Les années précédant l'immigrationLes Fiançailles avec `Âyechah
Depuis la mort de Khadîdja, à qui il avait été très attaché, Mohammad semblait sombre et affligé. Abû Bakr, qui guettait une occasion pour cimenter son amitié avec lui ne pouvait pas perdre cette chance inespérée pour tenter de le consoler. Aussi lui offrit-il sa fille `Âyechah en mariage. Bien qu'elle n'eût encore que sept ans, les coutumes reconnaissaient cependant une telle alliance. Sur les sollicitations réitérées et persuasives d'Abû Bakr, Mohammad finit par consentir à ce mariage, tout en se contentant pour le moment uniquement des fiançailles; la consommation du contrat aura lieu à Médine après l'Emigration. C'était là un acte de clairvoyance caractéristique d'Abû Bakr. A l'exemple d'Abd Bakr, `Omar aussi était désireux d'avoir une influence semblable dans la vie conjugale du Prophète; et il finira plus tard par marier sa fille Hafçah au Prophète, mariage dont nous parlerons en une autre occasion, plus loin. Les Hommes de Médine embrassent l'Islam
La onzième année de la Mission du Prophète, et alors qu'il prêchait à `Aqabah, entre Mina et `Arafât, six Khazrajites de Yathrib (Médine), venus accomplir le pèlerinage à la Mecque, l'écoutèrent attentivement. Ayant entendu patiemment les principes fondamentaux de la Foi de Mohammad et ses propres sentiments, ils furent frappés par la véracité de ses paroles et embrassèrent l'Islam en conséquence. A leur retour à Yathrib, ils diffusèrent les doctrines de l'Islam parmi leur peuple et parlèrent de leur conversion à la Foi de Mohammad avec beaucoup de louanges pour sa vérité, son caractère saint, son amour fraternel, sa conduite pacifique et sa personnalité attirante. Le Premier Serment de `Aqabah
L'année suivante, soit la douzième année de la Be`thah (Mission), sept autres personnes, attirées par curiosité, après avoir entendu les rapports des six premiers convertis, quittèrent Yathrib pour la Mecque, en compagnie de cinq personnes parmi ceux qui avaient embrassé l'Islam l'année précédente. Ils rendirent visite au Prophète au même endroit, à `Aqabah et furent très contents de ses enseignements. Ils embrassèrent sa Foi et lui prêtèrent serment de ne reconnaître aucun autre dieu que l'Omniscient, l'Omniprésent et l'Unique Seigneur, Allah, d'obéir au Messager de Dieu quant à ses commandements consistant à observer scrupuleusement les prières et à mener une vie sans péché, c'est-à -dire ne pas commettre l'adultère, ni la fornication, ni l'infanticide, ni le vol, et à s'abstenir de la calomnie et de la diffamation. Ce serment est connu dans l'histoire comme le Premier Serment de `Aqabah. Les douze hommes, ayant prêté serment d'allégeance au Prophète et à sa Foi, retournèrent à Yathrib, à environ quatre cent dix kilomètres au nord de la Mecque, en tant que propagateurs de l'Islam. Deux disciples du Prophète, Moç`ab In `Omayr, un petit-fils de Hâchim, et `Abdullah Ibn Om Maktum, furent envoyés avec eux pour enseigner le Coran et les doctrines fondamentales de l'Islam. Ces propagateurs furent chargés d'informer le Prophète des résultats de leurs efforts au même endroit lors de la prochaine saison du pèlerinage. Le Mi `râj
