L'Occident est redevable envers le monde de l'Islam



Les musulmans, les porte-étendards de la science dans le monde :

Philip Ball, journaliste au quotidien britannique Sunday Times a conseillé dans un article à ses lecteurs, de lire ces deux livres importants. Dans cet article, Philip Balla a écrit :

« En novembre dernier, les savants et les astronomes ont utilisé le grand télescope Habel pour observer les premiers signes de l'existence d'une planète lointaine avec des lumières visibles qui tourne en orbite autour d'un autre soleil que le nôtre. Cette planète se situe à 25 années de lumière de la planète Terre, et elle tourne autour de l'un des étoiles les plus brillantes du ciel, c'est-à-dire Fomalhaut. Nos lecteurs peuvent penser que cette étoile a un nom un peu bizarre. Est-ce que ce nom est tiré de la mythologie ancienne ? Est-il un dérivé du nom d'un ancien astronome français des époques reculées ? Non, ce n'est pas du tout correct. En réalité, le nom de cette étoile (Fomalhaut) est en fait un mot arabe (فم الحوت) qui veut dire « bouche du poisson ». Il est à noter que Fomalhaut n'est la seule étoile qui ait un nom arabe. Il existe dans le ciel de la nuit plus d'une centaine d'astres qui ont des noms arabes comme par exemple : Betelgeuse (ابط الجوزا), Aldebaran (الدبران), Deneb (ذنب), etc. Mais d'où viennent-elles ces nominations arabes pour ces étoiles ?

Ces deux livres nous apprennent que pendant une longue période historique, les savants arabes et musulmans étaient les meilleurs astronomes du monde. En effet, ce sont les savants et les astronomes musulmans qui établissaient des tables astronomiques pour décrire les corps célestes et calculaient avec précision la position de la Terre par rapport aux autres corps célestes. A cette époque-là, nos ancêtres européens ne savaient que regarder avec étonnement le ciel de la nuit sans en connaître les secrets. Si nous voulons établir nos jugements sur les récits et les données historiques, nous devons rappeler que les évolutions de l'astronomie s'étendent sur une très longue période historique de Ptolémée, savant grec du IIe siècle jusqu'à Copernic à la Renaissance. En réalité, tout ce que les savants occidentaux savaient des corps célestes au XVIe siècle était totalement dû aux recherches et aux études des astronomes arabes et musulmans. En réalité, c'étaient les savants arabes et musulmans qui, du IXe au XIIIe siècles, avaient traduit en langue arabe les ouvrages astronomiques de Ptolémée et les avaient corrigés et critiqués. Il est à souligner que les savants musulmans ne s'étaient pas contentés de traduire seulement les livres de Ptolémée, mais qu'ils les avaient complétés et avaient également procédé à leur correction. Les Musulmans avaient fondé de très grands observatoires dont l'un des plus célèbres à Bagdad datait de l'an 820. Mais les sciences astronomiques ne sont qu'un seul exemple parmi tant d'autres des dettes de la civilisation occidentale aux acquis scientifiques des Musulmans à l'époque que nous nous obstinons encore à appeler « Moyen-Âge » ou la page noire de l'histoire. Or, au moins jusqu'au XIIe siècle, les Européens étaient encore en train d'apprendre les introductions des sciences comme les mathématiques ou la médecine. Cependant, du VIIIe au XIIIe siècles, les Arabes développaient une vision rationaliste des sciences en se fondant sur les enseignements de l'Islam. Selon cette vision musulmane, la recherche et l'acquisition du savoir en étudiant les œuvres scientifiques d'autres civilisations étaient considérés comme le devoir religieux de tous les Musulmans. Les Arabes musulmans ont commencé ce projet par l'étude critique des œuvres culturelles de la Grèce et de Rome, et ce d'autant plus que les Musulmans avaient un accès direct à ces connaissances dans les endroits comme la ville d'Alexandrie. Ensuite, les Musulmans se sont mis à préparer des copies en arabe d'œuvres des Anciens comme Aristote, Euclide, Ptolémée et Archimède. A cette période historique, les Musulmans ont fondé de grandes écoles et d'immenses bibliothèques comme « La Maison de la Sagesse » à Bagdad.

Pendant l'âge d'or des sciences, les savants musulmans ont non seulement préservé les sources classiques des sciences, mais ils ont procédé aussi à des innovations dans différentes disciplines des sciences, surtout dans les domaines aussi variés que l'astronomie, l'optique, la médecine, l'ingénierie, la cartographie, etc.

A titre d'exemple, nous pouvons évoquer ici la boîte noire d'un appareil optique qui avait été inventée par les savants musulmans. Quand la lumière entrait à l'intérieur de cette boîte noire par un petit trou, l'image du paysage extérieur se reflétait dans la boîte noire. Le plan de cet appareil optique a été trouvé pour la première fois dans les études expérimentales de Hassan al-Heytham au XIe siècle. Plus tard, Roger Bacon a utilisé le plan de cette boîte noire pour construire un appareil optique afin d'observer les éclipses solaires. Par ailleurs, les anciens maîtres de la peinture occidentale comme Jan Van Eyck et Jan Vermeer se sont probablement servis de cette méthode de projection de lumière pour construire un appareil optique leur permettant d'avoir accès aux petits détails réalistes de leurs œuvres picturales.

Par ailleurs, les savants musulmans ont considérablement développé les techniques de la cartographie et de la topographie. Les cartographes musulmans ont réussi à réaliser des cartes très précises de l'Europe, du golfe Persique et du sous-continent indien. A cette époque-là, les cartographes européens pensaient encore à diviser la sphère terrestre en plusieurs quartiers, ce qui perturbait la précision de leurs cartes. Il est à noter que l'une des cartes dessinées par des savants musulmans avait permis à Vasco de Gama, le célèbre explorateur et navigateur portugais de découvrir vers la fin du XVe siècle la voie maritime du Cap de Bonne-Espérance au sud du contient africain pour se rendre en Inde.

