Chapitre V : L'unité divine



Chapitre V

L'unité divine

Quand la discussion porte sur les dogmes religieux à propos de l'unité divine, il faut comprendre par là l'unité de Dieu dans Son Essence, dans la création, dans Ses actes et dans Sa souveraineté sur l'univers et sur l'administration de l'ordre universel, dans le culte et dans les autres domaines.
Tout comme on ne saurait concevoir une multitude d'essences divines, on ne pourrait pas non plus concevoir des différences entre les essences et les attributs. Car une telle différence impliquerait l'existence de limitations. Quand nous les dissocions, c'est pour le besoin de l'analyse et de la pensée humaine, il ne faut pas déduire de cette dissociation plusieurs niveaux dans l'Essence Sacro - sainte.

Si nous regardions un paysage naturel à travers des écrans transparents de couleurs différentes, ce paysage nous apparaîtrait à chaque fois différent. De même quand, avec nos esprits, nous envisageons l'Essence de Dieu, qui est unique, nous Lui attribuons la qualité que nous - mêmes nous avons choisi. A propos de science, nous parlerons de Dieu comme le Savant par excellence, l'Omniscient. Quand nous l'envisageons sous l'angle de la force, nous dirons qu'Il est Tout Puissant, etc...
Par conséquent, comme nous regardons les différents attributs divins sous les différents angles qui sont spécifiques à notre mode limité d'existence, nous sommes aussi portés à appliquer la même méthode pour l'Essence divine. Alors qu'en fait tous ces attributs n'ont qu'une seule et même existence, et font état d'une seule et même réalité, à savoir cette Réalité dépouillée de tout défaut et de toute imperfection, et qui se caractérise par: perfection, puissance, clémence , science, grâce, sagesse et majesté.

Si nous comprenons que l'existence de Dieu procède de Lui - même, nous devons en déduire que l'existence absol ue est illimitée dans tous les sens. Car si l'existence ou la non existence étaient les mêmes pour Dieu, Il devrait forcément emprunter l'existence hors de Son essence. Or, cette existence ne se réalise pas par ellemême. Par conséquent, l'existence pure est celle qui procède d'elle- même. Et quand l'Essence se confond avec l'existence, elle est illimitée au point de vue de la science, de la puissance, de l'éternité, du Temps; car la science et la puissance constituent des aspects de l'existence. Et l'Essence qui est l'Existence même possède toutes les perfections sans exception.

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L'unicité est l'un des attributs divins les plus manifestes. Toutes les religions célestes non- falsifiées l'ont prônée et préchée aux hommes, et ont condamné le polythéisme et l'idôlatrie comme les pires formes de l'égarement, et comme la dégradation la plus humiliante de l'esprit et de l'intelligence.
Car si les hommes trouvaient la foi par le biais de la reflexion et de la raison, et s'ils étaient fidèles aux enseignements des prophètes, ils ne s'inclineraient et n'accepteraient aucune idôle concrète ou abstraite, et ne reconnaîtraient à personne d'autre que Dieu le pouvoir, la souveraineté et la volonté sur l'ordre universel.

Par l'unité divine, il ne faut pas entendre un corps, car le corps est constitué par plusieurs parties et éléments, or, il s'agit là de choses qui ne concordent pas avec Son essence, Tout corps composé ne pourrait être par conséquent un dieu ou quelque chose de semblable.
La représentation de plusieurs sujets pour les attributs n'est, possible qu'en présence des conditions comme la qualité, la quantité, le temps et l'espace. Or, Dieu n'est limité par aucune de ces contraintes. Il est impossible alors de Lui imaginer un semblable.
Si nous concevons plusieurs fois la réalité de l'eau, nous n'ajouterons rien à la première opération de conception, parce que nous avons imaginé l'eau, de façon absolue, indépendamment de toute condition de temps, d'espace, de quantité et de qualité. Dans les représentations suivantes, il serait évidemment impossible de rencontrer un nouveau sujet pour la réalité qualifiant l'eau.

Mais dès que nous faisons entrer d autres considérations, de nouveaux individus feront l'objet de la représentation mentale, selon le nombre d'éléments surajoutées, comme par exemple l'eau de pluie, l'eau de source, l'eau de rivière et l'eau de mer, en tel ou tel lieu et à telle ou telle époque. Mais si nous enlevons ces conditions, la pluralité disparaît et nous retrouvons une seule et même réalite : l'eau !
Il faut comprendre que si un être est conditionné par l'espace, il a besoin de cet espace, il devi'ent tributaire dans son existence des conditions de lieu et temps qui lui sont propres. Son existence ne se concrétise que dans ces dites conditions. Si nous reconnaissons un être qui ne dépend pas et n'a jamais dépendu du temps et de l'espace, et qui possède les qualités de perfection les plus élevées, lui concevoir une pluralité c'est automatiquement lui attribuer des limites.

Dieu n'est pas un, au sens numéral où l'on peut ajouter un second de même catégorie. Son unicité est telle que si on Lui supposait un second, il ne saurait être que Lui- même.
Compte tenu du fait que la pluratité des choses dépend des conditions qui les font se différencier les unes des autres, si un être était libre de toute sorte de lien, il serait absolument irraisonnable de lui concevoir un associé, parce que ce nouvel individu aurait nécessairement des limites, et si toutes les limites étaient enlevées, on n'aurait incontestablement pas devant nous deux individus, et la représentation d'un second individu ne sera en fait que la répétition de la représentation du premier individu.



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