La causerie du jeûne (al-s.awm)



Mon père commença la causerie sur le mois du ramadan avec dans la voix un enrouement tremblant, dans les yeux la trace d'une larme chaude et enflammée et dans l'âme une source jaillissante de douceur. En effet, le terme ramadan ne peut, à son sens, se dissocier du sens des plus doux et plus beaux termes suivants : pardon, grâce, bénédiction, miséricorde, rémission et agrément divin.

Et afin de me montrer cette forte conviction, il me transporta dans le temps vers une assemblée exhalant le parfum de la majesté et la grâce de la grandeur... Il m’a fait revivre par ses paroles le jour où, entouré de sa famille et ses compagnons, le Messager de Dieu (pbAsl) prononça un prêche dans lequel il a dit :«Ô gens! Voici qu'arrive le mois de Dieu en vous apportant la bénédiction, la miséricorde et le pardon. C’est le meilleur mois pour Dieu. Ses jours sont les meilleurs jours. Ses nuits sont les meilleures nuits. Et ses heures sont les meilleures heures. C’est un mois pendant lequel vous êtes les invités de Dieu. Vous y êtes parmi ceux que Dieu juge dignes de Sa générosité. Vos souffles, dans ce mois, sont des louanges. Votre sommeil y est une adoration. Vos actes y sont acceptés. Et vos invocations y sont exhaussées. Alors implorez Dieu, votre Seigneur, avec des intentions sincères et des cœurs purs pour qu’Il vous accorde la possibilité de faire le jeûne et de réciter Son livre. Malheureux est celui qui n’obtient pas le pardon de Dieu durant ce majestueux mois.

Ô gens! Les portes du paradis s'ouvrent durant ce mois, demandez à votre Seigneur qu’Il ne les ferme pas devant vous. Les portes des enfers se ferment [durant ce mois], demandez à votre Seigneur qu’Il ne les ouvre pas devant vous. Les diables sont enchaînés [durant ce mois], demandez à votre Seigneur qu’Il ne les lâche pas contre vous».

Mon père narra ces passages avant de rapporter un autre passage du même prêche comme s'il voulait m'indiquer en même temps ce que je dois faire durant ce mois béni. Aussi, il lit pour moi l'affirmation suivante du prophète (pbAsl) : «Ô gens! Celui, parmi vous, qui offre le repas de rupture de jeûne à un croyant durant ce mois, son acte comptera, auprès de Dieu, comme l'affranchissement d'un esclave et verra tous ses péchés précédents expiés».

On lui réplique : Ô Messager de Dieu! Nous ne pouvons pas tous faire ça? Il répondit (pbAsl) : «Protégez-vous du feu [de l'enfer] même par une datte. Craignez Dieu même en offrant une gorgée d'eau. Dieu qu'Il soit exalté accorde cette rétribution à celui qui fait cet acte infime s'il ne peut faire un plus important...

Ô gens! Celui, parmi vous, qui améliore son comportement moral pendant ce mois, traversera sans encombre la Voie (al-s.irât.)[1] le jour où les pieds glisseront sur ce passage. Celui qui y allégera les tâches de ses subordonnés, Dieu allégera son jugement. Celui qui y cessera [de faire] le mal, Dieu arrêtera sa colère envers lui le jour ou il sera devant Lui. Celui qui y honorera un orphelin, Dieu l’honorera le jour où Il le rencontrera. Celui qui y renforcera ses proches, Dieu lui apportera Sa miséricorde le jour de Sa rencontre. Celui qui y coupera ses relations avec ses proches, Dieu lui coupera Sa miséricorde, le jour de Sa rencontre. Celui qui y récitera un verset du Coran aura la récompense de celui qui récite tout le Coran pendant un autre mois».

En terminant la lecture de ce passage du prêche du Prophète (pbAsl), mon père esquissa la critique et la récusation de quelques aspects comportementaux des jeûneurs qui croient que le jeûne consiste à s'abstenir de magner et de boire. Il soutint ses propos par l'affirmation suivante de l'Imâm ‘Alı (bsl) qui dit : «Nombreux sont les jeûneurs qui n’ont de leur jeûne que la soif et les prieurs qui n’ont de leur prière que la fatigue».

Puis, il ajouta une autre affirmation de l’Imâm Al-s.âdiq (bsl) qui dit : «Si tu te réveilles en état de jeûne, alors que ton ouïe, ta vue, tes cheveux, ta peau et tous tes membres jeûnent aussi».

Il cita, aussi, l'affirmation suivante du même Imâm (bsl) : «Le jeûne n’est pas seulement le fait de s'abstenir de manger et de boire. Si vous faites le jeûne, protégez vos langues du mensonge, détournez vos regards de ce que Dieu a interdit, ne vous vous disputez pas, n’enviez pas les autres, ne parlez pas des autres en leur absence, ne vous insultez pas, ne commettez pas d'injustice, évitez les faux témoignages, le mensonge, les disputes et les mauvais soupçons [envers les autres], la médisance et la calomnie. Soyez prêts pour la vie de l’au-delà en attendant votre jour, en attendant ce que Dieu vous a promis. Approvisionnez-vous pour Le rencontrer. Veillez sur votre sérénité, votre dignité, votre obéissance, et votre soumission tels des esclaves qui ont peur de leur Seigneur et qui espèrent en [Sa clémence]».

Il me raconta, par la suite, une anecdote qu'eut le prophète (pbAsl). Ainsi, un jour il (pbAsl) entendit une femme insultée sa servante alors qu'elle faisait le jeûne. Le Messager de Dieu (pbAsl) fit chercher un plat de nourriture et lui dit : «Mange!» La femme répondit : je fais le jeûne Messager de Dieu. Il répliqua : «Comment peux-tu être en état de jeûne alors que tu viens d'insulter ta servante. Le jeûne ce n'est pas s'abstenir de manger et de boire. Dieu en a fait un voile contre les turpitudes des actes et des paroles. Que le jeûne est rare et que la faim est répandue!».



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