Chapitre II : Le Déterminisme



D'après la relation déterministe entre cause et effet, rien n'a lieu sans sa cause précédente et la volonté de l'homme aussi, quand elle est confrontée aux circonstances économiques et matérielles de son environnement est soumise aux lois inflexibles, qui sont en fait un peu plus que l'ef fet qu'elles produisent. L'homme est obligé de choisir la voie qui lui est imposée par la pression de son environnement et son contenu intellectuel. Il n'y a ainsi aucune voie pour une volonté indépendante et un choix de l'homme pour s'exprimer, et aucun rôle à son sens de la responsabilité morale et du discernement du bien et du mal.

Mais en même temps, les matérialistes considèrent que l'homme est capable d'influencer la société et le monde, et ils insistent plus que toutes les autres écoles de pensée sur la discipline idéologique et de propagation au sein d'un parti organisé. Ils appellent les masses de l'impérialisme à se soulever dans une révolution violente et essayent de leur faire changer leurs croyances et leur faire jouer un rôle différent de celui qu'ils jouaient avant.
Tout ceci en comptant sur la force du libre arbitre. Cette attribution d'un rôle à l'homme contredit tout le schéma du matérialisme dialectique en admettant qu'après tout, le libre arbitre existe.
Si les matérialistes proclament que le soulèvement des masses opprimées et le renforcement des mouvements révolutionnaires accélère la naissance d'un nouvel ordre à partir de l'ancien, cela serait illogique, car aucune révolution ou changement qualitatif ne peut avoir lieu à un moment autre que celui que lui confère l'histoire. La nature accomplit sa tâche mieux que quiconque, d'après la méthode dialectique; s'engager dans la propagande ou chercher à mobiliser l'opinion est une interférence injustifiable dans le travail de la nature.

Les matérialistes peuvent aussi soutenir que la liberté consiste à connaître les lois de la nature dans le but d'en faire usage pour atteindre les buts et objectifs donnés, et non pour la simple connaissance des lois de la nature. Mais ceci ne résout pas le problème, car même une fois que l'on a découvert ces lois et décidé d'en faire usage à des fins bien précises, la question reste posée de savoir si ce sont la nature et la matière qui déterminent ces buts et les imposent à l'homme ou si c'est l'homme qui les choisit librement.
Si l'homme est capable de choisir, ses décisions sont - elles le reflet des voeux et conditions de la nature ou peuvent - elles aller à contre sens?

Les matérialistes ont considéré l'homme comme une créature unidimensionneIle telle que même ses idées et croyances soient le résultat du développement économiq ~ie et matériel et sont sujets à la position des classes et aux rapports de production dans la soCiété. En bref, ils reflètent les conditions particulières dues aux besoins matériels des êtres humains.
Il est bien sûr vrai que l'homme a une existence matérielle et que les relations matérielles de la société et leurs conditions physiques, géographiques et naturelles ont toutes un effet sur lui. Mais d'autres facteurs, provenant de la nature primordiale ( Fitra) de l'homme et de son propre être, influencent aussi la destinée de l'homme à travers l'histoire et il n'est pas possible de considérer la vie intellectuelle de l'homme comme étant exclusivement le résultat de l'activité de la matière ou des rapports de production. On ne peut pas négliger l'important rôle joué par les facteurs religieux et idéologiques, par les impulsions religieuses, dans le choix de l'homme d'une voie à suivre; sa volonté n'est qu'un maillon dans la chaîne causale qui le mène à faire ou ne pas faire un certain acte.

Personne ne doute que l'homme est sujet à l'influence des actions et réactions naturelles, ou que la force de l'histoire ou de facteurs économiques sont à la base de certains évènements. Mais ils ne sont pas les seuls à déterminer l'histoire en décidant du sort de l'homme.
Ils sont capables de retirer à l'homme sa liberté et son pouvoir de décision, car il a progressé à un point tel, que sa valeur surpassant la nature, lui a permis d'acquérir la conscience et un sens de responsabilité.
Non seulement l'homme n'est pas prisonnier de la matière et des rapports de production, mais il a le pouvoir et la souveraineté sur la nature et la capacité de changer les relations de la matière.
Tout comme les changements dans les phénomènes matériels sont sujets aux causes et facteurs externes, il existe certaines lois et normes dans la société humaine qui déterminent le degré de prospérité et de puissance d'une nation, ou bien de son déclin. Les évènements historiques ne sont sujets ni à un déterminisme aveugle ni à l'accident. Ils correspondent aux normes et aux desseins de la création, parmi lesquels la volonté de l'homme tient une place importante.

Dans plusieurs versets de Coran, l'oppression, l'injustice, le péché et la corruption sont reconnus comme ayant changé l'histoire d'un peuple donné, ceci étant une norme observée dans toutes les sociétés humaines.

"Et quand Nous voulons détruire une cité, Nous
commandons à se s gens aisés, et ils pratiquent la
perversité. Alors la parole de Dieu s'élève contre
elle et Nous la détruisons".

Coran, sourate 17, verset 16

"N'as - tu pas vu comment ton Seigneur a agi avec les Aad?
Avec Iram, la ville à la colonne, dont jamais pareille ne fut
construite, et avec thamoud, qui taillaient le rocher dans la
vallée? Ainsi qu'avec Pharaon, l'homme à la puissante armeé
qui s'était rebelleé à travers le pays, puis y avait semé le désordre.
Donc ton seigneur fit pleuvoir sur eux le fouet du châtiment. Certes,
oui, ton Seigneur surveille bien".

Coran, sourate 89, verset 6 à 14



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