Achoura, Jour de fête ou jour de Deuil ?



 

INTRODUCTION GENERAL AU DEBAT


Par Alioune BADIANE professeur d'histoire et géographie, Secrétaire Général de l'Institut Mozdahir International.

Le thème du colloque - Achoura (tamkharit) jour de fête ou jour de deuil ?- a suscité en nous un certain nombre d'interrogations sur la tragédie survenue en ce jour mémorable d'Achoura, 10e jour du mois de Mouharram (premier mois de l'année lunaire) de l'an 61 de Hégire qui a vu les troupes de Yazid Calife de l'islam massacrer de la façon la plus odieuse l'Imam Hussein ibn Ali (psl) petit fils du Messager de l'Islam(pslf), tous ses compagnons et la quasi-totalité de sa famille à Karbala dans l'actuelle Irak.

Depuis lors, la commémoration de cet événement fatidique divise la Umma (communauté musulmane). Si d'aucuns (principalement les partisans de la famille du prophète c'est-à-dire les chiites) en ont fait jour de deuil et de mémoire pour les martyrs, d'autres (principalement les sunnites c'est-à-dire les partisans de la sunna et de la majorité) le considèrent comme un jour de festival et de réjouissances alors qu'une bonne partie de la Umma, à défaut de verser dans l'indifférence le célèbrent par des actes de piété ( prières, aumônes, visites au morts et aux malades, jeûne) en le considérant quand même comme un jour de fête.

Cette question qui comme beaucoup d'autres sape l'unité originelle de la Umma nécessite à notre avis un éclairage historique à travers des réflexions sur les causes, le déroulement et les conséquences de la tragédie de Karbala afin de permettre à tout un chacun de pouvoir prendre position de manière réfléchie sur la problématique de la commémoration d'Achoura et de contribuer à l'adoption d'une position commune au sein de la Umma.

En effet, notre principal souci doit rester la sauvegarde de l'Islam originel pour rétablir l'unité de la Umma qui ne peut se réaliser que par la dissipation des malentendus, des préjugés et des idées préconçues. Pour ce faire, l'éradication des contrevérités, des pratiques erronées, des falsifications de toutes sortes et des déviations qui ont été savamment introduites dans le message divin par les différentes dynasties qui ont gouverné la Umma au nom de l'Islam (principalement les Omeyyades et les Abbassides dont le souci n'était que de conserver le pouvoir et de le perpétrer et non de respecter les préceptes de l'Islam conscients qu'elles étaient du caractère illégitime de leur accession au Califat) demeure plus que jamais nécessaire.

Malheureusement ces contrevérités se sont tellement enracinées à cause des perpétuelles campagnes de désinformation menées par des prédicateurs à la solde de ces califes déviés, reprises et consacrées consciemment ou non par des " historiens " plus soucieux de rapporter des témoignages et des documents fussent-ils tendancieux que de rechercher la vérité.

Le résultat en est la confusion qui règne au sein de la Umma et les contradictions dans l'appréciation de certaines réalités comme c'est le cas en ce qui concerne Achoura. Ainsi notre démarche dans cette modeste contribution consistera à rappeler les causes du drame puis à relater quelques faits saillants de la bataille de Karballa pour terminer par les conséquences et les enseignements que nous pouvons y tirer.

L'objectif que nous visons en cela est de mettre en exergue loin de tout débat passionnel et de tout esprit partisan quelques vérités évidentes mais longuement ignorées et délibérément déformées pour permettre à tout croyant sincère de faire la part des choses entre le vrai et le faux.

I LES CAUSES DE LA TRAGEDIE D'ACHOURA


Nous allons d'abord rappeler les causes lointaines avant d'aborder la cause immédiate.

1) Les causes lointaines : Achoura conséquence de la mauvaise succession du Messager de l'Islam Mohammad (paix et salut sur lui et sa famille).

L'un des paradoxes majeurs de la tragédie d'Achoura réside dans le fait que le commanditaire du massacre de la famille du messager de l'Islam (pslf) Yazid fils de Mouawiya fils d'Abou Sofiane de la famille Omeyyade (Banu Oumaya) était le calife officiel alors que la principale victime Al Hussein fils d'Ali in Abi Talib et de Fatima Zahra fille du prophète Mouhammad (pse) était le calife légitime. La question qui se pose est de savoir comment des musulmans ont-ils pu exécuter ce forfait, certains l'approuver tandis que d'autres ont pu rester indifférents.

La réponse à cette question est à rechercher dans le déroulement de la succession du messager d'Allah (pslf) et de la problématique qu'elle a posée.

En effet, le Messager d'Allah Mohammad (pslf), conscient qu'il était du fait que sa mission prophétique était la dernière et qu'il s'adressait à l'humanité jusqu'à la fin des temps et du fait que lui en tant qu'être humain devrait mourir un jour ou l'autre, ne pouvait pas ne pas régler le problème de sa propre succession ni laisser un vide juridique par rapport à la question de savoir qui doit détenir l'autorité spirituelle et le pouvoir temporel (qui sont indissociables en Islam) après lui. C'est pourquoi du début à la fin de sa mission et en différentes occasions, il n'a cessé de dire et de rappeler à ses compagnons qu'après lui, le califat revenait de droit aux membres purifiés de sa famille qu'Allah avait choisis à cet effet et dont le premier est son cousin et gendre Ali ibn Abi Talib (psl). La preuve de sa légitimité comme successeur du Prophète (pslf) a été établie de manière incontestable par l'événement de Ghadir Qum où le messager d'Allah (pslf) de retour de son dernier pèlerinage fit halte en ce lieu mémorable après que l'Archange Djibril (psl) lui révéla la verset 67 de la Sourate v " ? Messager ! Transmets ce qui t'a été révélé par ton seigneur, si tu le faisais pas, tu n'aurais pas accompli ta mission, Allah te protège des humains, Allah ne guide pas le peuple incrédule ".

Ainsi devant les 100.000 à 120.000 sahabas (compagnons) présents, le Prophète (pslf) tint un long discours que les historiens ont retenu sous le nom de " sermon (hadith) de Ghadir " et le conclut en ces termes en prenant l'Imam Ali (psl) par la main " ? gens ! Allah est mon maître et je suis le maître des fidèles dont je suis plus responsable qu'ils ne le sont d'eux-mêmes. Aussi celui dont je suis le maître, celui-ci, Ali, est également son maître. Allah ! Soutiens celui qui le soutient et soit ennemi de son ennemi ".

Apres cette déclaration, tous les musulmans présents sont venus, sur invitation du Prophète (pslf) faire serment d'allégeance à l'Imam Ali (psl) pour le reconnaître en tant que successeur de Mohammad (pslf). Abu Bakr et Oumar le firent en ces termes " Bravo ! Bravo ! ? Abal Hassan (père de Hassan, surnom de l'imam Ali (psl)), tu es à présent notre maître et celui de tous les fidèles. "

D'ailleurs c'est à la suite de la désignation par le Prophète (pslf) de l'Islam de l'Imam Ali (psl) comme étant son successeur qu'Allah fit descendre le verset qui clôt la révélation

" Aujourd'hui, j'ai parachevé pour vous votre religion, accompli sur vous mon bienfait et agrée pour vous l'Islam comme religion ".

Cette désignation est corroborée par le célèbre hadith de Thaqaleyn rapporté dans les six livres de références en hadith chez les sunnites (Boukhari, Mouslim, Tirmizi, Ibn Maja, Niçai, Ahmad ibn Hanbal) dans lequel le Prophète (pslf) tint le discours suivant en guise de testament " Je m'approche du moment ou je serais appelé et où je devrai répondre à cet appel. Je vous laisse donc les Thaqaleyn (les deux poids) : Le livre d'Allah, lequel est une corde étendue entre le ciel et la terre, et ma famille, les gens de ma maison (Ahlul Bayt). Le Doux et le Bien Informé m'a appris qu'ils ne se sépareront jamais jusqu'à ce qu'ils reviennent à moi auprès du bassin (c'est-à-dire le jour du jugement). Regardez donc comment vous vous y prenez ".

