Chapitre III : Le Libre Arbitre
Chapitre III
Le Libre Arbitre
Les partisans de cette école disent que l'homme est automatiquement conscient qu'il est libre dans ses actes; il peut décider comme il veut et il faconne son propre destin d'après sa volonté et ses inclinations. L'existence qui a décrété la responsabilité de l'homme, le regret que l'homme ressent pour des actes qu'il commet, les punitions que la loi ordonne contre les criminels, les actes que l'homme accomplit dans le but de changer le cours de l'histoire, les fondements de la science et de la technologie, tout ceci dépend du libre arbitre de l'homme dans les actes qu'il accomplit. Il serait complètement insensé que Dieu, d'une part oblige les hommes à faire quelque chose et d'autre part les punisse ou les récompense pour ces actes. Ce serait complètement injuste pour le Créateur de ce monde de nous mettre sur la voie qu'il a Lui-même choisi par Sa volonté et Son pouvoir, puis de nous punir pour des actions que nous avons commises sans aucun choix de notre part. Si les actes de l'homme sont réellement les actes de Dieu, toute corruption, mal ou cruauté doit être considéré comme Son propre fait, alors que Son être sacré est complètement pur de toute corruption ou injustice.
S'il n'y avait pas de libre arbitre pour l'homme, tout le concept de la responsabilité religieuse de l'homme serait injuste. Le tyran oppresseur ne mériterait aucun éloge, car la responsabilité n'a de sens que dans les limites de ce qui est possible et qui peut être atteint par l'homme. L'homme ne mérite le blâme ou l'éloge que lorsqu'il est libre de décider et d'agir. Autrement, il ne pourrait être question de blâme ou d'éloge. Ceux qui adhérent à la position ci - dessus ont exagéré le rôle du libre arbitre de l'homme jusqu'à considérer l'homme comme seul possesseur du choix dans tous ses actes volontaires. Ils s'imaginent que Dieu est incapable d'étendre sa souveraineté sur la volonté et les désirs de Ses créatures et que les actes volontaires de l'homme sont exclus des limites de Son pouvoir. Ceci est en bref la position des partisans du libre arbitre absolu.
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Ceux qui disent que ce sont les normes naturelles et la volonté des hommes qui créent le monde des phénomènes, et que ni la rotation du monde ni les actes de l'homme n'ont de relation avec Dieu, attribuent tous les effets à un pôle opposé à Dieu. Tout au moins, ils font des choses créées des partenaires de Dieu dans sa création, ou mettent un autre créateur en confrontation avec Dieu. Inconsciemment, ils considèrent les essences des choses créées comme indépendantes de l'essence divine. L'indépendance d'une créature - que ce soit l'homme ou autre- provoque en cette créature le sentiment d'être un partenaire de Dieu dans ses actes et dans son indépendance, ce qui implique une forme de dualisme. L'homme est ainsi entraîné loin du principe élevé de l'unité divine et pris au piège du polythéisme. Accepter l'idée l'absolue liberté de l'homme serait lui nier sa souveraineté de Dieu dans un domaine donné, alors qu'il renferme tous les êtres, car nous attribuerions à l'homme une souveraineté indiscutable dans la sphère de ses actes volitifs. Aucun vrai croyant en l'unité de Dieu ne peut accepter l'existence d'une créativité en dehors de celle de Dieu, même dans le domaine limité des actes de l'homme.
Tout en reconnaissant la validité des causes et facteurs naturels, nous devons considérer Dieu comme la véritable cause de tous les évènements et phénomènes et reconnaître que si Dieu le voulait, il pourrait neutraliser la volonté de l'homme même dans la sphère limiteé où elle opère, pour la rendre inopérante. Tout comme toutes les créatures du monde manquent d'indépendance dans leur essence, tout en étant dépendant de Dieu, elles manquent aussi d'indépendance dans la causation et dans la production des effets. Ainsi, nous avons la doctrine de l'unité des actes, c'est à dire la perception du fait que le système entier de l'être avec ses causes et ses effets, ses lois et ses normes est le fait de Dieu et ne vient à exister que par Sa volonté; tout facteur et toute cause lui doit non seulement l'essence de son existence mais aussi sa capacité à agir et à produire des effets. L'unité des actes ne nous impose pas de renier le principe de cause et d'effet et le rôle qu'il joue dans le monde, ou de considérer toute chose comme le produit direct ou indirect de Dieu, de façon que l'existence ou l'absence de facteurs causatifs ne ferait aucune différence. Mais nous ne devrions pas attribuer une causalité indépendante à ces facteurs, ou nous imaginer que la relation de Dieu avec le monde est telle que celle de l'artiste avec son oeuvre -par exemple un peintre avec ses tableaux - le travail d'art dépend de l'artiste pour son production, mais une fois que l'artiste a fini son oeuvre, le charme et l'attrait de la peinture restent, indépendamment de l'artiste. Si l'artiste quitte ce monde, sa bril lan te oeuvre restera toujours. S'imaginer que la relation de Dieu avec le monde est du même type est une forme de polythéisme.
Quiconque nie le rôle de Dieu dans les phénomènes et actes des hommes suppose par la même que la puissance de Dieu s'arrête aux frontières de la nature et du libre arbitre de l'homme. Une telle vue est rationnellement inacceptable, car elle implique aussi bien la négation de la totalité de la puissance de Dieu que la limitation de son essence infinie. En défendant une telle opinion, on se considère libre de tout besoin de Dieu, ce qui nous pousserait à nous rebeller contre lui et nous engager dans toute forme de corruption. Au contraire, un sentiment de dépendance envers Dieu, de confiance et de soumission à lui, a un effet positif sur la personnalité et la conduite de l'homme.
En ne reconnaissant aucune source de commandement autre que Dieu, aussi bien intérieure qu'extérieure, les désirs passionnels et les inclinations seront incapables de l'entraîner dans tel ou tel autre chemin et aucun homme ne pourra l'asservir. Le saint Coran dénie à l'homme toute participation avec Dieu dans la gestion des affaires de ce monde:
"Dis: louange à Dieu qui n'a point d'enfant, qui n'a point d'associé dans sa royauté, et qui n'a point (besoin) de protecteur contre l'humiliation; et glorifie Sa grandeur."
Coran, sourate 17, verset 111
Plusieurs versets affirment sans ambiguité aucune, la puissance et le pouvoir absolu de Dieu; par exemple:
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