Chapitre XVI : La mystification par la science



C'est l'ignorance de la majorité qui a empéché tout au long des siècles cet appel de parvenir à son but. A présent que l'homme est entré dans l'ère glorieuse de la science et de l'intelligence, et que ses moyens et possibilités s'accroissent de jour en jour, il devra s'attacher assidûment au développement des cerveaux."29

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Jusqu'à un passé récent, l'homme n'avait conscience de son existence que par son corps équilibré et adéquat, mais ignorait les mécanismes mystérieux qui réglaient sa création.

Aujourd'hui, l'homme possède des informations surprenantes et détaillées sur l'intérieur de son propre corps, et il a appris que dix millions de milliards de cellules rentrent dans la composition de ses différents membres et organes.

Il va sans dire que la majesté et la grandeur du créateur, sont encore rendues ainsi incomparablement plus perceptibles que par le passé.
Est - il logique de soutenir que la croyance en Dieu est propre aux personnes n'ayant pas connaissance de la modalité de la création, et qu'un savant qui est au fait de la causalité naturelle de la création et de l'évolution vers la perfection, et qui sait qu'une loi minutieuse régit toutes les étapes de l'existence, doit au contraire croire que la source des lois naturelles n'est autre que la matière inanimée?

Les découvertes et les conclusions scientifiques l'auraient - elles conduit à penser qu'il est possible d'attribuer tous les pouvoirs de son créateur à la matière ignorante et inconsciente?
Dans la culture matérialiste qui ne voit qu'un seul aspect du monde, beaucoup de questions demeurent sans réponse.

Les savants théistes ont montré, au point de vue métaphysique, que le domaine de l'existence débordait le cadre de la matière, et que l'univers non - matériel était beaucoup plus peuplé et plus riche que celui des entités visibles. Bien qu'ils acceptent les systèmes prévalant dans la nature, ils ont la certitude qu'il y a une forme d'existence immatérielle, dont la connaissance ne se prête au champ habituel de l'expérience, mais dont les phénomènes et énergies naturels se font les reflets de l'essence.
En quoi cette façon de concevoir les choses serait elle moins scientifique ou pas du tout scientifique?

La science n'a pas de réponse à donner à des questions comme les suivantes: l'univers se divise - t il en deux domaines, matériel et spirituel? ou encore: l'univers a - t - il un but? ... Parce que ces questions ne sont pas de nature scientifique. En outre, notre connaissance scientifique porte sur des objets concrets, et est impuissante à nous indiquer la voie à choisir dans notre vie.

Bertrand Russel dit:
"Si l'on admettait que la civilisation scientifique est une civilisation utile, il faudrait forcément constater un accroissement de l'intelligence parallèlement à l'accroissement de la science. Par intelligence, l'entends la perception juste des objectifs de la vie. Or, c'est là un résultat que la civilisation n'entraîne pas par elle même. Par conséquent, bien que l'accroissement de la science soit un élément nécessaire au progrès humain, il ne garantit en lui - même aucun progrès véritable."30

Donc, une conception scientifique ne peut pas servir d'appui à une idéologie. Parce que la connaissance scientifique a surtout une valeur pratique, et confère à l'homme le pouvoir de maîtriser la nature, alors que la foi a besoin d'une valeur réaliste, et pas uniquement scientifique.

D'autre part, la science repose sur l'expérimentation; or les lois déduites de l'expérience sont très souvent sujettes à révision, alors que la foi exige un appui stable et éternel, pour pouvoir apporter une réponse aux questions spécifiques relatives à la nature et à la forme générale de l'univers, et satisfaire ainsi les besoins des hommes en connaissances métaphysiques.

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La perfection demande un équilibre intellecuel et spirituel. Sans but, l'homme ne peut qu'aboutir à l'impasse et à l'anéantissement. S'il ne trouve pas sa voie dans la religion, il la cherchera ailleurs. Ce qui constitue une sorte d'insoumission à la loi naturelle, et conduit à la sclérose des esprits.
Les découvertes scientifiques de l'époque moderne ont donné à l'homme la foi dans les institutions et lois publiques, au point de reconnaître la primauté au facteur matériel, devenu éternel. L'homme a divisé la nature et l'histoire et leur a reconnu la souveraineté. Il a renoncé à son libre- arbitre et s'est livré pieds et poings liés à la loi de la dialectique.

Avec le progrès continu des sciences, on se rend compte petit à petit que les phénomènes qui apparaissaient totalement distincts, sont en réalité liés par des forces insoupçonnées jusqu'alors. La conception scientifique tend vers une connaissance unifiante, et recherche de plus en plus, les liens unissant les différents phénomènes. Une fois que leur source est identifiée, ils sont tous expliqués par rapport à elle.

 

 



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