Regard sur la vie de Zaynab fille de l'Imam Ali (p)



Ô les yeux, préservez donc quelques efforts, sinon, qui pleurera les martyrs après ?

Qui pleurera sur ces gens conduits par leur sort, vers la réalisation d’une promesse faite avec mesure ?»

Al-Husayn répondit alors : « Ô sœur, toute chose prédestinée arrivera ».

Le convoi étant arrivé à Al-Kûfah, `Abd Allâh Ibn Ziyâd, à l’époque gouverneur de Bassora et d’Al-Kûfah, dépêcha sous la direction de `Umar Ibn Sa`d une armée de quatre mille soldats afin de combattre l’Imâm. Les gens d’Al-Kûfah ayant manqué à leur promesse, Al-Husayn n’avait de son côté que 72 partisans, tous descendants du Prophète, en plus d’un groupe de personnes qui préféra le martyre dans le camp de l’Imâm. Entendant arriver de loin l’armée d’Ibn Sa`d, Dame Zaynab alla chercher son frère et le trouva la tête sur les genoux. Elle s’approcha de lui et le réveilla, alors il leva les yeux vers elle et lui dit : « J’ai vu le Prophète — paix et bénédictions sur lui et sa descendance— en songe et il me dit : "Tu viendras chez nous" ». Émue, Dame Zaynab cria : « Ô malheur à moi ! » Alors il répondit : « Le malheur n’est guère à toi, ma sœur. Calme-toi, qu’Allâh te fasse miséricorde ».

Al-Husayn (as), l’héritier du Messager miséricordieux, avait demandé à ses compagnons de retourner chez eux, sains et saufs, accompagnés des femmes et des enfants, et de le laisser faire face aux injustes, seul. Mais ses vaillants partisans jurèrent de ne point l’abandonner et de le défendre corps et âme aussi longtemps qu’ils seront de ce monde.

La veille de la bataille de Karbalâ’, Dame Zaynab entendit son frère composer des vers tristes décrivant la médiocrité de l’ici-bas. Elle se tourna vers lui et dit : « Mon frère, ce sont les paroles de celui qui sait qu’il sera certainement tué ! » Il répondit alors : « Oui ma sœur ». Elle pleura disant : « Ô combien grande est ma perte, ô combien grande est ma tristesse. Si seulement la mort m’arrachait la vie ! Ô mon Husayn, Ô mon seigneur, Ô celui qui me reste parmi ma famille, tu te présentes à tes assassins et perds tout espoir dans cet ici-bas. C’est seulement aujourd’hui que mourut mon grand-père le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui et sa descendance—. C’est aujourd’hui que mourut ma mère Fâtimah et mon père `Alî et mon frère Al-Hasan ». Al-Husayn la regarda et essaya de la calmer en lui disant : « Ma sœur, que Satan ne vole pas ta clémence, garde donc la patience qu’Allâh conseilla. Sache que tous les habitants de la terre mourront, que les habitants des cieux ne resteront pas et que toute chose périra à part la Face d’Allâh Qui créa les créatures par Sa puissance, Qui les ressuscitera, leur rendra la vie et Qui est l’Unique. Mon grand-père est mieux que moi, mon père est mieux que moi, ma mère est mieux que moi, mon frère est mieux que moi. Nous sommes tous censés prendre le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui et sa descendance— comme modèle ». Puis il dit : « Si le soir on laissait le ganga tranquille, il dormirait ». Dame Zaynab dit : « Malheur à moi Husayn, tu te laisses prendre par tes ennemis. Ceci est plus brisant pour mon cœur et plus dur pour moi ».

Le combat commença ; les descendants du Prophète tombèrent en martyrs l’un après l’autre sous les yeux de Dame Zaynab. Voici `Alî, le fils de l’Imâm Al-Husayn combattant bravement aux côtés de son père jusqu’à ce qu’il fut épuisé et cria : « Ô père la soif me tue et la lourdeur du fer m’épuise ». Les larmes de l’Imâm coulèrent et il répondit : « Patience, un peu de courage et bientôt sera la rencontre avec ton grand-père Muhammad — paix et bénédictions sur lui et sa descendance —, alors il te donnera à boire de sa coupe la plus noble ». Quelques instants et Dame Zaynab vit les soldats porter vers sa tente, le corps de son neveu. Aussitôt que ses yeux tombèrent sur cette scène, elle sortit de sa tente, se dirigea vers `Umar Ibn Sa`d et lui dit : « Ô `Umar, tue-t-on Abû Abd Allâh alors que tu restes spectateur ?! » Les larmes aux yeux, `Umar ne supporta pas ses paroles et tourna son visage ailleurs. Voyant à la fin de la bataille Al-Husayn assassiné et ses deux fils martyrisés, Dame Zaynab s’écria : « Ô Muhammad ! Que le Seigneur du ciel t’accorde la paix, voici Husayn par terre, membres mutilés, et voici tes filles emprisonnées. À Allâh est ma complainte, à Muhammad, à `Alî Al-Murtadâ, à Fâtimah Az-Zahrâ’ et à Hamzah maître des martyrs ».

Voyant la tête de son frère portée sur les lances des hypocrites, Dame Zaynab dit : Ô croissant qui, aussitôt devenu parfaitement abouti, fut injustement éclipsé et périt…. Frère de mon cœur, je n’ai guère imaginé, Que telle sera ta destinée…

Elle s’adressa ensuite aux gens d’Al-Kûfah qui s’étaient rassemblés pour voir le convoi triste conduit vers `Abd Allâh Ibn Ziyâd, et dit : « Louange à Allâh et paix et bénédictions sur mon père Muhammad et sur sa descendance pieuse et bienfaisante. Ô gens d’Al-Kûfah, gens de la tromperie et de la duperie, pleurez-vous ? Que vos larmes ne cessent de couler et que votre douleur ne cesse de vous peiner. Vous êtes comme celle qui défit brin par brin sa quenouille après l’avoir solidement filée en prenant vos serments comme un moyen pour vous tromper les uns les autres. Malheur à vous, gens d’Al-Kûfah, savez-vous quel proche parent du Prophète avez-vous attaqué et quel sang lui avez-vous effusé ? Vous avez certes commis une chose abominable. Peu s’en faut que les cieux ne s’entrouvrent, que la terre ne se fende et que les montagnes ne s’écroulent. Que la clémence d’Allâh ne vous enorgueillit car votre Seigneur est à l’affût ».

À l’arrivée du convoi au palais de `Abd Allâh Ibn Ziyâd, ce malheureux criminel dit avec réjouissance et fierté : « Louange à Allâh qui vous a scandalisé, vous a tué et a démenti vos histoires. » Dame Zaynab prit alors la parole et répondit : « Louange à Allâh qui nous a honoré par Son Messager — paix et bénédictions sur lui et sa descendance — et qui nous a parfaitement purifié des vices. Allâh ne scandalise que le pervers et ne dément que le vicieux qui est autre que nous. » Ibn Ziyâd lui demanda alors : « N’as-tu pas vu ce qu’Allâh fit de ta famille et de ton frère ? ». Dame Zaynab dit : « Je n’ai vu que le bien. Ce sont des gens qu’Allâh enregistra comme martyrs et les voici martyrisés. Allâh vous rassemblera un jour et l’on verra à qui sera la victoire ». Il s’exclama alors : « Quel courage ! Ton père était un poète courageux ». Dame Zaynab répondit : « Fils de Ziyâd, de quel courage parles-tu ? Le courage n’est aucunement mon souci. Cela m’étonne que l’assassinat de tes imâms te soulage alors que tu es bien conscient de leur vengeance dans l’au-delà ».



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