Le rapprochement dans les pensées de l'Imam Moussa SadrSeyed Djaafar Chahidi se souvenait aussi des activités de l'Imam Moussa Sadr dans le domaine du rapprochement : "Moussa Sadr avait été convaincu qu'il fallait élaborer, sur le plan théorique, une stratégie déterminée, ainsi que des mécanismes pratiques pour la réaliser. Dans une première étape, il avait établi des liens étroits avec des partisans du rapprochement et de l'unité islamique, pendant son séjour à Qom et à Nadjaf. Il avait donc réussi à faire connaître ses idées aux grands dignitaires religieux des écoles théologiques de Qom et de Nadjaf, tels que les grands Ayatollahs Boroudjerdi, Mohaqeq Damad, Hakim, Khoï et l'Imam Khomeiny – que leurs âmes reposent en paix." Dans une deuxième étape, l'Imam Moussa Sadr organisait des réunions et conférences consacrées au rapprochement des écoles islamiques. Cela était une occasion pour qu'il prenne, lui aussi, la parole pour exprimer ses propres idées. Pour Moussa Sadr, l'organisation de ces rassemblements figurait certes parmi les initiatives positives et fructueuses pour œuvrer dans la voie de l'unité des Musulmans ; bien qu'elle ne soit pas suffisante. Le pas le plus important qu'il fallait franchir, d'après lui, était le rapprochement sur la base d'une unité jurisprudentielle. L'Imam Moussa Sadr était convaincu que les précurseurs du mouvement du rapprochement des écoles islamiques avaient préparé le terrain à une unité en matière de jurisprudence. Selon lui, la réunion des grands dignitaires religieux ou la publication de livres, d'essais et d'articles sur les bienfaits de l'unité islamique ne suffisaient pas à réaliser cet objectif. D'après l'Imam Moussa Sadr, pour que l'Oumma islamique puisse vivre une véritable unité, il fallait absolument œuvrer pour une unité jurisprudentielle pour toutes les écoles et toutes les confessions musulmanes. Certes, il n'entendait pas par l'unité jurisprudentielle, l'uniformité et la convergence absolue en matière des fatwas émis par les oulémas, car il est évidemment impossible que les oulémas des différentes écoles pensent tous de la même façon. Par contre, il croyait que la différence entre les fatwas n'était pas un facteur de divergence, mais un élément de richesse et de perfectionnement. Il disait : "Ces théories jurisprudentielles, lorsqu'elles sont exprimées sous formes de fatwas et de décrets, risquent malheureusement de devenir une source de discorde et de désaccord parmi les adeptes de différentes écoles islamiques, sauf s'il y ait un mécanisme permettant de les faire converger." En réalité, les Musulmans de toutes les confessions pouvaient, cependant, se mettre très facilement en accord en ce qui concernait, par exemple, l'unité du calcul des horaires, l'observation du croissant de la lune du mois de Chawal, le calendrier des fêtes religieuses et l'organisation de la prière collective de sorte que les adeptes de toutes les écoles et confessions islamiques puissent y participer ensemble. D'après lui, il y avait là des occasions en or pour renforcer l'unité des Musulmans et rehausser leur rang parmi les nations du monde. D'après l'Imam Moussa Sadr, la réalisation de l'unité en matière de jurisprudence dépendait d'abord de la volonté des penseurs, des oulémas et des dirigeants religieux du monde musulman. Le soutien des dignitaires religieux au mouvement du rapprochement aura, sans aucun doute, des conséquences décisives dans la vie de l'Oumma islamique. Il rencontrait régulièrement des oulémas et leur écrivait souvent des lettres pour les appeler à accorder leur soutien précieux et déterminant à la sauvegarde des valeurs sacrées de l'Islam, notamment l'unité des Musulmans. La lettre qu'il avait écrite au Cheikh Hassan Khaled, grand mufti du Liban en est un exemple remarquable. Dans le même temps, il n'a jamais oublié l'importance des débats théoriques dans le domaine du rapprochement, qu'il essayait de développer dans ses écrits ou dans ses discours. Pour lui, ces débats théoriques pourraient bien servir de fondement à une solution pratique en matière du rapprochement des écoles islamiques. Il disait : "Il n'y a ni de différend ni de contradiction entre les Chiites et les Sunnites. Les Chiites et les Sunnites sont tous musulmans et adeptes d'une même religion." Dans le sillage de ces pensées profondes, l'Imam Moussa Sadr était à l'origine des efforts déployés pour établir des liens étroits et profonds parmi les centres d'enseignement islamique en Afrique et les écoles théologiques chiites au Liban. Le président de l'Association des oulémas sunnites de Beyrouth, M. Ahmad Alzin a dit : "L'Imam Moussa Sadr était un grand religieux chiite et il appartenait à une très noble famille d'oulémas musulmans. Cependant, il veillait très attentivement à ce que son comportement ou ses pensées ne soient jamais marqués par le fanatisme religieux. En effet, l'Imam Moussa Sadr avait une vision très ouverte sur l'Islam et sur toutes les écoles et confessions islamiques." Bien qu'il se préoccupait tant de l'unité de tous les Musulmans, il est toujours resté fidèle aux fondements du chiisme. Dans sa pensée et dans son acte, l'Imam Moussa Sadr était un partisan fervent du rapprochement, mais il n'a jamais négligé son identité chiite. Cela s'avérait d'autant plus important à l'époque, car il souhaitait que les Chiites libanais participent, comme tous leurs compatriotes, à la vie politique, sociale, culturelle et économique du Liban. Par conséquent, pendant des années où il a vécu au Liban, chaque fois qu'il participait à une cérémonie religieuse organisée par la communauté chiite, il était toujours accompagné de plusieurs religieux et penseurs sunnites ou chrétiens. Avant de conclure cet article, il convient de rappeler que le secret de la grande popularité de l'Imam Moussa Sadr parmi les adeptes de toutes les écoles et confessions islamiques, résidait dans son comportement et ses vertus. Il était sincère et particulièrement vertueux même avec ses détracteurs, et sa personnalité était profondément marquée par le dynamisme et l'innovation
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