Fatima, un chapitre du livre du Message divin (1ère partie)Si nous considérons les opinions des orientalistes, même ceux de bonne foi parmi eux, et si nous étudions également ce qu’ont écrit certains auteurs musulmans, nous constatons que ces difficultés de l’étude ont rendu obscure et ignorée la véritable position de l’islam sur la femme, de sorte que la plupart ont adopté des opinions éloignées de la vérité et que certains ont jugé la femme opprimée en islam. La vérité est qu’il existe chez les musulmans deux types de patrimoine : des enseignements religieux coutumiers et des habitudes héritées du passé qui ne figurent pas dans le corpus religieux. Et l’on doit précisément s’efforcer de les distinguer. Et puis ce corpus religieux islamique est à son tour de deux sortes : la première aborde la situation de la femme à un moment donné de l’Histoire ; la seconde sorte est constituée par des enseignements fondamentaux immuables. Pour clarifier cela, j’attire l’attention du chercheur sur la terminologie des logiciens et des usulites [6], lesquels distinguent pour chaque information (selon leur terminologie, chaque question) la question réelle de la question extérieure [7] Avis du Coran sur la femme Le saint Coran, contrairement à l’ensemble des opinions philosophiques, doctrinales et coutumières qui prévalaient avant et pendant sa Révélation, et contrairement à beaucoup d’opinions et de coutumes tardives, définit la femme et la considère équivalente à l’homme dans les faits et dans l’essence [8]. Puis il déclare qu’elle participe essentiellement à la constitution de l’enfant, qu’elle n’est pas un passage vers la procréation de l’homme ni un champ pour sa semence [9]. Et Dieu a fait du prophète Mohammad un témoin cautionnant cette position, sa descendance se poursuivant à travers Fâtima, en dépit de ceux qui l’avaient surnommé l’amputé (abtar [10]]) après le décès d’Ibrâhim, le fils qu’il avait eu de Marya la Copte, en l’an 2 de l’Hégire [11]. Et le saint Coran insiste sur cette égalité dans de nombreux versets en répétant l’expression « les uns des autres » [12] Concernant la vie conjugale, afin de protéger l’épouse, d’éviter que la vie commune des époux ne débouche sur une impasse et de permettre de trancher dans des questions relevant de leurs affaires communes, [le Coran] a accordé un rang supérieur à l’homme par rapport à son épouse, et à aucune autre femme – cela après avoir affirmé l’identité des droits et des devoirs entre eux dans le noble verset [22]. Ce rang, c’est celui que le Coran a évoqué en un autre endroit [23]. Et qui a approfondi l’étude du saint Coran trouve que les différences qu’il consacre entre l’homme et la femme affirment une égalité substantielle et accorde également à tous deux une importance juste. Car la disparité des règles, des devoirs et des droits naît de la disparité entre eux dans les compétences, les spécialisations et, souvent, les dispositions spécifiques. Ainsi la femme est-elle adaptée, de par sa constitution corporelle et spirituelle, à la maternité et à l’éducation des enfants et cette mission a été considérée comme l’institution la plus importante en islam en vertu du hadîth [24]. Non moins importante que toute autre mission vitale, dans la mesure où elle forme l’individu qui est le pilier des sociétés, cette mission s’accorde à la nature de la femme ; en vertu de quoi l’islam lui recommande d’assumer cette vocation sans toutefois le lui imposer [25] . En guise de compensation, il double la quote-part de l’homme par rapport à celle de la femme dans l’héritage afin que se réalise la justice et afin que, selon l’expression coranique, le capital "ne soit pas attribué à ceux d’entre vous qui sont riches." Et l’islam fonde les dispositions légales restantes sur la base de cette spécificité et de cette pratique, en acceptant le témoignage de la femme dans le cadre de son travail et de sa compétence notamment. Quant à la question du voile en islam, elle ne vise pas à dévaloriser ou enfermer la femme, ni à la glorifier exagérément, comme il était de coutume chez certains peuples, mais c’est plutôt une arme en faveur de la femme et un barrage à la suprématie de la féminité en elle, afin d’éviter que cet aspect ne domine toutes ses autres compétences. Cette intention est claire dans les versets coraniques qui interdisent la sujétion dans le discours, ou le piétinement dans la démarche ou le maquillage et l’étalage de