D'innombrables autres textes existent pour confirmer qu'effectivement le Prophète (pslf) de manière claire et nette a réglé le problème de sa succession. Pour plus de détails sur cette question, on peut consulter entre autres : Cherif Mouhammad Ali Aidara, les vérités de la succession du prophète.

Cependant, des événements regrettables survenus pendant la maladie qui devait emporter le Messager d'Allah (pslf) et après son décès vont empêcher l'exécution de la décision divine concernant la succession comme il l'avait ordonné et seront à l'origine des calamités qui vont tomber sur la Umma et particulièrement sur l'Imam Ali (psl) et les Ahlul Bayt (pse) dont le point culminant sera 50 ans après la tragédie d'Achoura à Karballa

Apres les funérailles du Messager d'Allah (pslf), l'Imam Ali ibn Abi Talib (psl), les Ahlul Bayt (pse) et ses amis absents lors de la réunion de la saqifah mis devant le fait accompli protestèrent contre le principe du choix d'un Calife par élection car contraire à la loi d'Allah et aux recommandations du Prophète (pslf). Selon al Tabarçi, les Sahabas qui se sont élevés contre la nomination d'Abu Bakr sont au nombre de douze : Khalid ibn Said Ibn Abi Waqqas, Salman al Fariçi, Abu zar Al Ghifari, Miqdad ibn al Aswad, Ammar ibn Yaçir, Barida al Aslami parmi les mouhajirines et, Abu Haythan ibn Al Tayhan, Ousmane Ibn Hanif, Khuzayma ibn Thabit, Zoul Chahadatayn, Ali Ibn Kaab, Abou Ayyoub Al Ansari.

En réponse à la protestation d'Ibn Abass, Oumar ibn Khattab dit " Je jure par Allah que c'est Ali (psl) qui mérite le Califat mais les Khoureychites n'auraient pas été capables de supporter son autorité, s'il était devenu Calife, il aurait forcé le peuple à accepter la pure vérité et à suivre le droit chemin, ainsi ils n'auraient pu transgresser les limites de la justice et auraient donc cherché à engager une guerre contre lui ".

Cette protestation fut à l'origine de la scission de ces partisans de l'observance et de la soumission aux paroles divines et prophétiques qui ne reconnaissent que l'autorité de l'Imam Ali (psl) et des Ahlul Bayt (pse) avec les partisans de la réunion de la Saqifa. Cette minorité légitimiste fut désignée comme la shiatu Ali, communément appelé les chiites et resta fidèle à la famille du Prophète (pse).

Dès le début, le chiisme fut condamné à cause de sa situation politique qui l'inscrit de facto dans l'opposition par la majorité loyaliste qui prit le nom de Sunnisme mais l'Imam Ali (psl) refusa de se révolter pour sauvegarder l'unité de la Umma naissante.

Ainsi, l'élection de la Saqifa sema les graines de la déviation qui, en germant vont favoriser graduellement l'accession au Califat des ennemis de la famille du Prophète (pslf), Ahlul Bayt (pse) pour finalement aboutir à l'an 40 de l'Hégire (661) à l'accession au Califat de Mouawiya, fils d'Abu Sofiane qui convertit le Califat en un régime tyrannique et dictatorial érigé en monarchie héréditaire qui s'est attelé à dénaturer et à déformer les règles justes de l'Islam originel pour la satisfaction de ses ambitions mondaines Mouawiya mourut au mois de Rajab de l'an 60 Hégirien (682) laissant la situation de l'Imam Hussein (psl) à son statu quo et légua la Califat à son ignoble fils Yazid dont la volonté de forcer l'Imam Hussein (psl) à lui faire allégeance sera la cause immédiate du massacre d'Achoura à Karballa.

2/ La cause Immédiate du massacre de Achoura : le refus de l'Imam Al Hussein de faire le serment d'allégeance à Yazid pour le reconnaître Calife de l'Islam. Dès son accession au pouvoir, Yazid demanda au gouverneur de Médine Walid Ibn Outbah d'exiger de ses habitants qu'ils lui prêtent serment d'allégeance et particulièrement à l'Imam Al Hussein (psl) car les gens suivraient son exemple.

En effet, pour asseoir son autorité, il était nécessaire pour Yazid d'être reconnu en tant que Calife par les habitants de toutes provinces et particulièrement ceux de la Mecque et de Médine.

Walid convoqua l'Imam Al Hussein (psl) au milieu de la nuit. Il le trouva en compagnie de Marwan Ibn Hakam, Walid l'informa de la mort de Mouawiya et lui fit savoir que Yazid désirait qu'il lui prêtât serment d'allégeance. L'Imam Al Hussein (psl) jugea plus sage d'attendre le lendemain pour lui faire part de son refus et lui dit " je ne peux pas prendre une décision tout de suite attendons demain, d'autre part un serment d'allégeance se prête en public " . Al Walid comprit que l'Imam Al Hussein (psl) voulait à tout prix éviter de créer des problèmes aussi dit -il " c'est d'accord, vas en paix ". Le perfide Marwan devinant l'accord tacite qui se passait entre les deux hommes se mit en colère et dit à Al Walid " Il ne sortira pas d'ici tant qu'il n'aura pas prêté serment d'allégeance. Ou il accepte de le faire ou tu le tues. S'il sort d'ici sans l'avoir fait, tu n'auras plus l'occasion de le tuer à moins qu'une guerre n'éclate ".

Sur ce, l'Imam Al Hussein (psl) se tourna vers Al Walid et lui déclara " Nous, les Ahlul Bayt (pse), gens de la maison du Prophète (pslf), détenteurs du message divin, avons été choisis par Allah pour révéler son Message. C'est par nous qu'Allah a débuté le Message et c'est par nous que l'Islam atteindra son apogée. Yazid est un débauché et un libertin, un ivrogne qui fait tuer les gens sans raison. Ce qui est grave, c'est qu'il le fait ouvertement et n'en ressent aucun remords. Quelqu'un comme moi ne saurait prêter allégeance à quelqu'un comme lui. "

Pour comprendre cette assertion de l'Imam Hussein (psl), il me parait nécessaire de faire un portrait comparé de son personnage et de celui de Yazid.

En effet, l'Imam Al Hussein (psl) est le deuxième fils de l'Imam Ali (psl) et de Fatimata Zahra (pse) fille unique du Prophète (pslf). Il naquit le 3 Chaaban de l'an 4 de l'Hégire à Médine. Il vécut six ans avec son grand père le Prophète (pslf), trente ans avec son père l'Imam Ali (psl), dix ans avec son frère Al Hassan (psl) après son père et son Imamat dura dix ans. Il est le troisième des douze imams infaillibles (pse), Califes légitimes du Prophète (pslf) chargés de guider l'humanité jusqu'à la fin des temps. Les neufs qui lui succèdent descendent de lui, le douzième étant l'Imam Mahdi (psl) attendu qui portera l'Islam à son apogée et remplira la terre de justice et d'équité. Il est le cinquième des gens de la maison du Prophète (pslf) (Ahlul Bayt) qu'Allah a purifié dans la sourate 33 du verset 33 " Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, ô ! Gens de la maison (du Prophète) et vous purifier pleinement ". Il est le cinquième de ceux pour qui l'amour de tout croyant est rendu obligatoire par le verset 23 de la sourate 43 (Shoura) " Dis (ô ! Toi le Prophète) je ne demande aucun salaire si ce n'est l'amour envers les mes proches parents ". Il est le cinquième de ceux de la maison du Prophète (pslf) qui ont accompagné ce dernier lorsqu'il a appelé les chrétiens de Najran pour faire la moubahila (l'ordalie) dans la sourate 3 (Ali Imran) verset 61. Il est de ceux pour qui la sourate 76 (Insan) a été révélée.

