Achoura, Jour de fête ou jour de Deuil ?

Remerciements

Chérif Mohammad Aly Aïdara et l'Institut Mozdahir International remercient tous les ulémas,chercheurs, universitaires et intellectuels, qui par leurs riches contributions orales ou écrites ont rendu possible la tenue de ce colloque international.

Nos remerciements s'adressent également à tous ceux qui nous ont soutenus, aidés et encouragés pendant chaque étape de l'organisation de cet évènement Qu' Allah le Tout Puissant de par sa Grâce leur accorde une récompense digne de Sa Miséricorde infinie.

Nous prions le Seigneur Très Haut de faire en sorte que tous ceux qui liront ce livre puissent en tirer profit et que son contenu aille dans le sens de l'agrément divin. Que la paix soit sur ceux qui suivent la voie de la Guidance Que les meilleures salutations et les bénédictions les plus abondantes soit sur Mohammed le Bien Aimé d'Allah ainsi que sur sa sainte famille purifiée.

PRECISIONS

La commission scientifique du colloque international composé d'expert choisis par l'institut Mozdahir international est l'organe responsable de la publication de ce présent ouvrage. Notre souci a été de délivrer un produit digeste, afin de garantir l'efficacité dans la diffusion du message de ce colloque. Pour cette raison, certaines contributions ont été retenues pour la publication tandis d'autres tout aussi pertinents, ont été archivées pour une publication ultérieure. La raison principale de ce choix a été d'éviter les répétitions dans les thèmes développés ainsi que dans les approches. En outre, la commission considère que toutes les contributions dans ce colloque se valent et que le niveau et la qualité des travaux ont été exceptionnels.

Préface

Au nom d'Allah le miséricordieux par Excellence et par Essence, Que la paix et le salut éternel soient sur Mohammad et les membres de sa famille purifiée, héritiers du message.
 
L'une des questions qui divisent la communauté islamique est la question de Achoura (Tamkharit)

En effet si pour certains Achoura est un jour de fête, de réjouissances et parfois même de manifestations carnavalesques pour d'autres, c'est un jour de tristesse, de deuil et de consternation.

C'est en réfléchissant sur ces disparités que l'idée nous est venue d'organiser un colloque international pour que des ulémas, des chercheurs, des intellectuels et des universitaires puissent répondre à cette question qui nous interpelle tous à savoir : Achoura est il un jour de fête ou un jour de deuil ?
Notre démarche qui s'est avérée très fructueuse a consisté à inviter des spécialistes de tous les groupes de l'Islam pour que ces derniers, réfléchissent sur la question en se basant sur les sources authentiques de l'Islam et produisent des contributions qu'ils viendront défendre lors du colloque. Ces contributions constituent le contenu de ce présent livre.

L'enthousiasme suscité par ce projet auprès de ces éminents savants m'a beaucoup encouragé. Mais également, l'opposition de certains pour qui ce colloque n'avait pas sa raison d'être, nous a renforcé dans notre conviction en la nécessité de l'organiser. L'un d'entre eux considéré comme une référence dans une grande confrérie du Sénégal et dirigeant une association Internationale d'Ulémas s'est même permis de me signifier, et avec mépris, le caractère insignifiant et impertinent du deuil de l'Imam Hussein.

Ce genre de remarques surprenantes de la part d'une prétendue autorité de l'Islam nous a conforté dans notre décision de créer une occasion d'actualiser et de transmettre les leçons du sacrifice solennel de l'Imam Hussein (psl) le jour de Achoura.

En effet, la commémoration du martyr de ce petit fils du Prophète à Karbala est d'une importance capitale pour tous ceux dont le coeur brûle de la flamme de l'amour pour le Prophète et sa sainte famille (que la paix et le salut soient sur eux) et dans les veines desquelles coule le sang de la foi en l'Imamat.
Le fait que les prophètes antérieurs ont commémorer le martyre de l'imam Hussein et ont porté son deuil des milliers d'années avant sa naissance et sa manifestation dans le monde matériel du Nassout n'est il pas assez édifiant ?

C'est la raison pour laquelle nous croyons utile de rappeler que le Prophète Nuh1(psl)doit son nom à l'intensité de ses lamentations pour l'amour de Hussein (psl).
De même le Prophète Ibrahim (psl) a porté le flambeau du deuil de son descendant par amour pour Mohammad et la famille de Mohammad (psl), dans la vallée de l'Euphrate alors que le cri retentissant de son " Wa min zouriyati2 " faisait encore écho.

Aujourd'hui encore Hussein est enterré dans toutes les terres où son martyre est commémoré et son mausolée se trouve dans le coeur des fidèles qui s'attristent sur son massacre et qui gardent jalousement la flamme de l'amour pour ce bien aimé d'Allah.

Ces amoureux sont les croyants au sens vrai, car la religion n'est rien d'autre que de l'amour, le Coran nous dit : " Si vous aimez Allah suivez moi et Allah vous aimera ".

Ce sont ceux qui dans leurs maisons pleurent l'Imam Hussein. Pour chaque goutte de larme versée si petite soit elle et même de la taille d'un aileron de moustique ils sortiront lavés de tous leurs péchés et purs comme le jour de leur naissance selon les dire du seigneur des envoyés (pslf). Ces purs qui visitent pieusement le petit fils du Prophète (psl) de près ou de loin, sont constamment à Karbala car même si ils n'y vont pas, Karbala viendra à eux, et Hussein assis à la droite du Trône du Tout Miséricordieux les regarde avec l'oeil du Très miséricordieux.

