Chapitre II : Une interprétation erronée de la prédestination



En maints endroits, le Coran mentionne le courroux de Dieu qui s'abattra sur les tyrans et les corrompus.
Comme Dieu est extrêmement Bon et Clément envers Ses serviteurs en déversant sur eux des faveurs innombrables, et comme il est aussi en même temps prêt à accepter leur repentir, il a voulu que soit toujours ouverte devant le pécheur la porte du retour à la pureté et à la droiture. L'acceptation du repentir par Dieu constitue en soi un grand exemple de sa grâce.
Bien que la portée de la volonté de l'homme soit plus grande et plus étendue que celle de toutes les autres créatures vivantes connues et joue un rôle plus créatif, cette volonté n'a d'effet que dans les zones délimitées pour son activité par Dieu. L'homme ne peut pas par conséquent accomplir tout ce qu'il veut dans sa vie. Il arrive souvent que l'homme décide de faire quelque chose, mais qu.'il se montre incapable de l'accomplir en dépit de tous ses efforts. La raison n'en est pas que la volonté de Dieu s'oppose à celle de l'homme pour l'empêcher de faire ce à quoi il aspire. En pareils cas, il s'agit plutôt de quelque facteur externe se situant hors des limites de la connaissance et créant des obstacles sur sa voie et qui l'empêchent d'atteindre ses objectifs.

A la fois, l'individu et la société rencontrent constamment de tels obstacles. Compte tenu du fait que dans le règne naturel, il n'y a pas de cause sans effet, et pas d'effet sans cause, et que nos moyens de perception sont limités à ce monde et au domaine humain, il ne devrait pas être difficile pour nous d'accepter que nos désirs ne soient pas accomplis.
Dieu a mis en activité des milliards de facteurs dans l'ordre de l'existence. Parfois ces facteurs sont apparents pour les hommes, et d'autres fois ils leur demeurent méconnus et ne peuvent être incorporés et pris en compte dans les calculs. Cela aussi est en rapport avec le destin et la prédestination, mais non seulement il n'aboutit pas à priver l'homme de son libre arbitre et ne l'empêche pas de déployer son effort pour avoir la vie la plus satisfaisante possible, mais aussi il l'oriente à la fois dans la connaissance et dans l'action, et imprègne les profondeurs mêmes de son être d'une grande vitalité. L'homme cherche à accroître son savoir et à identifier, de façon aussi précise que possible, les facteurs qui aplanissent la voie pour de plus grands succès dans la vie.

La croyance en le destin et le sort est par conséquent un facteur puissant dans la réalisation par l'homme de ses buts et idéaux.

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La question de salut ou de la damnation de l'homme a été implicitement résolue dans la discussion précédente, puisque le salut et la damnation résultent des actions et faits des hommes, non des choses se situant hors du champ de leur volonté ou de phénomènes naturels qui sont du fait même de la création inséparables de l'existence humaine.
Ni les facteurs héréditaires ou d'environnement, ni les capacités naturelles présentes en l'homme n'ont d'effet sur son salut ou sa damnation; ils ne peuvent modeler sa destinée. Ce qui fixe et détermine le futur de chacun est l'axe autour duquel tourne son salut ou sa damnation; la cause de son élévation ou de sa chute, est le degré dont l'homme, en tant qu'être doté du pouvoir de choisir, fait usage de son intellect, de ses connaissances et de ses autres pouvoirs.

Le bonheur et le salut ne dépendent pas de l'abondance de capacités naturelles. Il est cependant vrai qu'un homme doté d'une plus grande capacité que l'autre est investi d'une plus grande responsabilité. La moindre erreur de sa part sera de loin plus significative que la même erreur commise par des individus plus faibles. Chacun sera appelé à rendre compte suivant les dons et les capacités qu'il e.
Il est parfaitement possible qu'une personne dont les capacités et les ressources intrinsèques sont limitées ordonne sa vie conformément aux devoirs et responsabilités qui lui ont été imposées, et parvienne au bonheur véritable qui est seul digne du rang délicat de l'homme. Ce sera l'intensité des efforts qu'il déploiera pour faire un usage correct de ses capacités limitées qui lui ont été octroyées, qui lui permettra d'atteindre ce résultat.

En revanche, celui qui aura été doté de ressources et de capacités plus abondantes, pourrait non seulement les utiliser sans en profiter lui- même, mais aussi même en mésuser à bon escient pour noircir sa dignité humaine et déchoir dans la corruption et le péché. Une telle personne est sans aucun doute un pécheur destiné à la damnation, qui ne connaîtra jamais l'éclair d'un salut.

Le Coran dit:

"Toute âme sera otage de ce qu'elle se sera acquise"

Coran, sourate 74, verset 38



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