Le Prophète (pslf) a dit de lui : " Al Hussein (psl) est de moi et je suis de lui Allah aime qui aime Al Hussein (psl). Al Hussein est un Sibt (ce qu'il y a de meilleur dans une nation)… Al Hassan et Al Hussein pse) sont les maîtres de la jeunesse du paradis. "

Quant à Yazid, il est le fils de Mouawiya fils d'Abou Sofiane de la lignée d'Omayya fils d'Abdel Shams fils d'Abdul Manaf qui donna son nom à la famille Omeyyade que le Coran décrit comme un " arbre maudit " dans la sourate 17 (le voyage nocturne). Certains hadiths expliquent cette description par un songe fait par le Prophète (pslf) et dans lequel il vit les membres de la famille Omeyyade sous les traits de singes qui grimpaient sur une chaire de mosquée. A son réveil, il raconta ce songe à ses compagnons qui depuis ce jour, ne le virent plus rire jusqu'à sa mort.

Aicha s'adressant un jour à Marwan ibn Al Hakam (oncle et successeur de Yazid) lui dit " j'ai entendu un jour le Prophète (pslf) dire à ton père et à ton grand père qu'ils étaient l'arbre maudit auquel fait allusion le Coran ".

La mère de Yazid appartenait à la tribu de Bani Kalb qui était chrétienne. A la naissance de son fils, elle l'envoya chez ses oncles maternels et il n'eut aucun contact avec la religion musulmane. Avec l'âge, il devint un alcoolique invétéré qui ne portait aucun intérêt aux affaires politiques ou religieuses, il passait tout son temps à chasser ou à élever des singes et des chiens. Il poussa la débauche jusqu'à commettre l'inceste avec sa propre tante. Il installa à Médine des troupes de chanteurs et des musiciens, des poètes au langage grossier qui donnaient des spectacles auxquels venaient assister des milliers de gens et toutes sortes. Ces orgies honteuses qui ne cessaient qu'à l'aube se déroulaient à quelques pas de la Kaa'ba et du tombeau du Prophète (pslf). Les faits suivants commis par Yazid pendant les trois années qu'il a régné suffisent pour se donner une idée définitive sur sa personne. La première année, il massacra l'Imam Hussein (psl) et les membres de sa famille à Karbala. La deuxième année, il déclencha la bataille de Harra qui eut lieu quand il envoya son armée à Médine qui tuèrent les hommes, pillèrent les maisons et violèrent les femmes et les filles pendant trois jours d'affilée. La troisième année il fit détruire la Kaa'ba.

Yazid avait une véritable passion pour les chiens et les singes dont son palais ne désemplissait pas et il les vêtait des plus beaux atours de soie et d'or alors que les rues des villes musulmanes étaient remplies de pauvres gens qui ne possédaient pas le moindre bout d'étoffe pour cacher leur nudité. Au cours des orgies qu'il organisait dans la salle des réceptions de son palais, il tenait à ce que les animaux fussent de la partie et quand l'alcool coulait à flot ils recevaient leurs parts et leurs cris se mêlaient aux voies humaines. Lorsque la voix du muezzin s'élevait au petit matin, Yazid et ses courtisans étaient ivres morts. Le plus désolant c'est que l'Imam de la mosquée ne manquait pas de faire les éloges de Yazid après la prière, en lui souhaitant longue vie et lui attribuait le titre de " gardien de l'Islam et de commandeur des croyants ", titre qu'il exigeait que Hussein (psl) lui reconnaisse.

Après cette réponse sans équivoque, l'Imam Al Hussein (psl) rentra chez lui et annonça à ses proches et amis qu'il partait pour la Mecque. Avant de quitter Médine, il alla sur la tombe de son grand père le Prophète (pslf) pour lui faire ses adieux.

Mouawiya mourut au mois de Rajab de l'an 60 Hégirien (682) laissant la situation de l'Imam Hussein (psl) à son statu quo et légua la Califat à son ignoble fils Yazid dont la volonté de forcer l'Imam Hussein (psl) à lui faire allégeance sera la cause immédiate du massacre d'Achoura à Karbala.

2/ La cause Immédiate du massacre de Achoura : le refus de l'Imam Al Hussein de faire le serment d'allégeance à Yazid pour le reconnaître Calife de l'Islam. Dès son accession au pouvoir, Yazid demanda au gouverneur de Médine Walid Ibn Outbah d'exiger des habitants de Médine qu'ils lui prêtent serment d'allégeance et particulièrement à l'Imam Al Hussein (psl) car les gens suivraient son exemple.

En effet, pour asseoir son autorité, il était nécessaire pour Yazid d'être reconnu en tant que Calife par les habitants de toutes provinces et particulièrement ceux de la Mecque et de Médine.

Walid convoqua l'Imam Al Hussein (psl) au milieu de la nuit. Il le trouva en compagnie de Marwan Ibn Hakam, Walid l'informa de la mort de Mouawiya et lui fit savoir que Yazid désirait qu'il lui prêtât serment d'allégeance. L'Imam Al Hussein (psl) jugea plus sage d'attendre le lendemain pour lui faire part de son refus et lui dit " je ne peux pas prendre une décision tout de suite attendons demain, d'autre part un serment d'allégeance se prête en public " . Al Walid comprit que l'Imam Al Hussein (psl) voulait à tout prix éviter de créer des problèmes aussi dit -il " c'est d'accord, vas en paix ". Le perfide Marwan devinant l'accord tacite qui se passait entre les deux hommes se mit en colère et dit à Al Walid " Il ne sortira pas d'ici tant qu'il n'aura pas prêté serment d'allégeance. Ou il accepte de le faire ou tu le tues. S'il sort d'ici sans l'avoir fait, tu n'auras plus l'occasion de le tuer à moins qu'une guerre n'éclate ".

Sur ce, l'Imam Al Hussein (psl) se tourna vers Al Walid et lui déclara " Nous, les Ahlul Bayt (pse), gens de la maison du Prophète (pslf), détenteurs du message divin, avons été choisis par Allah pour révéler son Message. C'est par nous qu'Allah a débuté le Message et c'est par nous que l'Islam atteindra son apogée. Yazid est un débauché et un libertin, un ivrogne qui fait tuer les gens sans raison. Ce qui est grave, c'est qu'il le fait ouvertement et n'en ressent aucun remords. Quelqu'un comme moi ne saurait prêter allégeance à quelqu'un comme lui. "

Pour comprendre cette assertion de l'Imam Hussein (psl), il me parait nécessaire de faire un portrait comparé de son personnage et de celui de Yazid.

En effet, l'Imam Al Hussein (psl) est le deuxième fils de l'Imam Ali (psl) et de Fatimata Zahra (pse) fille unique du Prophète (pslf). Il naquit le 3 Chaaban de l'an 4 de l'Hégire à Médine. Il vécut six ans avec son grand père le Prophète (pslf), trente ans avec son père l'Imam Ali (psl), dix ans avec son frère Al Hassan (psl) après son père et son Imamat dura dix ans. Il est le troisième des douze imams infaillibles (pse), Califes légitimes du Prophète (pslf) chargés de guider l'humanité jusqu'à la fin des temps. Les neufs qui lui succèdent descendent de lui, le douzième étant l'Imam Mahdi (psl) attendu qui portera l'Islam à son apogée et remplira la terre de justice et d'équité. Il est le cinquième des gens de la maison du Prophète (pslf) (Ahlul Bayt) qu'Allah a purifié dans la sourate 33 du verset 33 " Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, ô ! Gens de la maison (du Prophète) et vous purifier pleinement ". Il est le cinquième de ceux pour qui l'amour de tout croyant est rendu obligatoire par le verset 23 de la sourate 43 (Shoura) " Dis (ô ! Toi le Prophète) je ne demande aucun salaire si ce n'est l'amour envers les mes proches parents ". Il est le cinquième de ceux de la maison du Prophète (pslf) qui ont accompagné ce dernier lorsqu'il a appelé les chrétiens de Najran pour faire la moubahila (l'ordalie) dans la sourate 3 (Ali Imran) verset 61. Il est de ceux pour qui la sourate 76 (Insan) a été révélée.

