La causerie de la mort (al-mawt)



Je ne peux m'empêcher de vous avouer que lorsque mon père a commencé sa causerie sur la mort, j'étais très tendu, nerveux et agité. Je fixais son visage en faisant attention à ses paroles prononcées avec une lenteur vigilante témoignant d'une fort probable inquiétude.

Je ne peux vous cacher, également, le fait que chaque fois que mon père prononçait le mot "mort" ; ce vocable terrible, effrayant et obscur ; je sentais une accélération incontrôlée des battements de mon cœur en raison de la peur excessive de ce que j'entendais. Tout ceci obscurcissait, malgré moi, le teint de ma peau et couvrait mon front d'une sueur bouillante.

Mon état de peur s'accentua au fur et à mesure que mon père parlait de «la mort et du mort». La panique et la nervosité ne tardèrent pas à trahir mon inquiétude.

La pression  de ces deux éléments m'obligèrent de reconnaître mon angoisse.

Et lorsque mon père parvient à distinguer les marques de la peur sur mon visage et mes yeux qui le fixaient énergiquement, il m'a dit :

- Tu as peur?

■Et comment pourrais-je ne pas l'être?

- As-tu peur de la mort ou du mort?

■Et comme j'avais plus peur du mort que de la mort je lui répondit : du mort.

La frayeur que j'ai vécue et reconnue aujourd'hui fut épouvantable. Je n'avais jamais vu auparavant une personne agonisante ou en train de mourir. Je n'ai même pas eu l'occasion d'entendre, avant ce jour, un récit relatant ce que je dois faire si je me trouve auprès d'une personne agonisante.



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