Chapitre I : Opinions sur la justice de Dieu



Chapitre I

Opinions sur la justice de Dieu

Le problème de la justice comme un des attributs divins a eu sa propre histoire distincte. Différentes écoles de pensée en Islam ont eu différents points de vue sur le sujet, l'interprétant d'après leurs principes distinctifs.
Quelques sunnites qui suivent les enseignements du théologien Abul Hassan El Ach'ari ne croient pas en la justice de Dieu comme un principe de foi, et ils nient que la justice soit accomplie par les actes divins.
D'après eux, quelle que soit la façon dont Dieu traite une personne, et quelle que soit la punition ou la récompense qu'Il lui attribue, indépendemment de ce qu'il pourrait sembler mériter, ceci représente la justice et l'absolue bonté, bien qu'il apparaisse injuste lorsqu'on la mesure en normes humaines.
les Ach'arites distinguent donc l'attribut de justice de Dieu, de ses actes, et ils considèrent ainsi comme juste tout ce qui peut être attribué à Dieu. S'Il récompense le vertueux et punit le méchant, ceci est justice mais le contraire le serait aussi. Ce serait toujours dans la vaste sphère de sa justice.

Leur prétention que les termes mêmes de justice et d'injustice n'ont aucun sens quand ils sont appliqués à Dieu, est sans doute dans l'intention de relever l'essence sacrée de Dieu, à la position de transcendance la plus haute. Mais aucune personne intelligente ne verra ces notions superficielles et inadéquates comme ayant quoi que ce soit à faire avec la transcendance de Dieu.
En fait, ils démentissent ainsi le principe de causalité et l'ordre régnant dans le monde entier et dans le rapport entre les individus.
Les partisans d'El Ach'ari croient en plus que la lanterne brillante de l'intellect s'éteint dès qu'elle est en arrive aux perceptions et problèmes de religion, et qu'elle est incapable de bénéficier à l'homme ou d'éclairer son chemin.
Cette prétention n'obéit ni aux enseignements du Coran ni au contenu de la Sunna. Le Coran considère l'indifférence envers la raison comme un égarement, et invite à plusieurs reprises les hommes, à la réflexion et à la méditation, dans le but d'apprendre la science divine et les croyances religieuses. Et ceux qui ne profitent pas de cette lumière sont même comparés aux animaux.

"La pire des personnes pour dieu est le sourd muet qui ne réfléchit point".

Coran, sourate 8, verset 21

Le Prophète de l'Islam a dit:

"Dieu a assigné à J'homme deux guides, l'un extérieur et
l'autre intérieur, c'est à dire les envoyés de Dieu et la pensée.

* * *

Les Mu'tazilites et les Chiites s'opposent à l'école ach'arite. De tous les attributs de Dieu, ils ont choisi la justice comme un principe idéologique. S'appuyant à la fois sur les preuves rationnelles et celles transmises par le Prophète, ils ont réfuté et rejeté, car incompatibles avec le principe de justice, les doctrines de la prédétermination des actes de l'homme et l'effet sans intermédiaire de la justice divine. Ils croient que la justice est à la base des actes de Dieu, aussi bien dans l'ordonnancement de l'univers que dans l'établissement des lois. Tout comme les actes humains peuvent être pesés d'après les critères du bien et du mal, les actes du créateur sont soumis aux mêmes critères.

Puisque la logique et la raison disent que la justice est louable en soi et que l'injustice est répréhensible, jamais un objet d'adoration dont les caractéristiques incluent une intelligence infinie et un esprit infini n'entreprendrait un acte que la raison réprouve.
Quand nous disons que Dieu est juste, ceci signifie que Son essence créative et omniscient ne fait rien qui soit contraire à la sagesse. Cependant, le concept de sagesse, appliqué au Créateur, ne veut pas dire que s'Il agit selon Son désir, c'est qu'Il manque de perfection et qu'Il cherche Son propre avantage. Mais cela prouve plutôt, Son soin à faire passer l'homme de la déficience, à la perfection. Dieu veut conduire les êtres aux buts sublimes inhérents en leur essence. Il implante d'abord une forme de sa faveur en chaque phénomène quand Il le crée, pour ensuite, par une autre dimension de Sa générosité, le pousser vers la perfection de ses capacités intrinsèques.

La justice a alors un sens étendu, qui exclut naturellement toute oppression ou acte déraisonnable.
L'Imam Jaafar Sadiq - Que la paix soit sur lui explique ainsi la justice de Dieu:
"La justice dans le cas de Dieu signifie que vous ne devez rien attribuer à Dieu tel que si vous deviez faire la même chose, vous seriez blâmé ou reproché"44



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