Le 27 Rajab de la douzième année de sa Mission, alors que Mohammad venait de terminer ses prières de nuit à la maison de sa cousine, Om Hânî, la fille d'Abû Tâlib, et que les habitants de la Mecque dormaient déjà , l'ange Gabriel apparut devant lui et l'amena à la Ka`bah. Là , il le fit monter sur un cheval nommé Borâq, et le conduisit à Jérusalem, où ils descendirent dans le temple. Après y avoir dirigé la Prière en assemblée d'un groupe de prophètes envoyés avant lui. Mohammad enfourcha de nouveau son cheval et fut transporté aux cieux où on lui montra les beautés du Paradis et les horreurs de l'Enfer. Il vit parmi les Lumières célestes - où il reçut de Dieu de nouveaux Préceptes et Commandements, ainsi que l'ordre pour sa Ummah de faire cinq prières quotidiennes obligatoires - son propre nom inscrit avec celui de `Ali dans la Profession de Foi musulmans : "Il n'y a de dieu que Dieu l'Unique, Mohammad est Son prophète avec `Ali comme sa Main Droite". "Gloire à Celui qui a fait voyager de nuit Son serviteur de la Mosquée sacrée à la Mosquée très éloignée (de Jérusalem) dont Nous avons béni l'enceinte, et ceci pour lui montrer certains de Nos Signes. Dieu est vraiment Celui qui entend et qui voit parfaitement" (Sourate Banî Isrâ'ù, l7 :1). Aucun musulman ne doit avoir le moindre doute sur ce voyage nocturne. Il y a encore l'empreinte du pied du Prophète sur la pierre d'une roche à Jérusalem, roche sur laquelle il était monté pour enfourcher Borâq et effectuer son voyage aux cieux. La Mosquée construite par le Calife `Omar en vue de préserver la mémoire de l'empreinte sur la pierre se dresse toujours là . Mais il y a cependant quelques personnes notables qui n'ont pas cru à l'ascension corporelle du Prophète aux Cieux. Ces personnes croient à un voyage plutôt spirituel dans lequel l'esprit du Prophète aurait vu les choses décrites ci-dessus. Ce point de vue a été soutenu notamment par `Âyechah, la fille d'Abû Bakr al-Çiddîq et l'une des femmes du Prophète, ainsi que par Mu`awiyeh, le célèbre fils d'Abû Sufiyân. Il ne serait pas déplacé de noter ici qu'à l'époque où l'ascension eut lieu `Âyechah était une enfant d'environ sept ans, vivant avec ses parents et ses proches, et non avec le Prophète qu'elle ne rejoignit comme épouse qu'environ deux ans plus tard à Médine. Le père de `Âyechah, Abû Bakr, croyait pourtant à l'ascension corporelle du Prophète, et d'aucuns disent même que le titre d'al-Çiddîq, ou le véridique, lui fut décerné spécialement pour avoir corroboré l'histoire de l'ascension. Moç`ab Ibn Zubair et d'autres dirent que les gens s'accordèrent à l'appeler al-Çiddîq (témoin de la vérité) parce qu'il avait vite témoigné que Mohammad était le Prophète de Dieu" (Major Jarrett's trans. of Suyqtî’s His. Cal. p. 25). Mu`âwiyeh n'était pas encore né lors de l'ascension. Il naquit un an plus tard (l'année où le Prophète se réfugia dans la grotte de parents païens qui étaient les ennemis mortels du Prophète à l'époque. Il se convertit à l'Islam dix ans plus tard. La Propagation de l'Islam à Médine
La terre de Yathrib s'avéra très fertile pour l'Islam. Moç` ab Ibn `Omayr commença vite, après son arrivée à Yathrib, à prêcher publiquement la nouvelle religion du Prophète Mohammad; et il put, grâce à l'assistance et à l'exemple des douze propagateurs de cette Foi, réaliser un grand succès. Les gens, qui attendaient déjà quelqu'un qui avait été promis dans les Ecritures, identifièrent Mohammad comme étant le Prophète attendu lorsqu'ils entendirent parler de lui et de ses doctrines. Beaucoup d'entre eux ne tardèrent pas à embrasser l'Islam. Osays Ibn Hozayr un noble de cette ville, et Sa d Ibn Mo az, le prince de la tribu de Aws, furent les premières personnalités importantes à se convertir, et leur exemple fut suivi par toutes leurs grandes familles connues sous le nom de Banî `Abd al Ach-hal. De même Abû Qays et la plupart de ses partisans se convertirent un peu plus tard. Le Second Serment de `Aqabah
