Chapitre III : Dieu et la méthode expérimentale



Le spécialiste et l'expert ne fournissent pas à leur client le savoir technique et mécanique, mais seulement le produit des efforts ardus des inventeurs dont ils résument le fonctionnement en quelques phrases.
Ce n'est pas parce que les prescriptions religieuses n'ont pas été exprimées en formules scientifiques et qu'elles sont simples et accessibles à tous, qu'il faudrait les considérer comme des choses sans importance et sans valeur, qui feraient partie, de nos préjugés et de notre imagination et de notre mentalité erronée et qu'il faudrait ignorer leur rôle déterminant et leur influence profonde dans notre propre vie. Un tel raisonnement serait malhonnête et scientifiquement illogique.

Les lois scientifiques ne sont connues que lorsqu'elles sont vulgarisées, et qu'elles sont tangibles pour tous dans la vie individuelle et sociale.
En outre, si les prescriptions religieuses étaient à la portée de notre connaissance, de notre goût, et de notre perspicacité, nous n'aurions pas eu besoin de rites et de prophètes. Nous aurions pu les concevoir nous - mêmes.
En principe, les hommes ne tiennent pas compte de leur incapacité par rapport à leur capacité.

Le scientisme de notre époque a fait que les hommes, après les progrès accomplis dans le domaine des sciences expérimentales, sont devenus orgueilleux à telle enseigne qu'ils s'imaginent avoir soumis et dominé le monde de la réalité; alors que nul homme, à nulle époque ne peut prétendre avoir conquis tous les secrets de l'univers, et levé tous les voiles recouvrants la nature.
Il faut voir les réalités dans une perspective plus large, et comprendre que notre savoir est une goutte insignifiante face à l'océan des secrets inconnus parce que chaque découverte scientifique met au grand jour une grande quantité d'inconnues.

Tout au long des siècles, l'homme a déployé des efforts inlassables, mettant en oeuvre. tous ses moyens pour une connaissance plus poussée et plus complète de l'univers matériel. Le résultat en est qu'il a percé le secret de quelques mystères de ce monde, ce qui n'est pas grand chose étant donné qu'une montagne d'inconnues le cernent de toutes parts.

La parole d'Einstein confirme le caractère insignifiant du bagage scientifique en comparaison avec l'infinité des secrets. Il dit:
"L'image que l'on se fait du monde à l'aide de la science, est une image à moitié incomplète et non une image réelle du monde; parce qu'à cause de la faiblesse des organes de perception de l'homme, l'accès à une telle réalité n'est pratiquement pas aisé.
Et se contenter d'une représentation insuffisante de l'univers physique n'est pas quelque chose de liée à l'univers, mais une chose qui dépend plus de nous mêmes."14

Par conséquent, it faut évaluer de façon plus réaliste le domaine scientifique de la connaissance par les sciences du sensible ainsi que leurs influences, et analyser dans une optique saine et loin de tout parti pris pouvant être un obstacle sur la voie de la concrétisation de la vérité.
Sans doute, les sciences expérimentales ne peuvent rendre compte que de l'aspect phénoménale des choses.
Seuls la matière et les phénomènes matériels entrent dans leur domaine d'études et de recherches, parce qu'ils se prêtent à l'examen analytique en laboratoires.

Aujourd'hui, la démarche scientifique est celle de l'observation et de l'expérience. Et comme l'objet de l'empirisme est l'examen du monde objectif et extérieur; pour s'assurer de la justesse ou de la fausseté d'une proposition, les savants la rapportent au monde extérieur et la soumettent à l'expérience et aux tests. Si elle est confirmée, elle est acceptée; sinon, elle est rejetée.

Donc, en tenant compte de la méthode et de l'objet des sciences expérimentales, il faut se demander si les réalités métaphysiques peuvent être mises à l'épreuve de l'expérience par des moyens de la perception sensible et de l'expérience, et aussi quelle recherche expérimentale a le droit de se mêler de foi et de croyance, et se demander où les sciences expérimentales établissent elles un lien avec Dieu.

Le savoir matériel est une lanterne qui peut éclairer une partie des inconnues, mais il ne peut pas percer toutes les obscurités.
Car la connaissance de tout système, dépend de la façon dont son ensemble est connu, de façon que cette connaissance soit globale.
Mais le fait que l'on cloître le savoir humain dans le cadre de la connaissance sensible, empêche de parvenir à une vision totale, et constitue un frein, une limitation de l'objet scientifique et une ignorance des profondeurs de l'être.

En principe, que nous croyons en Dieu ou non, c'est une question qui n'entre pas dans le sujet des sciences expérimentales, parce que si l'objet d'étude est matériel, elles ne sauraient porter un jugement acceptable, positif ou négatif, parce que les doctrines religieuses professent que Dieu n'est pas un corps matériel, qu'il n'est pas perceptible par les sens, et qu'il n'est limité ni par le temps ni par l'espace.



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