Le sacrifice d’Ismâ‛îl (as) dans l’histoire d’Ibrâhîm (as) Le récit du sacrifice d’Ismâ‛îl dans les hadiths Il a été rapporté de Sulaymân ibn Yazîd, qui le tient de ‘Alî ibn Mûsâ[5] (as) : « Mon père, qui le tenait de son père, qui le tenait de son Excellence Al-Bâqer, qui le tenait de son père, qui le tenait de ses pères (as), m’a énoncé ce hadith : ‘Celui que l’on sacrifie, c’est Ismâ‛îl (as).’ » On retrouve quelque chose d’analogue dans le Majma‛ al-Bayân, avec la même teneur, rapporté de son Excellence Al-Bâqer (as) et de son Excellence Al-Sâdeq (as). Il existe quantité d’autres hadiths rapportés par les Imâms de la Demeure prophétique (as) à ce sujet. Or, dans une partie d’entre eux, on trouve que c’est Is-hâq (as) qui doit être sacrifié, mais comme ces hadiths ne s’accordent pas aux versets du Coran, ils sont rejetés. Dans le livre Al-Faqîh, il est rapporté que l’on a interrogé l’Imâm al-Sâdeq (as) à propos de l’identité du sacrifié. Quelqu’un a demandé : « Qui était-ce ? » L’Imâm a répondu : « Il s’agissait d’Ismâ‛îl (as), parce que Dieu le Très-Haut, dans Son Livre saint, rapporte le récit de la naissance d’Is-hâq (as) après celui du sacrifice : ‘Nous lui avons annoncé une bonne nouvelle : la naissance d’Isaac, un prophète parmi les justes.’ (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 112). » L’ordre est explicite. Dans le Majma‛ al-Bayân, il est rapporté d’Ibn Is’hâq : « A chaque fois qu’Ibrâhîm (as) veut rendre visite à Ismâ‛îl (as) et à sa mère Hâjar (as), on lui amène Burâq[6]. A l’aube, il enfourche Burâq en Syrie et parvient à Makka avant midi. L’après-midi, il se remet en route et se retrouve le soir auprès de sa famille. Ces allers et retours s’enchaînent jusqu’à ce qu’Ismâ‛îl (as) soit grand. Lorsque son père se voit sacrifier Ismâ‛îl (as) en songe, il lui dit : ‘Prends une corde et un poignard, nous allons ensemble dans la vallée pour y ramasser du bois.’ Ensuite, lorsqu’ils arrivent dans cette vallée déserte que l’on nomme vallée de Thabîr, Ibrâhîm (as) l’informe du commandement qu’il a reçu de Dieu le Très-Haut à son propos. Ismâ‛îl (as) dit : ‘Cher père, attache-moi les bras et les jambes à l’aide de cette corde pour m’empêcher de bouger, et plie ma tunique pour éviter que le sang ne jaillisse dessus et que ma mère le voit, affûte le poignard et tranche ma gorge prestement, afin que je sois vite tranquille, parce que la mort est difficile.’ Ibrâhîm (as) dit : ‘Mon fils, en vérité, ta soumission au commandement de Dieu m’aide grandement.’ » Ibn Is-hâq, poursuivant ainsi son récit, nous apprend qu’Ibrâhîm (as) se courbe et le poignard en main, s’apprête à trancher la gorge de son fils quand Jabra’îl retient son poignard et libère Ismâ‛îl (as) qu’il maintenait de l’autre main. Il met à sa place un bélier qu’il a emmené de la vallée de Thabîr, tandis que du côté gauche de la mosquée de Khayf[7], une voix s’exclame : « Ibrâhîm (as) ! Tu as confirmé le songe que tu as fait et accompli le commandement de Dieu. » Dans le Majma‛ al-Bayân, le Tafsîr d’Al-‘Ayyâshî rapporte également, qui le rapporte lui-même de Yazîd ibn Mu‛âwiya al-‘Ajalî, ce dialogue : « J’ai demandé à l’Imâm al-Sâdeq (as) : ‘Combien d’années se sont écoulées entre ces deux nouvelles annoncées à Ibrahîm (as) : la nouvelle de la naissance prochaine d’Ismâ‛îl (as) et celle de la naissance à venir d’Is-hâq (as) ?’[8] Il a répondu : ‘Cinq ans ce sont écoulés entre ces deux nouvelles. Le saint verset (« Nous lui avons alors annoncé une bonne nouvelle : la naissance d’un garçon, doux de caractère. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 101)) se rapporte à la première nouvelle annonçant à Ibrâhîm (as) sa paternité prochaine, aussi, le garçon doux de caractère, c’est Ismâ‛îl (as).’ » Certains détails de cet événement sont discutés : 1. Sur la question de savoir s’il s’agit d’Is-hâq (as) ou d’Ismâ‛îl (as), il existe de nombreuses divergences. Lequel des deux fils d’Ibrâhîm (as) a-t-il emmené au lieu sacrificiel ? Lequel a hérité du surnom de dhabîh / Ø°Ø¨ÙŠØ / sacrifié ? Entre les exégètes, la discussion est rude. Un groupe qualifie Is-hâq (as) de « sacrifié », tandis qu’un autre accorde cette qualification à Ismâ‛îl (as). Le premier avis est majoritaire chez les exégètes sunnites, tandis que le second est retenu par la majorité des exégètes shiites. Cependant, relativement aux écrits dans différents versets du Coran, c’est bien Ismâ‛îl (as) « le sacrifié ». Revenons sur cela : Premièrement, nous trouvons : « Nous lui avons annoncé une bonne nouvelle : la naissance d’Isaac, un prophète parmi les justes. » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 112). Cette formulation montre clairement que Dieu annonce la naissance d’Is-hâq (as) après l’événement du sacrifice. C’est suite au sacrifice consenti par Ibrâhîm (as) que cette annonce lui est envoyée. De ce fait, le sacrifice ne peut concerner Is-hâq (as). En sus, lorsque Dieu annonce la prophétie à quelqu’un, cela indique notamment qu’il va vivre, or, cela ne s’accorde pas à l’idée que ce prophète doive être sacrifié alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Deuxièmement, dans le verset 71 de la sourate Hûd (11), nous lisons : « Nous lui annonçâmes la bonne nouvelle d’Isaac, et de Jacob après Isaac. ». Ce verset montre qu’Ibrâhîm (as) était certain qu’Is-hâq (as) vivrait et qu’il aurait un fils, Ya‛qûb (as) en l’occurrence. Par conséquent, ce ne peut-être à lui que le sacrifice est demandé. Ceux qui considèrent Is-hâq (as) comme étant le sacrifié, ne tiennent en réalité pas compte de ces versets. Troisièmement, il existe de nombreux hadiths dans les sources islamiques qui exposent très clairement qu’Ismâ‛îl (as) est le « sacrifié ». En voici quelques passages :
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