Le Prophète (pslf) a dit de lui : " Al Hussein (psl) est de moi et je suis de lui Allah aime qui aime Al Hussein (psl). Al Hussein est un Sibt (ce qu'il y a de meilleur dans une nation)… Al Hassan et Al Hussein pse) sont les maîtres de la jeunesse du paradis. "

Quant à Yazid, il est le fils de Mouawiya fils d'Abou Sofiane de la lignée d'Omayya fils d'Abdel Shams fils d'Abdul Manaf qui donna son nom à la famille Omeyyade que le Coran décrit comme un " arbre maudit " dans la sourate 17 (le voyage nocturne). Certains hadiths expliquent cette description par un songe fait par le Prophète (pslf) et dans lequel il vit les membres de la famille Omeyyade sous les traits de singes qui grimpaient sur une chaire de mosquée. A son réveil, il raconta ce songe à ses compagnons qui depuis ce jour, ne le virent plus rire jusqu'à sa mort.

Aicha s'adressant un jour à Marwan ibn Al Hakam (oncle et successeur de Yazid) lui dit " j'ai entendu un jour le Prophète (pslf) dire à ton père et à ton grand père qu'ils étaient l'arbre maudit auquel fait allusion le Coran ".

La mère de Yazid appartenait à la tribu de Bani Kalb qui était chrétienne. A la naissance de son fils, elle l'envoya chez ses oncles maternels et il n'eut aucun contact avec la religion musulmane. Avec l'âge, il devint un alcoolique invétéré qui ne portait aucun intérêt aux affaires politiques ou religieuses, il passait tout son temps à chasser ou à élever des singes et des chiens. Il poussa la débauche jusqu'à commettre l'inceste avec sa propre tante. Il installa à Médine des troupes de chanteurs et des musiciens, des poètes au langage grossier qui donnaient des spectacles auxquels venaient assister des milliers de gens et toutes sortes. Ces orgies honteuses qui ne cessaient qu'à l'aube se déroulaient à quelques pas de la Kaa'ba et du tombeau du Prophète (pslf). Les faits suivants commis par Yazid pendant les trois années qu'il a régné suffisent pour se donner une idée définitive sur sa personne. La première année, il massacra l'Imam Hussein (psl) et les membres de sa famille à Karbala, la deuxième année, il déclencha la bataille de Harra qui eut lieu quand il envoya son armée à Médine ou sous son ordre, ses soldats tuèrent les hommes, pillèrent les maisons et violèrent les femmes et les filles pendant trois jours d'affilé et la troisième année il fit détruire la Kaa'ba.

Yazid avait une véritable passion pour les chiens et les singes dont son palais ne désemplissait pas et il les vêtait des plus beaux atours de soie et d'or alors que les rues des villes musulmanes étaient remplies de pauvres gens qui ne possédaient pas le moindre bout d'étoffe pour cacher leur nudité. Au cours des orgies qu'il organisait dans la salle des réceptions de son palais, il tenait à ce que les animaux fussent de la partie et quand l'alcool coulait à flot ils recevaient leurs parts et leurs cris se mêlaient aux voies humaines. Lorsque la voix du muezzin s'élevait au petit matin, Yazid et ses courtisans étaient ivres morts. Le plus désolant c'est que l'Imam de la mosquée ne manquait pas de faire les éloges de Yazid après la prière, en lui souhaitant longue vie et lui attribuait le titre de " gardien de l'Islam et de commandeur des croyants ", titre qu'il exigeait que Hussein (psl) lui reconnaisse.

Après cette réponse sans équivoque, l'Imam Al Hussein (psl) rentra chez lui et annonça à ses proches et amis qu'il partait pour la Mecque. Avant de quitter Médine, il alla sur la tombe de son grand père le Prophète (pslf) pour lui faire ses adieux.

Certains de ses proches le dissuadèrent de quitter Médine. Son frère Mouhammad Ibn Al Hanafia, son oncle Abd'Allah Ibn Abass et les notables de Médine vinrent en délégation pour lui demander d'abandonner l'idée de partir mais il leur répondit en ces termes " Mes chers frères, sachez que mon coeur saigne à l'idée de vous quitter et de quitter les tombes de mon cher grand père, de ma bien aimée mère et de mon frère adoré. Si ce n'était pour l'appel du devoir, je n'aurais jamais quitté Médine, mais Allah le Tout Puissant en a décidé ainsi et m'a ordonné de partir. Je connais les difficultés qui m'attendent mais le Prophète (pslf) m'a préparé depuis mon enfance à y faire face ".

Arrivé à la Mecque, il reçut plus de 30.000 lettres provenant des habitants de Koufa qui le sommaient de venir les guider en lui jurant fidélité pour combattre le régime impie de Yazid.

Il envoya son cousin Mouslim Ibn Aqil en éclaireur pour vérifier la sincérité des Irakiens et interrompit brusquement le pèlerinage pour se diriger vers l'Irak après avoir fait un long discours dans lequel il explique de manière exhaustive les raisons de son soulèvement contre Yazid " Au nom d'Allah, je ne me rends pas en Irak en imposteur, ni parce je suis injuste, ni pour semer la discorde sur terre, ni de gaieté de coeur, ni pour une quelconque insatisfaction personnelle. Je me suis soulevé pour raffermir la Umma de mon grand père le Messager d'Allah (psl), pour commander le Bien et interdire le Mal et pour suivre les traces de mon père et de mon grand père …Prenez exemple et sachez bien ce qu'Allah le Très Haut a déclaré concernant ceux qui s'abstiennent de commander le Bien et d'interdire le Mal. Dans le saint Coran, les docteurs et les Rabbins sont blâmés pour s'en être abstenus.… " …. " ? gens ! Le Messager d'Allah (psl) a dit que celui qui voit un sultan injuste qui rend légal ce qu'Allah a interdit, qui transgresse le pacte qu'il a conclu devant Allah, qui dévie la Sunna du Messager d'Allah (pslf), qui agresse les musulmans et commet des péchés contre eux sans qu'ils s'opposent à lui (à ce sultan) ni par une parole, ni par une action, Allah lui réservera le même sort qu'il réserve à ce sultan…….. Je ne vois la mort que comme un bonheur et la vie avec ses injustes que comme une source d'ennui et d'affliction ".

Il prit le chemin de l'Irak en compagnie de ses proches et de ses compagnons et quatre milles personnes se joignirent à lui. A une centaine de kilomètres de la Mecque, il croisa Al Farasdak, un des plus grands poètes de l'époque qui venait de Koufa et lui manda l'état d'esprit des Koufites. Ce dernier lui répondit " je les ai laissé le coeur avec toi et leurs sabres contre toi ". Cela ne l'ébranla nullement car ayant consciemment choisi d'aller vers son destin qui était de sacrifier sa vie et celle de ses proches pour sauver l'Islam comme l'avait prédit son grand père (pslf). En cours de route il apprit que les Irakiens qui l'avaient appelé l'ont trahi sous la menace de Oubeyd'Allah Ibn Ziad le nouveau gouverneur nommé par Yazid qui, par ailleurs a exécuté son émissaire Mouslim Ibn Aqil. Il rassembla tous ceux qui étaient avec lui, les informa de la trahison des Koufites et leur réitéra sa décision d'aller résolument jusqu'au bout. Les quatre milles personnes qui s'étaient joints à lui à partir de la Mecque l'abandonnèrent et rebroussèrent chemin.

Il poursuivit sa route avec ses soixante douze fidèles de départ et fut intercepté à 200 km de Koufa par l'avant-garde de l'armée d'Oubeyd'Allah Ibn Ziad composée de 3000 soldats commandés par Al Hour Ibn Yazid Al Riyahi épuisés et mourrant de soif. L'Imam (psl) leur offrit boire et leur demanda s'ils étaient venus en amis ou en ennemis. Al Hour lui fit savoir qu'il avait reçu l'ordre de l'empêcher d'arriver à Koufa ou de retourner à Médine mais de le faire errer dans le désert jusqu'à ce qu'il reconnaisse Yazid comme Calife. C'est ainsi que les deux troupes cheminèrent ensemble jusqu'au 2 Muharram 61 et atteignirent une plaine où coulait un affluent de l'Euphrate.