ses atours [26]. En réalité, l’ostentation des charmes de la femme aboutit à la suprématie de la féminité sur son existence, et la transforme en simple œuvre d’art. C’est là un mépris de la femme et une récusation de ses compétences, un abrégement de sa durée de vie, de son temps et de ses chances ; en particulier, cela conduit à la priver, et à priver la société, de son talent pour la maternité. Ce sont là les principales grandes lignes de la position de l’islam vis-à -vis de la femme, à partir desquelles nous pouvons reconnaître les coutumes et les distinguer des dispositions légales, de même qu’il nous devient possible de discerner celles des narrations qui décrivent la situation de la femme à une étape historique particulière. Et le Messager de Dieu a fourni un effort infini pour améliorer la situation des femmes de son époque, qui portait les traces de la persécution et des préjugés d’un long passé, et pour la valoriser aux yeux des gens, en considérant que « les filles sont la meilleure progéniture », que « le meilleur des hommes est celui qui se comporte le mieux envers sa femme », que « la femme lui est aussi agréable en ce monde que la prière » et que « les femmes sont un dépôt confié par lui à sa Nation ». Et il me semble que les propos rapportés de l’Imâm ’Ali au sujet de la femme lui ont valu d’être considéré par certains chercheurs, orientalistes et autres, comme un ennemi de la femme, tel ce propos : « La femme est tout entière un mal, et le plus malin en elle est qu’elle est nécessaire » ; ou cet autre propos : « Les femmes sont un bégaiement et un point faible, alors dissimulez ce bégaiement dans le silence et ce point faible dans les demeures », entre autres… Ces citations, en supposant qu’elles soient bien de l’Imâm ’Ali, ne sont autres que les « questions extérieures » de la terminologie usulite décrivant la situation de la femme à une époque historique particulière. En outre, on trouve chez l’Imâm des formules et des sagesses qui correspondent parfaitement à ce que nous avons déduit du saint Coran. Il essaie parfois de donner une explication pénétrante des propos répandus parmi les gens sur les femmes, si bien que quand il entend le fameux proverbe : « Certes, les femmes ont une raison défaillante, une quote-part d’héritage incomplète et une faible foi », il le commente en accord avec ce que nous avons observé des enseignements coraniques sur la différence portant sur l’héritage, le témoignage et l’acquittement de certains devoirs dans des situations particulières ; on rencontre dans cette méthode une posture pédagogique éminente qui se retrouve dans la vie du Prophète, des Imâms et de Fâtima la Resplendissante. Quatrièmement : brève biographie Fâtima est née cinq ans après le début de la Mission du Prophète béni c’est-à -dire huit ans avant l’Hégire. C’est le dernier enfant du Prophète avec Khadija. Elle est née à La Mecque, dans la demeure de la révélation et du jihâd, dans une atmosphère de patience, de persévérance et d’endurance face aux difficultés. Elle a grandi entourée des sentiments sincères et du pur amour réciproque entre le messager de la miséricorde et Khadija, dont le Prophète n’oubliera jamais les sentiments et la fidélité tout au long de sa vie. Elle émigra après le messager de Dieu depuis La Mecque vers Médine, avec les autres femmes de la famille du Prophète, sous la supervision de ’Ali bin Abi Tâleb. Ils se rassemblèrent dans un seul convoi d’émigrants à la station de Qoba près de Médine. Elle se maria avec ’Ali bin Abi Tâleb la deuxième année de l’Hégire (623 apr. J.-C.), alors qu’il avait vingt-trois ans et qu’elle en avait dix [27] . Le Prophète a affirmé à ses compagnons que la préférence donnée à ’Ali sur les nombreux prétendants de Fâtima était une recommandation divine et découlait de l’insatisfaction manifestée par Fâtima vis-à -vis de tout autre prétendant que ’Ali. Elle ne fut consentante qu’envers ’Ali, malgré les multiples tentatives des femmes de Médine, qui déconseillaient à Fâtima de l’épouser, arguant de sa pauvreté, de sa participation continue au jihâd et de son intransigeance dans l’obéissance à Dieu. Elle vécut avec ’Ali huit années d’une vie exemplaire, devenue le symbole de la vie de couple, et lui donna Hassan, Hussein, Zaynab et Oumm Koulthoum, et Mohsen qu’elle perdit par une fausse couche suite au décès de son père lors des événements douloureux qui se produisirent à ce moment-là .
|