L'année suivante, la treizième année de la Bi`thah (Mission), au mois de Thilhaj -jours de célébration joyeuse à la Mecque - soixante-treize hommes et deux femmes parmi les convertis de Aws et de Khazraj de Yathrib accompagnèrent Moç`ab Ibn `Omayr à la Mecque, dans une caravane juive de trois ou cinq cents pèlerins conduits par leur chef Ibn Obay. Dès leur arrivée à la Mecque, ils se rendirent auprès du Prophète, lui présentèrent leurs profonds respects, et lui firent part de leur désir de le voir les accompagner à Yathrib. L'invitation était une aubaine - une bénédiction du Ciel - à un moment où les Quraych, ayant échoué dans leurs tentatives d'endiguer la progression de la religion de Mohammad et de faire échec à la propagation de l'influence grandissante des Musulmans un peu partout, commençaient à envisager le recours à la violence ouverte et même à l'assassinat du Prophète. Il était donc imprudent que Mohammad restât plus longtemps à la Mecque. Pour examiner la proposition des convertis de Yathrib, on fixa un autre rendez-vous à `Aqabah la troisième nuit, c'est-à -dire une nuit après le jour du Sacrifice. En se rendant au rendez-vous, le Prophète se fit accompagner par son oncle Al- Abbâs, devenu à présent le chef de la famille et le protecteur officiel de Mohammad. Il observait silencieusement le déroulement de la conférence. Les Yathribites s'engagèrent à protéger le Prophète contre ses ennemis et contre tous les périls. Ils manifestèrent leur désir d'entendre le Prophète donner sa parole que s'il venait à être réclamé par les habitants de sa ville natale, il n'abandonnerait pas ses nouveaux alliés. Il leur promit d'être (et leur demanda de le considérer) désormais comme l'un d'entre eux, lié par les liens d'intérêt, d'honneur et de sang. Puis ils demandèrent quelle serait leur récompense s'ils étaient tués au service de cette cause. A cette question le Prophète répondit que le Paradis serait la récompense de tous ceux qui mourraient en défendant le Prophète sur le chemin de l'Islam. Tout le monde fut très content des réponses du Prophète et réitéra son serment d'allégeance et de fidélité. Chacun des congressistes vint serrer la main du Prophète. Cet événement est connu dans l'histoire comme le Second Serment de `Aqabah. Ayant constaté le sérieux des Yathribites et leur adhésion dévouée à Mohammad, Al-`Abbâs transféra solennellement la charge de la protection de Mohammad, de lui-même à ces derniers à Yathrib. Le pacte ayant été unanimement confirmé, l'émigration du Prophète à Yathrib (Médine) fut définitivement décidée. Malgré tout le secret dont furent entourées les négociations de `Aqabah, qui s'étaient déroulées en pleine nuit, un espion de Quraych vociféra dès la fin de la conférence qu'il allait les dénoncer. Le prophète dit : "Ne le craignez pas» ! II est l'ennemi d Allah. Sur ce, l'assemblée se dispersa. Le matin suivant, alors qu'ils effectuaient leur voyage de retour chez eux, leur caravane fut poursuivie par les Mecquois, mais la poursuite fut infructueuse. Les Mecquois eurent beaucoup de craintes des conséquences des négociations de `Aqabah et furent alarmés de voir Mohammad avoir des amis et protecteurs hors de leur portée. L'Etablissement de la Fraternité
Maintenant le Prophète rassembla ses adeptes mecquois et établit entre chacun d'eux un lien de fraternité. Ainsi Abû Bakr et `Omar furent réunis en deux frères; Hamzah devint le père de Zayd Ibn Hârithati. De la même façon un lien fraternel établit entre `Othmân et `Abd-el-Rahmn, Zubayr et Ibn Mâs'ûd, `Obaydah Ibn Hârith et Bilâl; Talhah et Sa`îd Ibn Zayd, Moç`ab Ibn `Omayr et Sa`d Ibn Abî Waqqâç, Abû Obaydah et Salîm, ... Le prophète réserva sa fraternité à Ali.
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