Quand l'Imam Hussein (psl) demanda le nom de cet endroit, on lui répondit Attaf, puis Nainava et enfin Karbala. Sur ce, il fit cette prière " O Allah ! Je me réfugie auprès de toi contre le Karb (affliction) et le Ballà (malheur) " et dit à ses compagnons " voici le terme du voyage, descendez de vos montures et préparez vous a camper dans ce lieu de malheur et d'affliction où coulera notre sang, où nos tombeaux seront creusés et nos femmes faites prisonnières comme me l'a prédit mon grand père le Messager d'Allah (psl)". Ils campèrent là en sachant qu'une mort certaine les attendait mais étaient fiers et sereins à la pensée de se sacrifier pour la cause de l'Islam en soutenant l'Imam Al Hussein (psl) comme l'avait recommandé le Messager d' Allah (pslf).

Selon Ibn Kathir citant Ahmad Ibn Hanbal, L'Imam Ali (psl) a dit " un jour en entrant chez le Messager d'Allah, j'ai vu ses yeux débordant de larmes. Aussi lui demandai je : - qu'est ce qui te fait pleurer ô Messager d'Allah ? - L'ange Djibril vient de me quitter, il m'a informé qu'Al Hussein sera tué prés de l'Euphrate. Et me demanda veux tu sentir la terre ou il sera tué ? Il tendit sa main, ramassa une poignée de terre et me la donna. Je n'ai pu alors empêcher mes yeux de déborder de larmes ". Selon le même auteur, le père de Hach'ath ibn Samich a dit " j'ai entendu le Messager d'Allah (psl) dire : - Mon fils Al Hussein sera assassiné sur une terre dénommée Karballa, quiconque l'y verra, qu'il le soutienne ".

Les soldats d'Al Hour encerclèrent l'Imam Hussein (psl) et ses hommes, envoyèrent un messager à Ibn Ziyad qui leur dépêcha un renfort de trente milles hommes commandés par Omar Ibn Saad et Al Chimr Ibn zil Jawchane qui seront les bourreaux de la famille du Prophète (pslf). Ils barrèrent l'accès au fleuve à l'Imam (psl) et ses hommes qui, leurs réserves d'eau terminées furent soumis à la soif pendant plusieurs jours.

Omar ibn Saad ibn Abi Waqass était apparenté à l'Imam Hussein (psl), c'était un homme pieux qui s'acquittait de ses devoirs religieux mais très ambitieux et Ibn Ziyad lui avait promis le poste de gouverneur de Ray et Jarjan(deux provinces iraniennes) s'il réussissait à régler son compte à Al Hussein (psl) et les Ahlul Bayt (pse). Le 9e jour du mois de Mouharram, ils décidèrent de passer à l'action le lendemain.

La veille du 10 Muharram de l'an 61 de l'Hégire (Achoura), l'Imam Hussein (psl) rassembla ses hommes et leur tint ce discours pathétique : " Je ne connais pas de meilleurs amis ni de plus tendres parents que vous, je mesure à sa juste valeur les difficultés et les privations dont vous avez souffert en ralliant ma cause. Je prie Allah de vous rendre l'affection que vous avez pour moi. Yazid et ses hommes ne veulent que mon sang, partez pendant que vous en avez encore l'occasion. Si vous croyez que je considérerai cela comme une désertion ou une trahison, laissez moi vous assurer dès maintenant que ce que vous avez déjà fait est suffisant pour gagner ma gratitude et Allah est satisfait de vous "

Les fidèles compagnons de l'Imam Al Hussein (psl) remplis d'émotion par son discours restèrent figés comme des rocs. Certains d'entre eux étaient des vieillards au dos courbé par l'âge, des vétérans qui ont combattu aux cotés du Messager d'Allah (psl) comme Mouslim ibn Awjasa, Habib Ibn Mudhahir, d'autres étaient à la fleur de l'age, d'autres étaient des adolescents. Puis d'un coup, leur déclaration fendit le silence de la nuit " Pourquoi fuirons nous ? Comment vivre après toi sans toi ? Nous prions Allah de ne plus nous faire connaître la vie s'il t'arrive quoi que ce soit. Que dirions nous après à notre seigneur et à ton grand père (pslf) ? Nous préférons être tués des milliers de fois plutôt que de t'abandonner ". L'Imam (psl) les congratula pour leur sollicitude et ils passèrent la nuit en prières dans l'attente du jour fatidique où il donneront fièrement leur vie pour défendre le Vrai contre le Faux, inscrivant avec leur sang leur nom sur la liste des héros éternels.

 

II LE MASSACRE DE KARBALLA


A l'aube de Achoura, alors que l'Imam Hussein (psl) et ses soixante douze hommes s'apprêtaient à faire face aux trente milles soldats de l'armée Omeyyade, il y'eut une défection de taille dans cette dernière. Al Hour Ibn Yazid Al Riyahi après avoir mûrement réfléchi vint avec son fils et son serviteur rejoindre le camp de l'Imam Al Hussein (psl). En effet, pendant la nuit, quand Al Qurrah un de ses soldats le vit dans un état d'agitation extrême lui demanda " Al Hour, je sais que la plupart des soldats et officiers de notre camps tremble à l'idée d'affronter les preux fils et petits fils d'Ali Ibn Ali Talib demain. Mais je croyais que tu ferais l'exception et que tu ne serais pas ébranlé par l'idée de faire face à la mort mais je mesure la perte que je subirais le jour de la résurrection si je combats le petit fils du Prophète (pslf) qui m'a sauve moi et mes hommes qui avons été à sa merci, terrassés par la soif. Je fais la balance entre choisir le paradis ou l'enfer "

Il ne mit pas longtemps pour faire le bon choix entre les honneurs mondains que pouvait lui rapporter le meurtre de l'Imam Al Hussein (psl) s'il restait dans l'armée de Yazid et le châtiment divin que cela entraînerait mais aussi entre une mort certaine s'il rejoignait le camp de l'Imam Al Hussein (psl) et la satisfaction divine que lui procurerait ce sacrifice.

Apres la prière de l'aube, L'Imam Al Hussein (psl) plaça ses hommes en position de combat mais, pour ne pas laisser à ses ennemis un prétexte afin de justifier le crime qu'ils préparaient, ils s'adressa à eux en ces termes " Vous m'avez envoyé des missives pour me prier de venir à vous, vous disiez être prêts à m'aider à vous débarrasser de la tyrannie de Yazid…. Pourquoi voulez vous me tuer ? Ai-je tué l'un des vôtre ? Ou bien ai-je volé ? Ai-je changé quoi que ce soit à l'Islam ? Connaissez vous un autre petit fils du Prophète (pslf) que moi sur terre ? Entre vous et moi, il y a le Coran et la Sunna de mon grand père (pslf) " et s'adressant à Omar Ibn Saad, il lui lança " Tu dis vouloir me tuer et prétend que le bâtard Ibn Ziyad fera de toi le prince d'Al Rayet de Jarjane. Par Allah, cela n'arrivera pas après moi tu ne trouveras le bonheur ni sur terre ni au ciel ",

Omar Ibn Saad se mit en colère et décrochant une flèche en direction du camp de l'Imam Al Hussein (psl) donna l'ordre à ses troupes d'attaquer en leur disant " vous serez témoins devant Ibn Ziyad, je suis le premier à avoir tirer contre Al Hussein (psl)".

