Le Peuple De Saba Et L'inondation D'Arim NEW



Dans une telle contrée, ce qui était attendu de ses habitants était:

'Mangez de ce que votre Seigneur vous a attribué, et soyez reconnaissants envers Lui', comme le précise le verset.

Pourtant ils n'ont pas agi de la sorte. Ils pensèrent être à l'origine de leur prospérité, considérant que tout cela était venu grâce à leurs seuls efforts. Ils choisirent l'arrogance plutôt que la reconnaissance et, comme le Coran le déclare, 'ils se détournèrent [d'Allah]'…

Et parce qu'ils attribuaient à eux-mêmes tout ce qu'ils possédaient, ils perdirent tout. L'inondation du Barrage fit tout disparaître.

Mawdudi a écrit dans son commentaire du Coran à propos de l'appellation 'Sayl al-Arim', qui est employée dans le Noble Livre pour désigner ce désastre:

'Le vocable "arim", qui apparaît dans l'expression "Sayl al-Arim", est une forme dérivée du vocable "arimen", utilisé dans le dialecte de l'Arabie du Sud, et qui signifie "barrage, barrière". Dans les ruines exhumées lors des fouilles menées au Yémen, ce mot est apparu utilisé dans ce sens dans de nombreuses inscriptions; par exemple, dans celles qui furent réalisées après la restauration du grand mur de Ma'rib en 542 et 543, sous l'ordre du roi Ethiopien Ebrehe (Abraha), qui gouvernait aussi le Yémen, le mot "arim" est employé à plusieurs reprises pour désigner le barrage. C'est pourquoi l'expression "Sayl al-Arim" veut dire "une inondation désastreuse qui se produit après la rupture d'un barrage". Le verset: "Nous leur changeâmes leurs deux jardins en deux bosquets aux fruits amers, des tamaris et des jujubiers rabougris" (Sourate Saba:16), décrit l'état du pays après la catastrophe. Après l'effondrement du Mur, les canaux d'irrigation creusés par les Sabéens se trouvèrent également détruits. Par voie de conséquence, la région qui était, auparavant, semblable à un vaste jardin, se trouva transformée en une jungle. Et il n'y eut dès lors plus de fruits autres que ceux, semblables à des cerises, portés par de petits arbustes'4.

L'archéologue Chrétien Werner Keller, auteur de l'ouvrage 'Le Livre Saint avait raison' (Und Die Bible Hat Doch Recht), reconnut que l'inondation d'Arim s'était produite selon la description du Coran, et il écrivit que l'existence d'un tel barrage et la destruction du pays entier suite à son effondrement prouvent que l'épisode Coranique relatif aux gens du jardin a bel et bien eu lieu.5

Après la catastrophe, la région devint peu à peu un désert, et les Sabéens perdirent la source essentielle de leurs revenus avec la disparition de leurs terres agricoles. Cette situation était une sanction pour l'ingratitude des gens et leur refus de croire en Lui. La société sabéenne commença à se désintégrer et les habitants de cette région abandonnèrent leurs demeures pour émigrer vers l'Arabie du Nord, La Mecque et la Syrie.6

Puisque l'inondation s'est produite après la composition de l'Ancien et du Nouveau Testaments, cet événement se trouve évoqué seulement dans le Coran.

La cité de Ma'rib, autrefois prospère et aujourd'hui à l'état de ruines, constitue sans nul doute un avertissement pour tous ceux qui répéteront les mêmes erreurs que les Sabéens. Les Sabéens n'ont pas été les seuls à être frappés par une inondation en guise de châtiment. Dans le Coran, la sourate al-Kahf rapporte l'histoire de deux hommes, propriétaires chacun d'un jardin. L'un d'eux possédait un jardin vraiment imposant et productif, semblable à ceux que détenaient les Sabéens. Pourtant, il commit la même faute qu'eux: il se détourna d'Allah. Il pensa pouvoir s'attribuer la paternité des bienfaits dont il jouissait, c'est-à-dire qu'il considéra être la cause de son propre bien-être:

"Donne-leur l'exemple de deux hommes: à l'un d'eux Nous avons assigné jardins de vignes que Nous avons entourés de palmiers et Nous avons mis entre les deux jardins des champs cultivés. Les deux jardins produisaient leur récolte sans jamais défaillir. Et Nous avons fait jaillir entre eux un ruisseau. Et il avait des fruits et dit alors à son compagnon, avec qui il discutait: 'Je possède plus de bien que toi, et je suis plus puissant que toi grâce à mon clan'. Il entra dans son jardin, coupable d'injustice envers lui-même [de par sa mécréance]; il dit: 'Je ne pense pas que ceci puisse jamais périr, et je ne pense pas que l'Heure viendra. Et si on me ramène vers mon Seigneur, je trouverai certes un meilleur lieu de retour que ce jardin'. Son compagnon lui dit, tout en conversant envers lui: 'Serais-tu mécréant envers Celui qui t'a créé de terre puis de sperme et enfin Qui t'a façonné en homme? Quant à moi, c'est Allah Qui est mon Seigneur; et je n'associe personne à mon Seigneur. En entrant dans ton jardin, pourquoi ne dis-tu pas: 'Telle est la volonté d'Allah! Il n'y a de puissance que par Allah'? Si tu me vois moins pourvu que toi en biens et en enfants, il se peut que mon Seigneur, bientôt, me donne quelque chose de meilleur que ton jardin, qu'Il envoie sur ce dernier, du ciel, quelque calamité, et que son sol devienne glissant, ou que son eau se perde dans les profondeurs, de sorte que tu ne puisses plus la retrouver'. Et sa récolte fut détruite, et il se mit alors à se tordre les deux mains à cause de ce qu'il y avait dépensé, cependant que ses treilles étaient complètement ravagées. Et il disait: 'Malheur à moi! Que je souhaiterais n'avoir associé personne à mon Seigneur!' Il n'y eut aucun groupe de gens pour le secourir contre la punition d'Allah. Et il ne put se secourir lui-même. En vérité, la véritable protection est du ressort d'Allah, le Vrai. Il accorde la meilleure récompense et le meilleur résultat" (Sourate al-Kahf, versets 32-44)

Comme il ressort de ces versets, l'erreur commise par le propriétaire du jardin prospère n'a pas été de nier l'existence d'Allah. Il reconnaît bien Allah puisqu'il a même supposé que s'il était ramené vers son Seigneur, il trouverait auprès de Lui quelque chose d'encore meilleur. Mais il a transgressé en affirmant que le bien dont il jouissait était en fait uniquement dû à ses efforts.

Et c'est précisément là un cas d'association avec Allah: tenter de s'attribuer ce qui appartient à Allah exclusivement, et oublier de craindre Allah en pensant qu'on peut arriver soi-même au succès, et qu'en plus Allah accordera Ses faveurs.

C'est ce qu'ont fait les Sabéens. Et leur châtiment fut identique, à savoir que tout leur territoire fut détruit, afin qu'ils sachent qu'ils n'étaient pas les véritables détenteurs du

1 "Seba" Ýslam Ansiklopedisi: Ýslam Alemi, Tarihi, Coðrafya, Etnoðrafya ve Bibliyografya Lugatý, (Encyclopédie de l'Islam: Le monde islamique, l'histoire, la géographie, l'ethnographie et le dictionnaire de bibliographie) Vol.10, p. 268
2 Hommel, Explorations dans les Terres de Bible, Philadelphie: 1903, p.739
3 "Marib", Ýslam Ansiklopedisi: Ýslam Alemi, Tarihi, Coðrafya, Etnoðrafya ve Bibliyografya Lugatý, vol. 7, p. 323-339.
4 Mawdudi, Tefhimul Kuran, Vol. 4, Istanbul: Ýnsan Yayýnlarý, p. 517.
5 Werner Keller, Und die Bibel hat doch recht, New York: William Morrow, 1956, p. 207.
6 Le Guide du Nouveau Voyageur au Yémen, p. 43.
pouvoir, mais que seule une partie de la puissance leur avait été 'accordée'.



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