'homme est dans ces conditions comparable à l'aiguille d'une boussole qui n'est plus capable de retrouver le nord, et qui par conséquent ne saura conduire qu'à l'infortune, la perdition.

 



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