Dans le domaine de la chimie, les savants musulmans ont dépassé de très loin les premières expériences chimiques des savants de l'antiquité. Des mots comme « alcali » (قلیا), « alcool » (الکل), « alambic » (انبیق), « élixir » (اکسیر), « alchimie » (کیمیا) étaient tous des mots arabes qui sont ensuite entrés dans les langues européennes. La théorie de la transformation des métaux par les techniques alchimiques avait été développée pour la première fois dans des œuvres du grand savant iranien du VIIIe siècle, Jaber ibn Hayan. Dans ces œuvres, nous découvrons pour la première fois les noms des substances chimiques qui sont toujours utilisées par les chimistes : l'acide nitrique, l'acide hydrochlorique ou l'acide sulfurique.

Les relations que les Musulmans ont établies avec la civilisation chinoise étaient très bénéfiques pour l'ensemble de la civilisation humaine. Les savants musulmans ont appris aux Chinois les techniques de la fabrication du papier. En outre, les savants musulmans ont appris les données très importantes des sciences mathématiques aux Indiens, ce qui leur a permis d'inventer les chiffres arabes, un système numérique beaucoup plus efficace que les chiffres romains. En outre, ce sont les mathématiciens arabes qui ont inventé pour la première fois la notion de « zéro » dans les mathématiques. Les acquis des savants musulmans dans le domaine des mathématiques sont entrés plus tard dans le monde occidental. »

Le livre de "La science et l'Islam » d'Ehsan Masoud décrit une partie des nombreux acquis de l'âge d'or des sciences et des technologies à l'apogée de l'époque de la civilisation musulmane. Par ailleurs, le livre d'Ehsan Masoud a été utilisé comme une annexe pour une série télévisée qui a été diffusée récemment par la BBC en Grande Bretagne. Cette série télévisée était consacrée au rôle des Musulmans dans le développement des sciences et son influence jusqu'aujourd'hui.

Ehsan Masoud dans son livre intitulé « La science et l'Islam » et Jonathan Lyons dans son ouvrage intitulé « La Maison de la Sagesse : comment les Arabes ont transformé la civilisation occidentale? »,  ont essayé avec beaucoup d'enthousiasme de mettre un terme à la fausse légende selon laquelle l'Islam serait contraire à la science. Dans leurs livres, ces deux auteurs ont montré que le Livre saint des Musulmans, le noble Coran, peut être une source d'inspiration pour les savants, car il est une source du savoir et de la raison.

Jonathan Lyons a porté un regard plus spécialisé sur ce thème pour montrer comment au XIIe siècle, les sciences musulmanes ont permis aux Occidentaux d'avoir une nouvelle vision du monde. Ce n'est pas par hasard si les historiens appellent le XIIe siècle « la Renaissance du Moyen-Âge ». Le personnage principal de son livre, est un homme anglais répondant au nom d'Adalard. Il était l'un des rares européens de l'époque, ayant réalisé sans aucun fanatisme que les Européens devaient apprendre beaucoup de choses chez les Arabes musulmans. Dans les pays européens, Adalard a été souvent présenté comme un simple traducteur. Or, il ne s'était pas contenté uniquement de traduire les œuvres scientifiques des savants musulmans dans les domaines de la géométrie euclidienne, l'astronomie, l'algèbre et l'algorithme de Khawarizmi. En effet, Adalard était lui-même un très grand penseur et philosophe, ayant joué un rôle très important dans la présentation des croyances monothéistes des Musulmans aux Européens pendant le Moyen-Âge.

La lecture de ces deux livres amène le lecteur à se poser avec amertume et regret une question importante : Pourquoi l'Orient musulman n'est-il pas aujourd'hui le pionnier du progrès scientifique dans le monde actuel ?

Il est peut-être difficile d'apporter une réponse complète et exacte à cette question. Mais il est probable que l'apparition de l'Empire ottoman vers la fin du XIIIe siècle soit l'une des raisons du déclin des progrès scientifiques dans le monde de l'Islam. A titre d'exemple, les sultans ottomans avaient interdit l'usage des montres pour fixer l'heure des prières, en estimant que c'était uniquement aux muezzins d'annoncer l'heure de la prière. Or, comme Jonathan Lyons l'a bien montré dans son ouvrage, les savants arabes et musulmans avaient inventé les montres et avaient développé les recherches astronomiques en raison de la grande importance qu'ils accordaient à la fixation de l'heure exacte des prières.

C'est ainsi que vers le milieu du XIXe siècle, la situation avait complètement changé : ce n'étaient plus les Occidentaux qui s'étonnaient des acquis et des découvertes scientifiques des savants musulmans, mais par contre c'étaient les Musulmans qui regardaient avec étonnement les progrès scientifiques de la civilisation occidentale. Par exemple, les ambassadeurs de l'Empire ottoman dans les pays occidentaux indiquaient dans leurs rapports leur étonnement de voir les nouveautés et les découvertes technologiques du monde occidental, et les décrivaient pour les dirigeants d'un empire qui n'avait ni un bon système routier, ni des lignes de télégramme ni de système ferroviaire. Par conséquent, nous voyons aujourd'hui que sur la liste des lauréats des Prix Nobel des différentes disciplines scientifiques, il n'y a que les noms de deux savants musulmans. Or, compte tenu de l'histoire brillante des sciences dans le monde de l'Islam, les Musulmans méritent certainement une place plus importante dans l'univers des sciences.

 

 



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