Aperçu sur la théologie de l’islam



Dieu selon les philosophes musulmans

Pour les philosophes musulmans aussi, Dieu est un Être Pur possédant toutes les perfections de l’être. Il possède une unité qui est Son essence même. Par conséquent, il est impossible de Lui supposer un associé. Il ne possède pas d’« autre Â» ou de second de la même essence que Lui. Il est impossible de L’aborder par le nombre, la différence ou la détermination. Il est Absolu et Infini. Même l’absoluité ne constitue pas pour Lui une limite ni une détermination. Ce sont des points remarquables du monothéisme islamique, sur lequel les gnostiques et les penseurs musulmans ont toujours mis l’accent : Dieu possède une pureté et une absoluité ; Il est au-dessus de toute détermination conceptuelle ou démonstrative ; Il ne possède aucune dimension qui soit en puissance (ce qui Le prémunit contre tout changement, toute évanescence et altération) ; Il n’est pas sous l’emprise du temps pas plus qu’Il n’est limité par l’espace ; Il est Pur Esprit ; Il échappe à toute qualité matérielle ou corporelle ; Il est la science, la volonté, la vie et la puissance pures. Ni la possibilité, ni le néant n’ont de place en Son Essence ; Son Essence est par nécessité ; Il est indépendant à la perfection et un Etre Pur ; Il est éternel et Il n’est l’effet d’aucune cause, mais Il est la cause de tout ce qui n’est pas Lui. Sa quiddité et Son Être ne sont pas sujets à variation ; Il est un Être simple pur et Il n’est pas le composé d’une forme, d’une matière, d’un être ni d’une quiddité. Il est éternel a parte ante (azal) et éternel a parte post (abad), immortel sans commencement ni fin. Telle est la représentation relativement complète du Dieu de l’islam et du Coran. Bien sûr, les philosophes, les gnostiques et les théologiens musulmans, puisant à diverses approches et méthodes propres à chacune de ces trois sciences, ont élaboré pendant des siècles un système cohérent rendant compte de la façon dont l’Essence de Dieu se décrit pas des attributs, des actes, un système à l’achèvement duquel ont contribué d’une façon ou d’une autre presque toutes les écoles de pensée musulmanes, les ash’arites, les mu’tazilites, les chiites, les karrâmiya, les murji’ites, etc.

Les différents aspects du monothéisme dans la religion musulmane

Le monothéisme est le principal dogme de l’islam. La croyance en l’unité divine et le rejet du polythéisme sous toutes ses formes fait l’unanimité de toutes les écoles de l’islam. L’appel au monothéisme et le rejet de l’associationnisme est le leitmotiv de toutes les missions des prophètes de Dieu. Le Coran dit : « Aussi bien avons-Nous mandé à chaque nation un envoyé : "Adorez Dieu, éloignez-vous de l’idole’ "». (An-Nahl (Les abeilles) ; 16 : 35). En d’autres endroits, le Coran rappelle que les prophètes comme Noé, Hud, Sâlih, Shu’ayb, ont commencé leur prédication par cet appel : « O mon peuple, adorez Dieu, sans avoir d’autre dieu que Lui… ». (Al-A'râf ; 7 : 59, 65, 73, 85)

Quand il aborde la philosophie qui sous-tend le missionnement des prophètes, L’Emir des croyants 'Alî (as) a rappelé que comme la plupart des hommes ont changé le pacte primordial qui les liaient à Dieu et n’observent plus les droits que Dieu leur a prescrit, à savoir Le connaître et L’adorer, qu’ils se sont choisi des idoles qu’ils considèrent comme des égaux de Dieu, Dieu a envoyé ses messagers afin de leur rappeler le pacte primordial qu’ils avaient engagé envers Lui et de leur enseigner de nouveau à méditer les signes de la puissance divine. Ainsi, les intelligences des hommes se mettront de nouveau sous le rayonnement du monothéisme, du culte du Dieu unique et ils se mettront de nouveau à méditer sur les signes de la Puissance et de la Sagesse de Dieu (Nahj al-Balâgha, premier sermon).

Le Prophète de Dieu (s) considérait la connaissance de Dieu et la connaissance de Son unicité comme la condition sine qua non même de toute connaissance vraie.

Le Shaykh Sadûq a rapporté une tradition d’Ibn Abbâs qui a dit qu’un jour, un bédouin vint auprès de l’Envoyé de Dieu (s) et lui dit : « Apprends-moi quelque chose qui soit une science rare et étrange ! Â». Le Prophète (s) lui répondit : « Qu’as-tu acquis des préliminaires de la science pour que tu en demandes des choses étranges ? Â» Le bédouin demanda : Â« O Envoyé de Dieu, qu’est donc le commencement de la science ? Â» Le Prophète répondit : « La connaissance de Dieu d’une connaissance vraie, comme il se doit Â» L’Arabe dit : « En quoi consiste cette connaissance vraie ? Â» L’Envoyé de Dieu (s) lui répondit : « Que tu Le connaisses sans modèle et sans pareil, ni égal et qu’Il est Un (wâhid) et Unique (Ahad), l’Apparent, le Caché, le Premier, le Dernier, sans adjoint pour Le seconder, ni pareil : tel est en quoi consiste Sa connaissance vraie ! Â» (Bihâr al-anwâr, volume 3, page 269)

Dans l’histoire de la philosophie mais aussi de la théologie, la question de l’unité de Dieu, comme celle de l’associationnisme (shirk), font partie de celles qui ont été le plus discutées. La question a été si importante qu’elle est étudiée séparément sous une rubrique spéciale, bien que l’unité divine relève aussi des attributs divins. On l’a séparée de la problématique des attributs pour l’étudier comme une discipline indépendante. Dans cette étude, on a distingué différentes sections. En face de chaque section, on devine aussi qu’il se trouve une section correspondante dans l’étude de l’associationnisme.

Ces sections sont les suivantes :

  • L’unité de l’Essence ou monothéisme essentiel
  • L’unité des attributs, unité relative
  • L’unité des actes ou unité opérative
  • L’unité de l’adoration ou unité religieuse

Parfois, au lieu d’unité opérative, on parle d’unité dans la création ou d’unité seigneuriale. Parfois, certains parlent de l’unité divine au lieu de l’unité essentielle.



back 1 2 3 4 next