Une pluie de flèche s'abattit sur les hommes de l'Imam Al Hussein (psl) qui leur dit " Levez vous, ô ! Hommes généreux pour affronter la mort à laquelle nous ne pouvons échapper. Ces flèches sont le message de l'armée ennemie ".Ils lui obéirent et ripostèrent et 50 parmi eux furent tués sur le champ. A la vue de ses compagnons morts, l'Imam Al Hussein (psl) dit " Allah en a voulu aux juifs qui lui ont attribué un fils et aux chrétiens qui ont fait de Lui la trinité ainsi qu'aux Majousses qui adoraient le soleil et la lune. Il en veut à une communauté qui a décidé de tuer le petit fils de Prophète (pslf). Par Allah je ne ferai pas ce que demande ces gens, dussé-je rencontrer Allah baignant dans mon sang ".

Les preux guerriers de l'Imam (psl) décidèrent de continuer le combat par des duels singuliers comme l'autorisait la tradition arabe de l'époque qui veut que dans le champ de bataille, si une troupe attaque, une troupe du camp adverse peut riposter mais si c'est un seul soldat qui s'avance un seul homme doit riposter. C'est ainsi que un à un les compagnons de l'Imam (psl) tombèrent vaillamment sous les coups de l'ennemi qui les ont submergé par le nombre. Mouslim ibn Awsaja pour qui l'Imam récita le verset 23 de la sourate 33 " Il y a parmi les croyants des hommes qui ont été fidèles au pacte qu'ils ont conclu avec Allah. Certains d'entre eux ont atteint leurs fins et d'autres attendent encore sans rien varier dans leur engagement ".

Quand Al Hour entra dans le champ de bataille, il héla les soldats qui étaient sous son commandement pour leur expliquer les raisons de son retournement en leur demandant de réfléchir aux conséquences de leurs actes. Citant le Coran, il leur rappela qu'Allah a fait descendre sa colère sur un peuple pour avoir tué le chameau d'un prophète, qu'en sera-t-il donc pour ceux qui tueront le petit fils chéri du Prophète Mouhammad (pslf)? Les paroles semèrent la confusion chez eux. Réalisant l'effet que cela pouvait produire, Al Chimr et Omar ibn Saad ordonnèrent à leurs soldats de l'attaquer de toutes parts foulant ainsi aux pieds les règles de la guerre en vigueur. Al Hour chargea l'ennemi et se défendit avec une dextérité qui défiait l'entendement en perçant les rangs sur une distance de 6 km mais il finit par être abattu par un coup de sabre qui lui fendit la tête.

Les soldats ennemis retournèrent à leur camp. Ayant compris ce qui s'était passé, l'Imam Al Hussein (psl) se dirigea vers l'endroit où il était tombé et lui noua la tête avec son mouchoir tricoté par sa mère Fatima zahra (pse) en lui disant " Tu mérites bien le nom que ta mère t'a donné car tu es réellement un homme libre dans ce monde et tu t'es libéré du feu de l'enfer pour l'autre monde " (Al Hour signifie en Arabe l'homme libre). A l'heure de la prière de Zouhr, l'Imam Al Hussein (psl) se mit à prier avec ses hommes. Zouheir Ibn Qaîn et Saïd Ibn Abd'Allah al Hanafi leur servirent de remparts avec leur corps qui interceptèrent toutes les flèches destinées à l'Imam. A la fin de la prière, Saïd en avait tellement reçu qu'il s'était vidé de son sang. Avant de succomber, il dit " J'ai souffert de mes blessures.

Je ne cherche que ta bénédiction et la faveur d'entrer au paradis en apportant mon soutien aux enfants du Prophète (pslf) " puis il demanda à l'Imam (psl) :

" Ai-je accompli mon devoir envers toi, ô ! Fils du Prophète (pslf) ? " " Oui, et tu arriveras au paradis avant moi " répondit l'Imam (psl).

La prière terminée, les compagnons de l'Imam (psl) reprirent les combats singuliers. Parmi ces martyrs, figurait Al Jawn le serviteur du vénérable Abu Zar al Ghifari qui fit partie des fidèles parmi les fidèles de l'Imam Hussein (psl) dont il ne s'est jamais séparé depuis qu'il été adopté par la famille du Prophète (pslf). Cet Africain noir dont la piété et la fidélité envers les Ahlul Bayt (pse) était sans commune mesure, se lança au devant de l'ennemi le torse nu et l'épée à la main en s'écriant : " Les impies vont ressentir les coups d'épée du noir qui défend les enfants du Prophète (pslf). Je les défends avec ma langue et avec mon bras pour être élu au paradis le jour du jugement ". Son héroïsme débordant lui permit d'abattre des dizaines de soldats Omeyyades au combat singulier.

Les ravages qu'il opéra dans leur rang les emmena à l'attaquer en masse et les coups d'épée qu'il reçut avec bravoure de tous les cotés déchiquetèrent son corps. Malheureusement, beaucoup de narrateurs de l'histoire de Karballa présente le geste de ce héros avec des relents racistes en lui attribuant ainsi qu'à l'Imam Hussein (psl) des paroles que seul le racisme peut justifier.

Al Jawn est une parfaite illustration du rôle que les noirs Africains ont de tout le temps joué pour défendre l'Islam à l'instar de Bilal Ibn Rabah, Zaid Ibn Arqan, Miqdad et que certains écrivains arabes ont tenté d'occulter ou de minimiser.

Lorsque tous les preux compagnons de l'Imam tombèrent en martyrs sur le champ d'honneur respectant leur ainsi engagement solennel, ce fut au tour des proches parents de l'Imam (psl) d'aller au combat. Le premier fut son fils aîné âgé de 27 ans, Ali AKbar qui était une copie conforme du Messager d'Allah (psl) de telle sorte que ceux qui avaient la nostalgie de ce dernier venaient le voir.

Puis tour à tour ses neveux Abdallah le fils de Mouslim ibn Agil ; Aun et Mouhammad les fils de sa soeur Zeynab et de son cousin Abd'Allah ibn Jafar ; Abd'Allah Al Hassan et Khasim les fils de l'Imam Al Hassan (psl) ; ses frères Abd'Allah, Jafar, Ousmane, Abou Bakr tous fils de L'Imam Ali (psl).

Il ne restait plus que l'Imam Al Hussein (psl) et son frère Abou Fadl Al Abass alors âgé de 34 ans, le porte étendard. Les cris de souffrance des enfants terrassés par trois jours de soif étaient insupportables. Abass décida d'aller chercher de l'eau pour Sakina sa nièce bien aimée âgée de 6 ans qui réclamait désespérément de l'eau. Il saisit sa gourde et se frayant un chemin dans les rangs ennemis dans une charge qui rappelait celles de son père Ali Ibn Abou Talib (psl), il atteint les rives d'un des émissaires de l'Euphrate, le ruisseau Al Qoma, remplit sa gourde et voulut boire. Au moment de porter la gourde à ses lèvres, il se rappela de la soif des enfants, des femmes et de son frère et résolut de ne boire tant que ces derniers n'auront pas étanché leur soif. Il remonta sur son cheval et se dirigea vers le camp mais les soldats de Yazid lui avaient tendu un embuscade, il l'encerclèrent de toutes parts, la gourde dans sa main gauche et le sabre dans la main droite, il chargea et fit des ravages dans leurs rangs mais passant derrière lui, un soldat lui trancha la main droite. Il continua vaillamment le combat avec la main gauche, la gourde serrée entre les dents mais celle ci fut à son tour tranchée. Une pluie de flèches s'abattit sur lui et le firent tomber de cheval. Ils en profitèrent pour l'achever.

Apres la mort d'Abass, l'Imam Al Hussein (psl) fit ses adieux à ses soeurs Zeynab et Oumou Kalsoum, à ses femmes Oumou Rubab et Oumou Layla, à Oumou Farwa la femme de l'Imam Al Hassan (psl), à ses filles Fatima Sughra, Rokhaya et Sakina, à son fils terrassé par la maladie Ali Zeynab Abidine auquel il donna ses dernieres recommandations. Son épouse Oumou Roubab lui remit son dernier né Ali Asghar dit Abdallah un nourrisson de 6 mois pris de convulsions à cause de la non alimentation car sa mère privée d'eau depuis trois jours n'avait plus de lait à lui donner.

