LA REDACTION DU CORANResponsable des textes anciens d'Irak, le docteur Oussama Nasser al-Nakchabandi a supervisé le déménagement avec sa femme Damia, la directrice de la section artistique du musée. Il raconte: «L'opération s'est déroulée dans le plus grand secret. Elle a débuté trois mois avant la guerre pour s'achever une semaine à peine avant le début des bombardements. Des camions banalisés, c'est-à -dire n'appartenant pas à l'Etat, ont fait des navettes quotidiennes entre le musée et l'abri antiatomique d'al-Mansour. Le personnel du musée ignorait où les collections partaient. Nous étions quatre personnes dans la confidence.» A l'origine de l'initiative, le docteur avait conservé un mauvais souvenir de la guerre précédente, «1% des pièces avaient disparu, dont des textes originaux de l'imam Ali et de l'imam Hussein. Nous avons lancé des avis de recherche à travers le monde. Sans succès. Nous attendons toujours la réponse d'Interpol, précise-t-il. Lorsque nous avons compris qu'il y aurait la guerre, nous avons proposé un plan à notre gouvernement qui l'a accepté rapidement. Dans l'abri antiatomique, les collections étaient protégées des bombes et des voleurs. Quant à la température et au degré d'humidité, ils sont parfaits pour la conservation.» Après la chute de Bagdad, les hordes de pillards ont attaqué des annexes du musée Dar Saddam qui est formé d'un ensemble de maisons traditionnelles de la rue d'Haïfa, non loin du ministère de l'Intérieur. Curieusement, ils n'ont pas pris d'assaut la bâtisse censée abriter les manuscrits. Comme si les vrais spécialistes du vol d'antiquités savaient qu'il n'y avait rien à dérober, à part des lustres et du mobilier. En revanche, des cambrioleurs ont tenté de fracturer la cache. Ils sont parvenus à franchir une porte blindée de l'abri antiatomique, mais la deuxième a résisté. Alertés par le vacarme, les gardiens des habitants du quartier ont chassé les intrus au fusil kalachnikov. Des traces de sang sur les murs témoignent de l'accrochage. «Ces manuscrits n'appartiennent pas à quelqu'un, ils participent à la civilisation mondiale. Il faut nous aider à les maintenir en état», commente le docteur Oussama Nasser al-Nakchabandi. Mise en cause pour n'avoir pas protégée le musée de Bagdad des pillards, l'armée américaine a depuis repris la situation en main. Elle a visité l'abri antiatomique. Pour recenser les trésors mais aussi pour vérifier que le refuge était exempt d'armes chimiques ou bactériologiques. Les Américains étaient favorables à un déplacement des documents au musée archéologique désormais protégé par les chars de la coalition. Les responsables culturels irakiens s'y sont opposés. Ils attendent la formation du gouvernement et les consignes du futur ministre de la Culture. «Nous souhaiterions que l'Unesco et des experts internationaux soient associés au rapatriement» explique le docteur Oussama Nasser al-Nakchabandi. Bardé de trousseaux de clés, il continue de veiller sur les merveilles de Bagdad. Retrouver toute l'information sur http://www.lefigaro.fr
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