1 Le mot arabe Nuh veut dire quelqu'un qui pleure beaucoup

2 Lorsque le prophète Ibrahim a été élevé au rang d'Imam il a imploré pour que l'imamat reste dans sa descendance en disant " et parmi ma descendance "

3 Place de l'Imam pour diriger la prière

Je ne souhaite pas à ceux qui prononcent des paroles méprisantes à l'égard du deuil de ce bien aimé d'Allah, d'avoir à en répondre demain devant Fatima Zahra, la souveraine de l'humanité et la reine des femmes du paradis. Qu'en serait il d'eux lorsque la fille bien aimée du Prophète (psl) viendra se présenter devant Allah ses habits tachés du sang de Hussein implorant Allah en ses termes " O toi le Juge ! O toi le Juste, tranche entre moi et ceux qui ont assassiné mes fils, mes petits fils et les membres de ma famille, ont fait prisonnières mes filles et les ont conduites de l'Irak à la Syrie dévoilées et enchaînées. Juge entre moi et ceux qui frappé mon époux le cousin de ton Prophète Ali Ibn Abi Talib d'un coup d'épée sur la tête alors qu'il était dans le Mihrab3 dirigeant la prière. Juge entre moi et ceux qui ont empoisonné mon fils al Hassan. Juge entre moi et ceux qui ont décapité mon fils Al Hussein près des rives de l'Euphrate après l'avoir assoiffé ".

Qu'en sera-t-il d'eux lorsque alors le Très Miséricordieux se mettra en colère à cause de la colère de Fatima Binetou Mohammad (pse) et ordonnera que son châtiment et son courroux descendent sur l'ensemble de ses détracteurs.

Comment seront-ils lorsque alors Fatima s'adressera à Allah en ces termes " Mon Seigneur et Maître, fais miséricorde à mes Chiites (partisans), à mes bien aimés qui ont pleuré pour moi et pour ma descendance. Répand ta miséricorde sur eux et accueilles les dans ton paradis ! "

Comment peut on s'étonner qu'Al Hussein soit parti de Médine et de la Mecque sachant que ses ennemis voulaient l'assassiner sur les lieux saints alors que lui, ne voulait pas laisser ces derniers souiller ces lieux sacrés par un acte aussi odieux ?

Comment peut on s'étonner qu'Al Hussein ait volontairement accepté de sacrifier sa vie pour la préservation de l'Islam alors que son grand-père le Messager d'Allah qui a tant sacrifié pour sauver l'humanité de la perdition disait de lui " Hussein est de moi et je suis de Hussein ". Celui la même qui a tant souffert dans sa mission à cause de Abou Soufiane et ses partisans qui ont fait couler son sang et ont cassé sa dent à la bataille de Ohoud.

N'est ce pas l'oncle de son père Hamza, le lion de Dieu, qui a été tué à Ohoud et dont le foie à été cruellement mâché par l'odieuse Hind, femme d'Abou sofiane et mère de Mouawiya ce géniteur de l'infâme Yazid, bourreau de la famille du Prophète,.

N'est ce pas son oncle Jaafar qui a eu les bras sectionnés à Mou'ta où il est tombé en martyr pour l'honneur de l'Islam ?

N'est il pas le fils de Fatima Zahra, la meilleure des femmes, l'opprimée dont les côtes ont été brisées et qui, à sa demande a été enterrée de nuit dans le secret afin de préserver cette ligne de l'Imamat et de la prophétie ?

N'est il pas le fils de l'Imam Ali qui a été assassiné dans le mihrab alors qu'il dirigeait la prière par un maudit qui était alors l'instrument d'un complot jamais égalé dans l'histoire ?

N'est il pas enfin le frère cadet de Al Hassan qui a été empoisonné sur l'ordre de Mouawiya lui faisant ainsi vomir une partie de son propre foie ?
Comment alors L'imam Al Hussein Ibn Ali Ibn Abi Talib (pse) peut il être avare de son propre sang si c'est pour la bonne cause, la cause pour la quelle ses pères et grands pères ont été assassinés.

Hélas le temps a passé mais les mauvaises habitudes demeurent car jusqu'à ce jour les chiites, c'est à dire les partisans des imams de la famille du Prophète (paix et salut sur eux tous) sont déclarés persona non grata. On permet à tout le monde d'exercer sa croyance librement mais dés qu'il s'agit des fidèles de la sainte famille du Prophète (pse) cela pose problème .Tout le monde déclare aimer la famille du prophète mais dés qu'il s'agit de suivre leurs recommandations cela devient inacceptable.
Heureusement, à l'issue de ce colloque qui a été une réussite, et je le dis avec humilité, les participants ont déclaré à l'unanimité qu'Achoura (tamkharit) n'est pas un jour de fête. Ce qui pour nous, est un pas significatif dans l'éradication des déviations qui ont tant nuies à l'épanouissement des musulmans et à l'éclosion d'une véritable communauté islamique unifiée. Ce résultat montre que si les musulmans acceptent de se rencontrer et de discuter sincèrement et dans la sérénité, des questions qui les divisent, ils parviendront toujours à résoudre leurs divergences

Nous entendons faire de ce colloque un jalon dans la création d'une dynamique de dialogue intra islamique qui au fur et à mesure et point par point permettra peut être un jour d'arriver à la réalisation d'une Umma unifiée.

Et notre dernière parole est : Louanges à Allah le Seigneur de l'Univers. Que la paix, le Salut et la Bénédictions d'Allah soient sur vous.
Dakar, le 09 Avril 2007

21 Rabi Al Awwal 1428 de l'Hégire

Chérif Mohammad Aly Aïdara

Professeur Alioune Badiane (Chercheur, membre de l'IMI)