L'Imam prit le bébé entre ses bras, se dirigea vers les soldats d'Oumar Ibn Saad le souleva à la hauteur de son visage et s'adressa à eux en ces termes.

" Je vous demande de l'eau pour faire boire ce bébé de six mois dont la mère terrassée par la soif n'a plus de lait à lui offrir, si nous les adultes nous sommes fautifs, quelle est la faute commise par cet enfant inoffensif ? "

Ces paroles semèrent la confusion dans les rangs ennemis. Certains soldats exprimèrent un avis favorable à sa demande tandis que d'autres trouvaient qu'il était hors de question de donner une seule goutte d'eau aux enfants du Prophète (pslf) même aux bébés mourants de soif tant que l'Imam Al Hussein (psl) ne reconnaît pas Yazid comme Calife. Oumar Ibn Saad craignant que la discorde n'effrite la cohésion de sa bande d'assassins traîtres interpella Hurmulla son meilleur archer et lui demanda de régler la situation. Ce tireur d'élite visa froidement le nourrisson puis décrocha sa flèche meurtrière qui lui sectionna le cou et fit jaillir son sang vers le ciel le tuant net entre les mains de l'Imam Al Hussein (psl). Ce dernier levant les mains au ciel et dit " Mon Dieu, ce qui me console c'est que tu es témoin de tout ce qui m'arrive ! "

Puis l'Imam (psl) descendit sur le champ de bataille monté sur son cheval Zil Janaha coiffé du turban du Prophète (pslf), le sabre à la main et déclamant les vers suivants : " La mort est préférable à l'opprobre mais l'opprobre est préférable à l'entrée en enfer,…….", résolument déterminé à affronter son destin. Un témoin oculaire de la scène fit le témoignage suivant : " je n'ai jamais vu un homme dont les compagnons, les enfants et les proches parents venaient d'être tués faire preuve d'autant de sérénité et de résolution".

Dans son chargé héroïque, il mit hors de combat tous ceux qui s'aventuraient à le challenger dans un combat singulier. Voyant ses hommes tomber comme des mouches, Oumar ibn Saad les héla en ces termes : " Attaquez le tous ensemble et de toutes parts….".

Obéissant à leur chef, ils lancèrent une volée de projectiles de toutes sortes (flèches, lances, pierres) qui le firent tomber de cheval, criblé de flèches sur tout le corps. Une flèche à trois pointes l'atteignit à la poitrine et il tomba à la renverse. Le contournant par derrière, Al Chimr lui assena un coup de sabre sur la nuque et sa tête bénie séparée du corps roula sur le sable brûlant de Karballa sous les cris de liesse des soldats de Yazid visiblement satisfaits de leur forfait qui jetait sur eux l'opprobre pour l'éternité.

Voyant Zul Janaha le fidèle cheval de l'Imam (psl) revenir seul, Zeynab (pse) comprit ce qui s'est passé et accourut vers le lieu du crime et fut mise au devant du spectacle insoutenable du corps décapité de son frère baignant dans son propre sang. Elle rassembla ses dernières énergies et souleva le corps décapité de l'Imam Hussein (psl), elle s'écria " Seigneur ! Accepte de nous ce sacrifice ! "

Al Chimr et ses hommes, après s'être livré à un spectacle macabre, en piétinant sous les sabots de leurs chevaux les corps mutilés des martyrs, ils lancèrent l'assaut sur le camp de l'Imam Al Hussein (psl) en mettant le feu aux tentes où il ne restait que les femmes, les enfants et l'Imam Ali Zeynoul Abidine (psl) terrassé pas la maladie. Ils se livrèrent à une véritable razzia arrachant aux femmes et aux enfants tout ce qu'ils avaient sur eux. Al Chimr arracha violemment les boucles d'oreilles de Sakina la faisant saigner abondamment. Un des enfant médusé s'adressa à Zeynab en ces termes : " Ma tante, ces brutes ne lisent ils pas le Coran ? Allah n'y a-t-il pas dit : - quant à l'orphelin, ne le maltraite pas. "

Tous les survivants du massacre furent faits prisonniers enchaînés et traînés à pied dans le désert jusqu'au palais d' Oubeydallah ibn Ziad à Koufa et de là à celui de Yazid à Damas dans un cortège à la tête duquel marchait les soldats avec entre leurs mains des lances sur lesquelles étaient fixées les têtes de l'Imam Hussein (psl) et de plusieurs de ses compagnons en guise de trophées.

Quand la procession macabre atteignit Damas, Yazid qui se tenait sur la véranda de son palais ne put contenir sa joie et exploser sa satisfaction en déclamant un poème dont le contenu peut être résumé ainsi :

" Lorsque j'ai vu les têtes des morts du côté de la montagne de Jayroun, un corbeau croassait. Je lui dis que tu croasses ou non cela ne change rien car j'ai rendu au Prophète ce que je lui devais", Il insinuait par là qu'il a vengé ses grands parents, ses oncles paternels et maternels qui sont morts en combattant l'Islam, particulièrement Outba le père de sa grand-mère paternelle Hind, son frère Al Walid, le frère de Outba Chaïba et tous les Omeyyades qui se sont distingués dans leur hostilité à l'Islam, au Prophète et à sa famille (pse).

Le même jour, quand les têtes des martyrs lui furent présentées dans son palais, il mit celle de l'Imam Hussein (psl) sur un plateau d'argent et se mit à la frapper avec sa canne en récitant ce poème : " Ah si les chefs de ma famille qui sont morts à Badr avaient pu voir la consternation dans les yeux des compagnons du Prophète (pslf) quand je les combattais , ils m'auraient rémunéré et m'auraient dit : - Yazid, pourvu qu'il n'arrive jamais rien à ta main, car elle a tué Hussein (psl). Je n'aurais jamais été digne si je ne les avais vengés. Les Bani Hachim pensaient que prendre le pouvoir est un jeu. Il n'y a rien qui rappelle la prophétie. Rien n'est venu du ciel, ni d'Allah, tout cela n'est qu'une ruse politique. "

Ces propos illustrent parfaitement les sentiments de Yazid et sa vision de l'Islam et démontrent de manière on ne peut plus claire qu'en massacrant l'Imam Al Hussein (psl), les membres de la famille du Prophète (pslf) et ses pieux compagnons, il était convaincu d'avoir anéanti l'Islam et d'avoir enfin réussi ce que son grand père Abou Sofiane, son père Mouawiya et tous les Omeyyades ont toujours cherché obstinément à réaliser. C'est la raison pour laquelle il décréta Achoura jour de fête célébrant la victoire de la famille Omeyyade sur la famille du Prophète (pslf) et s'attela lui et ses successeurs à tout mettre en oeuvre pour justifier aux yeux de la Umma la nécessité de commémorer cet événement dans la joie et l'allégresse et même lui donner une portée cultuelle.

Pour ce faire, ils mirent à contribution tous les savants courtisans et corrompus pour fabriquer des hadiths attribués au Prophète (pslf) pour accorder un caractère saint à cette " fête ". Ces derniers vont pousser leur cynisme à l'extrême jusqu'à inventer des " pratiques pieuses " à accomplir ce jour.

Chérif Alioune Aïdara(Imam ratib de Ziguinchor)

 

CONTRIBUTION DE CHERIF ALioune AIDARA, Imam Ratib de Ziguinchor (traduit de l'arabe)


Louanges à Allah. Louanges à Allah, est une expression qui apparaît dans toutes de l'humanité, prend sa source dans les appels de la spiritualité et qui fait regarder les coeurs craintifs dans la direction dans laquelle se trouvent des images faisant figure d'une pensée littéraire pour la source de la littérature interpellative. Que la paix et le salut soient sur l'âme de l'humanité et sa splendeur, l'arbre de sa rhétorique et de sa culture, le carrefour de sa puissance et de sa grandeur Mohammad Ibn Abdallah, seigneur des envoyés d'Allah et sceau des prophètes.

