La philosophie des épreuves



Semblable à une flûte de roseau

Simple et droite

Et toute remplie de musique (2)

La sanction d’un mal est encore un bien puisque la personne qui la subit en est quitte. Quand vous êtes mal noté à l’école, on vous retient en classe pour prendre des cours de rattrapage. Le mal est sanctionné par le bien.

Si quelqu’un vous cause du tort, il est condamné. Dans ce cas-là, sachez que celui qui pardonne est supérieur à celui qui exige réparation, même si ce n’est que justice.

Ce que nous appelons le mal est souvent quelque chose qui résulte de nos actes et qui nous cause un déplaisir, une colère ou pire encore. Cela peut commencer par le désagrément causé par un débat (culturel, politique ou autre) banal avec un ami interlocuteur qui apporte des arguments plus forts et qui se montre plus savant ou plus intelligent que nous. Cela nous froisse, nous contrarie et nous met dans un mauvais état. Nous prenons cela pour un mal. Ce genre de mal est évidemment relatif, parce qu’il ne laisse pas de trace, et parce qu’il dépend de la force de la personnalité des personnes. Tout le monde ne réagit pas avec aigreur au moindre échec. Dans ce genre de cas, c’est la faiblesse ou la force du caractère qui est révélée.

Or il s’agit de la simple manifestation de la nature même de l’être dans ce monde. Nous sommes différents les uns des autres. Cependant, d’un côté, nous sommes les mêmes, tous des êtres humains, capables de communiquer entre nous, et de l’autre, nous sommes différents chacun avec sa capacité, sa configuration propre, son patrimoine génétique…

De même, le bien n’est que ce que Dieu nous dit être le bien, et qui est l’Essence même de Dieu. Nous gardons de façon innée une notion de ce qu’est le bien, en reconnaissant d’instinct ce qui est bien pour les hommes et ce qui est mal. Nous sommes mis à l’épreuve du bien et du mal, parce que le bonheur aussi peut être cause d’égarement.

Le Saint Coran dit dans le verset 35 de la sourate 21 Al-Anbiyâ (Les prophètes) : « Nous vous tentons par le malheur comme par le bonheur : c’est une mise à l’épreuve. A Nous de vous tous il sera fait retour. Â» (3) Dans ce verset, le mot traduit par épreuve est le mot arabe fitna, du verbe fatana qui signifie tester l’or en le brûlant afin d’en connaître la teneur. C’est une épreuve difficile.

Un autre verset, le verset 15 de la sourate 64 Al-Taghâbun (La grande perte), dit : « Vos biens, vos enfants ne sont que [cause de] tentation… Â» (4) . C'est donc un verset soulignant que notre séjour terrestre est un lieu d’épreuves. Et le croyant qui se trouve exposé à l’épreuve dans tout ce qu’il rencontre dans ce monde, bien ou mal, se remet en toute confiance à Dieu (tawakkol) : la seule solution est celle de la prière et de l’invocation, comme Dieu nous le recommande en maints versets du Coran, et comme le Prophète et les Imâms nous y invitent également. L’invocation de l’aide divine renforce l’âme et nombreux sont les témoignages de ses bienfaits sur l’esprit.



back 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 next