Chers descendants du Prophète, chers imams, chers savants O protecteurs de l'Islam et gardiens du dogme, chers invités, mesdames et messieurs participants au colloque.

Que le salut et la miséricorde divine soient sur vous !

C'est un grand honneur pour moi d'être présent avec vous en ce jour pour répondre au noble appel de mon cher frère, Mohammad Ali qui a initié cette rencontre pour participer aux travaux de ce colloque International sur Achoura.

Je lui présente des sincères remerciements. Chers savants, chers Imams, si les états et les peuples fêtent ses grands, il est du domaine des priorités pour les musulmans et les descendants du prophète de célébrer leur défunt grand père Al Hussein (qu'Allah soit satisfait de lui). Chers musulmans, cette rencontre autour de ces questions devait être suscitée depuis longtemps mais Allah (gloire à lui) a décrété que cette rencontre se tienne sur l'initiative de mon cher frère Mohammad Ali. Pourquoi ? Parce qu'il est protecteur des valeurs, parce qu'il aime son grand père (Hussein), aime Mohammad (psl) et croie en lui.

Chers musulmans, cette rencontre est une grande occasion pour montrer clairement à la face du monde la valeur du jour d'Achoura et la véritable signification de ce jour afin qu'apparaisse le sens réel de sa célébration dans l'héritage culturelle de la Umma. Nous demandons à Allah d'accorder aux savants et imams la facilité d'arriver à cette objectif. Achoura ? Si nous observons le monde et les pays nous voyons des gens qui en font une fête, et d'autres qui en font un jour de tristesse et de malheur. Cependant, Inch'Allah si nous analysons et regardons ce qui y est arrivé à Al Hussein, nous arriverons à la conclusion selon laquelle ce jour ne doit être considéré que comme un jour de tristesse.

Le colloque doit montrer au monde entier comment nous sommes attachés au Prophète Mohammad (pslf), à sa lignée et à notre grand-père Al Hussein. L'histoire se répète il n'y a pas longtemps, nous trouvions des gens qui désignent de leur doigt Mohammad et dans l'histoire, son fils Hussein a été désigné du doigt mais ceux qui veulent ternir l'image du ciel ne feront que se ternir eux-mêmes et le ciel restera toujours le ciel dans sa sublimité, sa beauté, sa splendeur. Qui est ce ciel ? Ce ciel désigné ici est Mohammad (pslf).

Ce ciel ci est Al Hussein fils de Ali (Qu'Allah soit satisfait de lui). Nous pouvons aussi comparer ces détracteurs à ce moustique qui atterrit sur un dattier et qui, en le quittant dit à ce dernier :

- " Prends garde de ne pas tomber car je vais partir ". Le dattier lui répondit :

- " Comment pourrais-je sentir ton départ alors que je n'avais même pas senti ta présence sur moi ? "

Chers participants au colloque, chers savants, essayons avec toutes nos forces de montrer au monde entier ce qui est arrivé à Al Hussein et ce que nous devons faire pour le commémorer. C'est en ce moment seulement que nous aurions fait notre devoir.

Ce devoir sacré que les descendants du prophète doivent au monde, de même que les savants et les musulmans. Nous demandons à Allah (gloire à Lui) de raffermir nos efforts et de nous accorder la réussite et cela ne lui coûte rien.

Que la paix et le salut soient sur vous !!

Chérif Mohammed Saïd Aïdara(Chef Religieux A Darou Hidjiratou)

Contribution de Chérif Mohammed Saïd Aïdara (traduit de l'Arabe)

" Belle patience " :

Au nom d'Allah le Clément, le Miséricordieux

Louange à Allah,

A lui les plus beaux noms,

Pour qui se prosternent les grands et les petits,

Le très exalté,

Que le salut et la paix soient sur le Messager,

Celui qui a été élevé dans les hautes sphères de la spiritualité,

Et qui a été désigné pour guider vers le droit chemin,

Ainsi que sur sa sainte famille purifiée.

Je commence par remercier tous ceux et toutes celles qui sont présents ici, les honorables ulémas, les imams.

Je remercie particulièrement mon grand frère Chérif Ali Aïdara Imam ratib de ziguinchor.

Mes remerciements et mes encouragements à mon jeune frère Chérif Mohammad Aly Aïdara, l'initiateur de cette rencontre qui n'a ménagé aucun effort pour sa réussite.

Je remercie enfin, le gouvernement du Sénégal, pour avoir facilité la tenue de ce colloque.

Un besoin pressent a conduit les chercheurs, les hommes de culture et les philosophes à étudier et de façon répétitive le contexte et l'environnement de l'événement de Karbala, ses conséquences et ses effets sur la conscience des musulmans. Cet évènement a créé une atmosphère délétère caractérisée par des querelles, des disputes et des divergences au sein de la communauté musulmane .Ceci tout le monde le sait.

La question qui se pose maintenant est la suivante : " Achoura est il un jour de fête pour les musulmans ou un jour de deuil et de tristesse ? "

Moi je dis, en espérant bénéficier de l'appui de Dieu et de sa guidance, que le monde musulman se trouve dans une confusion totale qui apparaît aux yeux de tout observateur. Qui peut déterminer de manière nette et précise les différentes catégories de personnes et leurs positions sur le sujet… ?

Ils sont rares ceux qui peuvent apporter la réponse à cette question. C'est pourquoi je ne vais pas m'appesantir sur la recherche d'une réponse qui donnerait satisfaction à tout le monde, car les gens sont de plusieurs catégories :

ô ceux qui ne savent pas ce qui s'est passé ce jour de Karbala comme l'horrible massacre perpétré sur la famille du Prophète (Psl) et qui le considèrent jour de fête comme les autres jours. Ceux là je ne les blâme pas mais je leur conseille d'étudier pour comprendre ô ceux qui savent ce qui s'est passé réellement mais qui refuse la vérité et fêtent le jour de Achoura. Ils mangent, boivent, se félicitent mutuellement au lieu d'en faire un jour de tristesse, de repentir et de recueillement. Ceux là sont blâmables.

Ô Ceux qui savent et qui acceptent la vérité, ils en font un jour de deuil et de tristesse se conformant ainsi à la ligne du Prophète Mohammed (Psl).

O Il y a une dernière catégorie, les paresseux qui minimisent la gravité de l'événement de Karbala, ils ne sont ni de la droite ni de la gauche, ils ne sont ni avec vous, ni avec moi. Ces derniers se laissent diriger par leurs instincts de facilités et ne comprennent rien.

J'invite l'ensemble des musulmans à l'éveil des consciences et à porter leur attention sur ce qui s'est passé à Karbala, par solidarité avec leur noble Prophète (Psl). Ils doivent savoir qu'ils constituent une communauté unique sous la tutelle d'un seul Prophète, d'une seule religion.

Ce massacre de Karbala était sans doute un massacre contre le Prophète (Psl), donc un événement contre nous, car tout ce qui attriste le Prophète (Psl) nous attriste ; Ce qui lui fait mal doit nous le faire et nous devons être content lorsqu'il est content (Psl). Nous sommes à jamais à côté de lui, que Dieu nous garde de tout ce qui nous éloigne de lui et de sa ligne….. Alors, allons vers lui. Ma langue s'est libérée quand mon frère, le grand héros et l'aimable Chérif Mohammed Aly m'a invité à être présent à ce colloque sur Achoura.

(Après avoir terminé son discours le conférencier à réciter un très beau poème sur l'Amour de la famille du Prophète et de Hussein qu'il a lui-même composé. Ce poème vue sa beauté est difficilement traduisible en français et pour ne pas trahir sa qualité nous l'avons publié uniquement dans la version arabe)

Chérif Mohammed Saïd Aïdara

Abdoul Aziz Kébé (Chercheur, professeur à l'UCAD)



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